Les relations Chine-Afrique en 2021 : des perspectives prometteuses
La Chine accorde une grande attention à la coopération avec le continent africain pour des projets industriels et agricoles s’inscrivant dans un avenir durable et pacifique.
© Des mesures de prévention sanitaire dans un centre de coopération agricole Chine-Afrique du Mozambique (Crédit : people.cn)
Depuis des décennies, la Chine accorde la plus grande attention à la coopération avec le continent africain, au travers d’échanges économiques et diplomatiques, de réalisations concrètes industrielles et agricoles, de projets pour un avenir durable et pacifique. Malgré les nouveaux défis liés au Covid-19, la Chine renforcera cet accord lors du prochain Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FCSA) qui se tiendra cette année au Sénégal.
A l’occasion de la récente visite en Afrique du ministre des Affaires étrangères Wang Yi, nous passons en revue ici les différents chapitres de cette riche coopération sino-africaine : les acquis de 2020, le combat coude à coude contre l’épidémie, les actions pour assurer l’autosuffisance alimentaire, les projets d’innovation « verte » pour protéger l’environnement et assurer un développement durable, l’engagement de la Chine pour un multilatéralisme authentique. Autant de secteurs où s’ouvrent des perspectives prometteuses pour l’Afrique.
Alors que le Covid-19 sévit dans le monde entier, la diplomatie chinoise a perpétué une tradition établie depuis 30 ans : réserver sa première visite de l’année à l’Afrique. Du 4 au 9 janvier 2021, le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi a effectué une visite officielle au Nigéria, en République démocratique du Congo, au Botswana, en Tanzanie et aux Seychelles. Depuis 1991, la Chine est le seul de tous les grands pays à démontrer de cette manière l’importance qu’elle accorde à l’Afrique. « C’est la manifestation de l’engagement de la Chine envers les pays africains », a souligné Xu Jinghu, représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires africaines. Ce message a pris cette année une signification particulière compte tenu des nombreuses difficultés liées à l’épidémie de Covid-19,
Jusqu’à la veille de la visite de Wang Yi, la Chine avait déjà envoyé des équipes médicales dans 15 pays africains, signé des accords d’allégement des dettes avec 12 pays, réduit ou exonéré les prêts sans intérêt de 15 autres qui étaient dus à la fin de 2020. Le prochain Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FCSA) se tiendra cette année au Sénégal. Depuis la création du Forum en 2000, l’Afrique et la Chine ont successivement formulé et mis en œuvre les « Dix Programmes Majeurs de Coopération[1] » et les « Huit Initiatives Majeures[2] ». Depuis, le volume des échanges commerciaux a été multiplié par 20, et l’investissement direct de la Chine en Afrique multiplié par 100.
La visite de Wang Yi marque une nouvelle étape dans les relations sino-africaines : de nouvelles perspectives de coopération s’ouvrent dans la nouvelle zone de libre-échange continentale africaine, l’économie numérique, la réduction de la pauvreté et l’action contre le changement climatique. Résumons ici les tendances clés des relations sino-africaines en 2021.
Résultats de la coopération économique en 2020
Selon le ministère chinois du Commerce, le volume du commerce entre l’Afrique et la Chine a atteint 167,8 milliards de dollars de janvier à novembre 2020, la baisse enregistrée au premier semestre s’étant rétractée de 8,5 % les 5 mois suivants. Pendant la même période, les importations de produits agricoles en provenance d’Afrique ont augmenté de 4,4%, soit une croissance positive pendant quatre années consécutives. L’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Angola, l’Égypte et le Congo (RDC) sont les cinq partenaires principaux de la Chine. Les produits minéraux, les machines et équipements, les métaux communs (et les produits dérivés) se classaient aux trois premiers rangs du volume des échanges commerciaux entre l’Afrique et la Chine. Les échanges des principaux produits en vrac sont restés globalement stables.
Il est à noter que les échanges économiques entre l’Afrique et la Chine se sont heurtés à de nombreuses difficultés en raison de l’impact de l’épidémie de Covid-19. Face à ces défis, la Chine a toujours travaillé main dans la main avec les pays africains pour maintenir une relation Chine Afrique sans relâche. De janvier à novembre 2020, l’investissement direct de la Chine dans l’ensemble de l’industrie africaine s’est élevé à 2,8 milliards de dollars, soit une augmentation de 0,04% par rapport à 2019 ; la valeur des nouveaux projets sous contrat signés par des entreprises chinoises en Afrique s’est élevée à 55,1 milliards de dollars, soit une augmentation de 13,3 %.
© Des mesures de prévention sanitaire dans un centre de coopération agricole Chine-Afrique du Mozambique (Crédit : people.cn)
La mise en œuvre des « Huit Initiatives Majeures » est restée la priorité du gouvernement chinois au cours des deux dernières années, a indiqué le porte-parole du ministère chinois du Commerce. À l’heure actuelle, le taux global de réalisation de ces « Huit Initiatives » a dépassé 85 %, tandis que 70 % des 60 milliards de dollars du fonds de soutien chinois ont été mis à disposition. La Chine est restée le plus grand partenaire commercial de l’Afrique pendant 11 ans consécutifs : au cours des trois dernières années, les importations chinoises de produits agricoles africains ont augmenté en moyenne de 14 % par an, la Chine devenant ainsi le deuxième importateur dans cette catégorie; les autoroutes et les voies de chemins de fer en Afrique, construits avec l’aide de la Chine, ont dépassé 6 000 kilomètres ; près de 20 ports, plus de 80 grandes installations électriques, 130 établissements médicaux, 45 établissements sportifs et plus de 170 écoles ont été construits; enfin, les entreprises chinoises ont créé plus de 4.5 millions d’emplois sur le continent africain.
Malgré l’épidémie, la coopération sino-africaine a maintenu son élan. En Guinée, les unités n°.1 et 2 du projet de barrage hydro-électrique de Souapiti ont été connectées au réseau à la fin de 2020 pour réduire le goulot d’étranglement de la consommation d’électricité dans la région. Au Kenya, la moitié du projet des quais au port de Lamu a été terminée, ce qui facilitera l’ouverture maritime des pays d’Afrique de l’Est. Au Zimbabwe, la finalisation de la structure principale du plus grand projet de construction au sud de l’Afrique – le nouveau bâtiment du Parlement – a été réalisée avec l’assistance de la Chine. En 2020, 1 100 projets de coopération en Afrique dans le cadre de l’initiative « Belt and Road » ont continué à fonctionner, notamment dans les secteurs des chemins de fer, des autoroutes et des centrales électriques. Près de 100 000 techniciens et ingénieurs chinois sont restés fidèles à leur poste et ont apporté une contribution importante au développement local.
La Chine et l’Afrique côte à côte pour lutter contre l’épidémie
Début 2021, la situation épidémique mondiale reste tendue et les vaccins sont devenus essentiels pour prévenir et contrôler l’épidémie. Étant le premier pays à s’engager à fabriquer des vaccins reconnus comme produit public mondial, la Chine a activement préconisé la coopération internationale afin d’aider les pays en développement à en disposer. En visite au Nigéria, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a clairement indiqué que la Chine s’est donné la responsabilité d’assurer la disponibilité et l’accessibilité des vaccins en Afrique. Li Xinfeng, vice-président de l’Institut Chine-Afrique, a indiqué : « La coopération médicale en matière de vaccins sera au centre des préoccupations du gouvernement chinois dans l’avenir proche ; en même temps, de nouveaux progrès dans les recherches de la médecine africaine seront accomplis pour la prévention et le traitement des maladies infectieuses. »
Le 8 octobre 2020, la Chine a adhéré à la COVAX, initiative mondiale visant à assurer l’accès rapide et équitable de tous les pays aux vaccins contre la Covid-19. Le 10 décembre 2020, la Chine a commencé à fournir des vaccins à l’Égypte qui est devenue ainsi le premier pays d’Afrique à en recevoir. Le 10 janvier 2021, le président seychellois Ram Karawang est devenu le premier chef d’État en Afrique à être immunisé par le vaccin chinois. Le pays prévoit de vacciner 70 % de la population d’ici trois mois. De nombreux pays africains comme le Maroc et le Nigéria ont commandé des vaccins chinois ou négocié des coopérations médicales avec la Chine. Le 20 janvier, la cérémonie d’expédition de la 21ème équipe médicale chinoise en Ouganda a eu lieu à Kunming, dans la province du Yunnan (sud de la Chine). Elle comprend neuf experts médicaux qui remplacent ceux de la 20ème équipe, qui était sur place depuis un an et trois mois. La Chine accordera également les vaccins en priorité à l’Afrique sous forme de dons et d’assistance non rémunérée.
Il est à noter que la Chine a localisé une partie de production de vaccins en Afrique grâce au transfert de technologie, ce qui non seulement garantit l’approvisionnement continu, mais aussi accélère la distribution des vaccins sur le continent en améliorant notamment leur accessibilité grâce à des prix abordables.
Agriculture : la coopération au service de l’autosuffisance alimentaire
Lors de la visite du ministre chinois des Affaires étrangères en Afrique, Xu Jinghu, représentant spécial pour les affaires africaines du gouvernement chinois, a indiqué : « Les expériences de la Chine en matière de réduction de la pauvreté pourraient largement inspirer le peuple africain. La Chine et l’Afrique vont donc renforcer leur coopération dans la lutte contre la pauvreté, pour la reprise économique et la sécurité alimentaire. » Li Xinfeng, vice-président de l’Institut Chine-Afrique, a aussi estimé que « la coopération sino-africaine s’orientera davantage vers les moyens de subsistance des populations pour consolider l’amitié entre les peuples africain et chinois ».
La coopération agricole reste essentielle pour l’autosuffisance alimentaire de l’Afrique. La Chine a accumulé de riches expériences dans ce domaine, en particulier la production du riz hybride, la modernisation agricole et les techniques d’irrigation. Depuis 2019, l’Afrique australe subit de graves échecs en matière de récolte agricole. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unis et la Chine ont signé un accord pour fournir une aide d’urgence au Zimbabwe, au Mozambique et à la Namibie. La Chine créera également un troisième fonds d’affectation spéciale à hauteur de 50 millions de dollars dans le cadre de la coopération Sud-Sud des Nations Unies, pour favoriser l’accès à l’alimentation et l’agriculture dans les pays en développement, notamment les pays africains. Jusqu’à présent, la Chine a construit 24 centres de démonstration de technologies agricoles en Afrique, au bénéfice de plus de 500 000 habitants des zones rurales. Au Mozambique, le Centre chinois de démonstration agricole a formé plus de 3 000 agriculteurs locaux en les aidant à élever plus de 80 variétés de diverses cultures, telles que le riz, le maïs, le coton, le soja et les graines de sésame. Le projet du Centre de démonstration agricole du Burundi est également bien avancé.
© Au Mozambique, en avril 2020, l’équipe sino-africaine travaille ensemble pour récolter (Crédit : people.cn)
Environnement, énergies renouvelables, innovation « verte »
Lors de la 8ème session extraordinaire de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement qui s’est tenue en novembre 2020, 54 pays africains sont convenus à l’unanimité de mettre en œuvre un plan de relance « vert » en s’engageant à promouvoir un développement économique plus sobre en carbone, plus résilient, durable et inclusif. En outre, l’« Agenda 2063 » de l’Union africaine considère également comme l’un de ses objectifs majeurs l’amélioration de la capacité des pays africains à réagir au changement climatique et à engager un développement durable.
Il existe un potentiel énorme pour la coopération sino-africaine dans le secteur de l’industrie verte. Les pays africains sont confrontés à des difficultés comme la faiblesse des infrastructures et des investissements insuffisants. De nombreux pays, dont la Chine, fournissent activement une assistance aux pays africains pour développer des industries vertes. Lors du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération Sino-Africaine en 2018, le développement écologique a été intégré dans les « Huit Initiatives Majeures », avec un grand nombre de projets en matière de protection de l’environnement et d’énergies propres mis en œuvre.
Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie en 2019, la Chine a entrepris des projets de production d’électricité dans 24 pays d’Afrique subsaharienne. La construction de 49 projets a commencé en 2014 et ils devraient être achevés d’ici 2024. La plupart concernent des énergies renouvelables, représentant 20 % de la capacité totale de production d’électricité installée dans la région. Le Centre de coopération environnementale Chine-Afrique a été lancé fin novembre 2020, en déclenchant des projets phares tels que le « Programme des « envoyés verts » Chine-Afrique »[3] et le « Projet d’innovation verte Chine-Afrique ». Avec l’initiative de « Belt and Road », la Chine restera un partenaire solide pour le développement vert de l’Afrique.
© Au Mozambique, en avril 2020, l’équipe sino-africaine travaille ensemble pour récolter (Crédit : people.cn)
La Chine défend un multilatéralisme authentique
Des opinions négatives sur la coopération sino-africaine sont souvent apparues dans les médias occidentaux, telles que « les relations sino-africaines se dégradent » ou « les attitudes africaines envers la Chine ont changé ». Lors de la conférence de presse à Abuja le 5 janvier, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré : « La Chine respecte l’Afrique comme une scène pour la coopération internationale et non pas comme une arène de combat pour les grandes puissances. Soutenir le développement de l’Afrique est la responsabilité de la communauté internationale. Toute coopération avec l’Afrique devrait se mener sur la base du respect de la souveraineté africaine, en écoutant la voix de ses peuples. De même, la coopération sino-africaine n’est jamais fermée et exclusive, et la Chine est disposée à accueillir des collaborations trilatérales ou multipartites. »
En 2020, l’unilatéralisme, le protectionnisme et l’hégémonie sont devenus les principaux obstacles à la coopération internationale. La Chine souhaite souligner la solidarité sino-africaine pour défendre un multilatéralisme authentique. Celui-ci est fondé sur la souveraineté de tous les pays, leur égalité quelle que soit leur taille, le respect des droits légitimes au développement selon des voies choisies indépendamment.
Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a eu l’occasion récente de mettre en garde contre un pseudo-multilatéralisme : « Nous nous opposons à la création de la politique des blocs fermés au nom du multilatéralisme ; à l’imposition de règles établies par une poignée de pays à la communauté internationale sous prétexte du multilatéralisme ; et à l’idéologisation du multilatéralisme dans le but de forger des alliances fondées sur certaines valeurs visant des pays spécifiques ».
Ce débat sur le fondement du multilatéralisme mérite réflexion. Dans les relations sino-africaines, il convient de noter qu’un multilatéralisme authentique dépasse de loin la portée des relations bilatérales sino-américaines, et constituera un enjeu majeur pour la paix et le développement mondial.
Une économie africaine résiliente, un avenir prometteur
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a été officiellement mise en place le 1er janvier 2021. C’est un signe très encourageant malgré des obstacles aux niveaux des procédures douanières et des infrastructures nécessaires pour faciliter le libre-échange. Pendant l’épidémie, l’économie de l’Afrique subsaharienne a fait preuve d’une forte résilience, et de nombreux pays de la région ont montré des signes de stabilisation et de reprise. Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les « Perspectives économiques mondiales » prédit que l’économie subsaharienne rebondira de 2,7 % en 2021. Le rapport a estimé que les pays africains exportateurs de produits agricoles seront moins touchés par le Covid-19, tandis que des pays tournés vers l’exportation en général accéléreront leur reprise économique avec le retour progressif de la demande des puissances mondiales. Toujours selon le rapport, de nombreux pays africains ont lancé des plans de sauvetage pour assurer la sécurité alimentaire, augmenter les investissements publics et accélérer l’utilisation de la technologie numérique. Ces politiques de stabilisation ont commencé à porter leurs fruits. La Banque mondiale a ainsi conclu que l’efficacité du vaccin, la capacité de répondre aux changements climatiques et la gestion des risques d’endettement seront les trois facteurs principaux qui détermineront le redressement économique africain.
Bien que l’épidémie ait eu un impact sérieux sur l’économie mondiale, la coopération « Belt and Road » de la Chine n’a pas cessé de progresser. Lors de la visite de Wang Yi en Afrique, la République démocratique du Congo et le Botswana ont signé le mémorandum d’accord, devenant respectivement les 45e et 46e pays partenaires dans le cadre de l’initiative « Belt and Road ». La Chine et le Nigéria sont aussi convenus d’approfondir leur coopération dans ce cadre, pour impulser la construction des infrastructures et des parcs de libre-échange, ainsi que l’accélération de l’industrialisation nigérienne. En Tanzanie, la Chine va également renforcer ses coopérations « Belt and Road ».
En attendant la prochaine conférence ministérielle du Forum sur la Coopération Sino-Africaine en 2021 au Sénégal, le gouvernement chinois conduit ses actions en étant convaincu que le développement durable en Afrique sera le moyen à long terme de construire une communauté de destin commun. À cette fin, cette conférence se concentrera sur trois piliers : la coopération vaccinale, la relance économique et un développement durable et inclusif. Pour la Chine, ces promesses signifient non seulement des perspectives communes, mais aussi des responsabilités qu’elle se doit d’assumer.