Un an après la création de l’Alliance des États du Sahel, la multiplication des attaques meurtrières dans les trois pays qui la composent révèle l’enracinement des groupes jihadistes dans les territoires et, surtout, l’incapacité des militaires au pouvoir à les contrer.
Le delta du Niger continue de subir de nombreuses attaques d’oléoducs et d’enregistrer des niveaux impressionnants de vol de brut. Deux fléaux qui rebutent évidemment les investisseurs.
La vente à des compagnies locales de gisements onshore ne semble pas devoir résoudre les problèmes de fond qui affectent les zones pétrolifères du delta du Niger, dont la pollution.
Dans un pays qui, avec l’Inde, compte le plus grand nombre de pauvres au monde, mais rassemble également des fortunes insolentes, la tentation d’un changement de régime par la force n’est pas à exclure.
Alors qu’un allègement sous condition des sanctions contre Niamey a été envisagé lors du dernier sommet de la Cedeao à Abuja, le 10 décembre, aucune décision n’a été prise quant au sort de Mohamed Bazoum. Mais les difficultés qui s’amoncellent pour la junte militaire pourraient jouer en faveur du président déchu.
Malgré la fin du dispositif Barkhane en novembre 2022, l’enjeu d’un droit d’inventaire demeure essentiel, selon Marc-Antoine Pérouse de Montclos. Il importe, en effet, de tirer les leçons des échecs passés à l’heure où le Niger et le Gabon tombent à leur tour sous le joug de juntes militaires.
Le putsch qui a renversé le président Bazoum signe l’échec des coopérations militaires occidentales au Sahel et met en lumière les difficultés auxquelles se heurtent les présidents africains désireux de réformer leur appareil sécuritaire.
Du Mali au Soudan en passant par le Burkina Faso ou la Guinée, le retour des militaires au pouvoir semble désormais acquis au Sahel. Pas sûr que cette tendance soit à saluer…
Dix ans après sa création, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali est à la croisée des chemins. Ses relations avec la junte au pouvoir sont au plus bas et ses possibilités d’accès au terrain sont désormais très limitées.
Les Nigérians devaient choisir, ce 25 février, leur nouveau chef de l’État. De nombreux défis (sécuritaires, économiques et sociaux) attendent le vainqueur, alors même qu’aucun des candidats n’a formulé de propositions concrètes pour les relever.
Les armées nationales sont déjà régulièrement critiquées pour les exactions qu’elles commettent dans le cadre de la lutte antiterroriste. L’arrivée des militaires à la tête du Burkina Faso, du Mali ou du Tchad pourrait aggraver la situation.
Deux ans après la répression sanglante de manifestations contre la brutalité policière, le pays ne semble pas vouloir réformer en profondeur ses forces de l’ordre. La liste des maux est pourtant longue.
Alors que s’ouvre la campagne pour les élections générales du 25 février 2023, seule la présidentielle semble préoccuper observateurs et médias, au détriment des élections locales, qui sont un désastre démocratique.
Maintenant que l’armée française s’est complètement retirée du pays, il va être difficile d’imputer à l’ancien colonisateur les revers des soldats de Bamako et l’avancée des groupes jihadistes.
Après l’élection sous haute tension du gouverneur de l’Anambra – région où les séparatistes pro-biafra sont actifs –, certains spéculent de nouveau sur une prochaine implosion du Nigeria. Mais l’élite au pouvoir trouve toujours des arrangements de dernière minute pour éviter le pire.
La France annonce le retrait de ses troupes au Mali alors que la menace terroriste qu’elle était venue endiguer s’est s’étendue. Elle doit maintenant passer le relais aux Européens et à l’ONU sans donner l’impression d’abandonner ses alliés au Sahel.
Alors que Boko Haram monopolise l’attention des politiques et des spécialistes, au sud du Nigeria, des insurgés justifient leur rébellion en se réclamant de Jésus, dans une quasi indifférence.
Huit ans après son arrivée au Sahel, avec les opérations Serval puis Barkhane, la France risque l’enlisement dans sa lutte contre les groupes terroristes.
Le Nigeria est sur le point de voter la Petroleum Industry Bill, une grande réforme du secteur des hydrocarbures. Mais celle-ci ne paraît en mesure ni de relancer sa compétitivité ni de réduire les tensions dans le delta du Niger.
La médiatisation des violences policières dans les grandes villes côtières du Sud ne doit pas invisibiliser la brutalité militaire commise dans les campagnes du nord sahélien au nom de la lutte contre le terrorisme.
Adopter une lecture uniquement ethnique des violences qui ébranlent le centre du Mali est une erreur. La complexité des sociétés de la région oblige à déconstruire ces idées reçues, d’autant que les chefs jihadistes cherchent eux-mêmes à transcender les clivages communautaires, prévient Marc-Antoine Pérouse de Montclos.
De nombreux observateurs évoquent une « malédiction des ressources » pour expliquer la persistance des conflits armés en Afrique. À les en croire, la simple présence de matières premières suffirait à provoquer des tensions susceptibles de déboucher sur des affrontements. Un pareil déterminisme ne résiste cependant pas à l’analyse.
Les Africains sont-ils condamnés à être corrompus ? La corruption est-elle une habitude si bien ancrée qu’on ne pourra jamais l’extirper d’un continent irrémédiablement associé au mal-développement ?
Absente de la présidentielle du 16 février prochain, l’ancienne ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, ne cesse d’incarner l’espoir d’un changement aux yeux de la communauté internationale, malgré certaines critiques.
L’Afrique est un continent de contrebandiers. Un récent rapport d’Interpol le montre à sa manière. Son Atlas mondial des flux illicites consacre tout un chapitre au Sahara et nous apprend que les conflits armés sont financés à 28 % par les trafics de drogue, à 26 % par l’extorsion et le pillage, à 3 % par les kidnappings et à 1 % par le recel d’antiquités.
La construction d’un canal pour renflouer le lac Tchad aurait, selon le chercheur, pour inconvénient d’inonder les quartiers pauvres de N’Djamena, de dévaster l’agriculture locale et de permettre aux jihadistes de se cacher encore plus facilement dans de vastes étendues d’eau.