Relations Chine-Afrique : Véhicule électrique en Afrique
La Chine devient un acteur majeur en Afrique dans la transition vers le véhicule électrique. Zoom sur cette évolution qui renforce les liens entre le pays et le continent.
La Chine, acteur de la transition vers le véhicule électrique en Afrique
Même si le passage vers l’électrification des véhicules en Afrique en est encore au stade initial, les marques chinoises présentes sur ce secteur apparaissent une force motrice de cette transition et commencent à modifier la carte des parts de marché face aux constructeurs japonais et européens.
« Le développement vigoureux des véhicules électriques en Chine exerce une influence de plus en plus grande en Afrique et a commencé à affecter le processus d’électrification de l’Afrique », a observé Cleantechnica, un média d’énergie propre de renommée mondiale[1].
Selon ce média, en Éthiopie, un grand nombre de modèles de voiture Volkswagen ID fabriqués en Chine est apparu sur les autoroutes et chez les concessionnaires automobiles locaux, devenant l’option dominante des consommateurs.
Au Ghana, nombre de sociétés fournissent une vingtaine de modèles de véhicules chinois, y compris des berlines, des SUV et des mini-fourgonnettes. Au Rwanda, la société locale Go Kabisa a introduit le modèle Geometry E de SUV électrique de Geely (marque chinoise) dans la région, offrant aux clients un choix de qualité à de bons prix.
Les seuls modèles de camions électriques disponibles au Zimbabwe et au Kenya sont fournis par la marque chinoise BYD, largement utilisés dans la logistique et le transport locaux. Les modèles de véhicules électroniques Delivery 3 et EC3 de SAIC MAXUS et de Dongfeng Xiaokang, deux acteurs automobiles chinois importants, sont devenus des produits vedettes sur le marché sud-africain, avec des ventes qui augmentent d’année en année.
Le journaliste du média chinois Global Times a découvert que de nombreux pays africains, comme le Kenya, le Maroc, le Ghana, l’Éthiopie, l’Égypte, le Rwanda, accélèrent le développement des véhicules électriques, et qu’il existe un grand nombre de voitures électriques chinoises dans ces pays. Selon le journal égyptien Al Akhbar, en raison du bon rapport qualité-prix, les marques chinoises et les voitures de marques multinationales fabriquées en Chine ont changé la répartition des parts du marché automobile africain.
Même si les pays africains ont proposé leurs propres plans de développement de véhicules électriques, certains experts chinois de l’industrie ont estimé dans une interview accordée au Global Times que l’industrie automobile africaine actuelle est relativement en retard, avec des infrastructures faibles et une capacité de consommation limitée, ce qui pourrait avoir un fort impact sur la transition vers l’électrique.
La Chine commence à attaquer le monopole du Japon et de l’Europe
Les véhicules électriques chinois deviennent de plus en plus familiers aux Africains. Le journaliste de Global Times a appris qu’en ce qui concerne les marques chinoises , de nombreux habitants des pays d’Afrique de l’Ouest connaissent déjà BYD, Chery, Dongfeng et Reading… BYD est entré sur le marché africain en 2004 et couvre actuellement l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Sud. Après avoir constaté l’influence croissante des véhicules électriques chinois en Afrique, BYD a même élargi ses activités commerciales de la vente de véhicules à carburant vers les véhicules de tourisme à énergie nouvelle, les bus, le transport ferroviaire et d’autres modèles de véhicules d’énergie propre.
Avec la popularisation des véhicules électriques fabriqués en Chine dans les pays africains, la Chine est devenue une force motrice pour la transformation de l’électrification de l’industrie automobile africaine. La carte du marché automobile africain se modifie ainsi petit à petit.
Cependant, He Liehui, président de Touchroad Group, qui a une longue expérience dans de nombreux pays africains, a déclaré au Global Times que la plupart des voitures neuves et d’occasion sur le continent africain sont encore des voitures japonaises, européennes et américaines, dont les prix sont relativement bas, tandis que le nombre de propriétaires de voitures chinoises en Afrique est faible. Mais, selon le journal Al Akhbar, la situation évolue à un rythme accéléré. Les voitures chinoises bon marché et de haute qualité remplacent progressivement les voitures fabriquées au Japon et en Europe, devenant beaucoup plus populaires aux yeux des consommateurs africains.
« Les véhicules électriques chinois ont de bonnes performances et une excellente conception, qui conviennent aux besoins commerciaux de l’Afrique », a déclaré un vendeur de voitures kenyan, dans une interview avec le journaliste du Global Times.
De nombreux plans de développement des véhicules électriques
À l’heure actuelle, la plupart des pays africains ont l’intention de mettre en œuvre des politiques et des plans liés aux véhicules électriques. Selon le rapport Perspectives de l’industrie automobile africaine 2021 publié par la Banque africaine de développement, l’Égypte prévoit d’investir 1,35 milliard de dollars dans la construction de bornes de recharge et d’usines de fabrication de véhicules électriques. Le gouvernement éthiopien a introduit une série de réductions d’impôts et de subventions pour encourager les consommateurs à acheter des véhicules électriques. Le gouvernement kenyan prévoit également d’introduire progressivement davantage de véhicules électriques et d’installations de recharge dans les prochaines années. L’Afrique du Sud prévoit que la vente des véhicules électriques atteindra 25 % de toutes les ventes de voitures neuves d’ici 2035. En outre, le Nigeria, le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et d’autres pays africains ont également des plans de développement de véhicules électriques.
Le développement des véhicules électriques en Afrique présente certaines conditions inhérentes. Selon Cleantechnica, les pays africains comme l’Éthiopie ont des prix de l’électricité bas, offrant un terrain fertile pour la planification des véhicules électriques. Plus important encore, dans la production de batteries, l’Afrique dispose de nombreuses ressources clés en matières premières. Par exemple, le Congo (Kinshasa) est l’un des plus grands producteurs de cobalt au monde, et l’Afrique possède également une grande quantité de ressources minérales telles que le lithium et le nickel.
Un développement encore au stade initial
Cleantechnica estime que le continent africain a la possibilité de contourner l’ère des véhicules à essence et d’entrer directement dans l’ère du transport électrique. Cependant, à en juger par la situation réelle, la réalisation de l’électrification des véhicules en Afrique en est encore à ses débuts.
« L’Afrique est actuellement au stade initial de l’introduction des véhicules électriques », a déclaré au Global Times Xu Haidong, ingénieur en chef adjoint de l’Association chinoise des constructeurs automobiles. Selon lui, les prix des véhicules électriques sont encore élevés, et la fabrication des voitures électriques nécessite une infrastructure sophistiquée, qui n’est pas encore totalement disponible en Afrique. A cause de ces contraintes, les véhicules électriques sont « encore loin de devenir une tendance de consommation dominante en Afrique ». Cui Dongshu, secrétaire général de l’Association nationale d’information sur le marché des voitures particulières de Chine, estime également que le développement actuel de l’électrification des véhicules en Afrique est relativement en retard, avec une base industrielle faible et de peu d’espace potentiel de transformation de l’électrification.
« Les gouvernements d’Afrique du Sud et d’Éthiopie ont proposé le développement de véhicules électriques, mais la construction d’infrastructures telles que les piles de recharge reste une lacune importante », a déclaré Cui Dongshu. Selon lui, certains pays africains tels que le Zimbabwe sont toujours confrontés à des pénuries d’électricité, ce qui a éventuellement entravé le développement de véhicules électriques.
À l’heure actuelle, la part des véhicules électriques dans l’ensemble du marché automobile africain est encore faible. Selon le rapport Africa Auto Industry Outlook 2021, la part de marché de l’Afrique dans les ventes mondiales de voitures n’est que de 2% et les véhicules électriques représentent moins de 1% de l’ensemble du marché automobile africain. Oriental News d’Algérie a fait remarquer que l’échelle du marché des véhicules électriques en Afrique est relativement petite et qu’il est nécessaire d’élargir davantage l’espace du marché et d’améliorer la sensibilisation des consommateurs.
« Bien que la région soit riche en ressources minérales clés telles que le cobalt, le nickel et le lithium pour la fabrication de batteries de véhicules électriques, il est difficile d’établir une industrie automobile et une industrie des batteries efficaces. La plus grande possibilité est de développer des projets de purification des matières premières des batteries, ce qui fait que les constructeurs automobiles chinois ne peuvent pas se rendre directement en Afrique pour construire des voitures », a déclaré Cui Dongshu au Global Times.
Selon Xu Haidong, en tant que marché de véhicules électriques leader en Afrique, l’Égypte a envoyé des experts en Chine à plusieurs reprises pour échanger des idées avec le gouvernement et les entreprises chinois sur l’introduction d’équipements électriques, mais aucun progrès substantiel n’a été réalisé jusqu’à présent. Selon lui, les gouvernements africains ont planifié de vastes perspectives des véhicules électriques, mais en raison des contraintes de fonds, du manque de reconnaissance des consommateurs et des capacités d’infrastructure, il est encore difficile pour l’Afrique de réaliser rapidement la transformation des véhicules électriques.
[1] “The Chinese EV Market Is Already Starting To Influence The EV Sector In Africa”, disponible sur : https://cleantechnica.com/2023/03/06/the-chinese-ev-market-is-already-starting-to-influence-the-ev-sector-in-africa/.