Cybersécurité en Afrique : aujourd’hui, plus que jamais  

3 questions à … Mehdi Azdabbaz, CEO Suricate Solutions

Quel a été votre principal moteur dans votre décision de créer Suricate Solutions ?

L’origine des fondateurs est le monde de la monétique. Pour ma part, j’ai passé plus de 14 ans en Côte D’Ivoire dans cet univers. En 2015, nous avons identifié que les besoins en sécurité informatique, ou cybersécurité comme on dit aujourd’hui, sur l’Afrique subsaharienne étaient importants et le nombre d’acteurs locaux limité. C’est ainsi que nous avons créé un partenariat avec un acteur européen de référence Excellium Services et lancé Suricate Solutions sur les marchés Sénégalais et Ivoiriens.

Quels étaient les besoins du marché à l’époque ?

Nous avons identifié que rapidement, comme dans d’autres régions du monde, l’identification et la gestion des incidents deviendraient des éléments clés de la résilience des organisations. C’est pour cela que nous avons lancé dès le début un service de Surveillance et de réaction aux incidents 24/7 (SOC) ainsi que des services de réponse à incident (CSIRT). A ce stade, nous avions déjà eu un focus sur le marché de la microfinance pour essayer d’accompagner ce secteur à l’ouverture de services financiers à la population.

Et aujourd’hui ?

L’ensemble des organisations a pris conscience de l’importance de la cyber pour conduire leur business et leurs activités. Malgré tout, il reste d’importants chantiers à mener pour lesquels Suricate s’investit : créer de la compétence cyber sur le marché, rendre les services accessibles aux organisations, encourager la collaboration et le partage d’information pour rendre nos organisations plus réactives. Nous envisageons des investissements importants pour continuer nos développements sur la région. Suricate Solutions est donc une société très bien placée pour accompagner les entreprises face à ces challenges.

3 questions à… Jérôme Moureau, Responsable International Suricate/ Excellium 

Excellium Services SA est leader de la cybersécurité au Luxembourg. Quelle expertise pouvez-vous apporter en Afrique ?

Sur le Continent,  notre structure s’appelle Suricate Solutions, nous sommes actifs depuis plus de 5 ans en cybersécurité et monétique. Nous accompagnons nos clients à partir du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Les profils de nos clients panafricains sont dans des domaines variés comme la Banque (et la microfinance), le service et l’industrie, avec des services de type Security Operations Center (SOC), réponse aux incidents de sécurité, gouvernance de l’information. Nous venons récemment d’obtenir le support de la BAD (Banque africaine de développement) pour notre projet ACRC, pour l’établissement d’un centre africain en ressources cyber (voir encadré). L’objectif est de travailler à développer localement des compétences et des capacités sur le Continent Afrique avec un focus sur la partie subsaharienne dans un premier temps : formations, recherche dans les domaines de la sécurité, développement de technologies cyber propre au marché, de préférence avec une dimension open source, favoriser l’accession aux métiers de la cyber aux femmes, partage d’informations sur la malveillance. Avec ce support et notre plan d’investissement, on parle de plus 2.5M$ d’investissements. C’est une réelle opportunité de créer une vraie dynamique cyber sur le Continent pour favoriser l’émergence d’acteurs locaux et accompagner le tissu économique dans sa poursuite de l’établissement d’une économie digitale.

Les cybermenaces se sont-elles accrues sur le Continent ?

 L’Afrique, de par son adoption rapide des nouvelles technologies est effectivement exposée. Contrairement à d’autres régions, le déploiement de ces nouvelles technologies se fait sans un historique de compétences permettant d’appréhender les risques que font porter ces nouvelles technologies. A l’échelle mondiale il existe un déficit en compétence en cyber et c’est particulièrement prégnant sur le Continent.

Votre offre prend part au secteur de la finance inclusive. Que signifie ce terme ?

Nos sociétés deviennent de plus en plus digitales. De fait il est important, si on souhaite un accès à ces services par les populations, de leur permettre un accès aux services financiers. C’est tout l’enjeu du secteur de la finance inclusive :  permettre aux citoyens non bancarisés un accès aux services financiers de base ! Pour des acteurs comme nous, l’idée est de créer un climat de confiance indispensable à une économie digitale, en assistant les acteurs de ces écosystèmes pour la construction des solutions sécurisées, en contribuant à une plus grande sensibilisation à la sécurité des utilisateurs, en développant les compétences et ressources nécessaires à l’écosystème avec un système de formation mais aussi une politique d’inclusion féminine. Tout cela fait partie des objectifs de notre projet d’entreprise.

L’ACRC en quelques mots

Le consortium Cyber4Dev a lancé le Centre de ressources sur la cybersécurité en Afrique (ACRC) pour l’inclusion financière, dans le but de renforcer la cyber-résilience du système financier en Afrique, de sécuriser le développement rapide des systèmes financiers numériques et, à terme, d’augmenter l’inclusion financière sur le continent, clé du développement économique et humain.

L’ACRC ciblera spécifiquement l’amélioration de la cybersécurité pour 20 à 25 millions de femmes en cinq ans et visera à employer une main-d’œuvre composée d’au moins 39 % de femmes.

Cyber4Dev est un consortium à but non lucratif de partenaires publics et privés luxembourgeois et africains. Il rassemble, en autres, le SnT , Centre de recherche interdisciplinaire pour la sécurité, la fiabilité et la confiance de l’ Université du Luxembourg , Excellium Services SA , leader de la cybersécurité au Luxembourg et Suricate Solutions au Sénégal.