Éthiopie-Chine : une coopération qui donne une grande place à la conception locale
Qu’il s’agisse du chemin de fer d’Addis-Abeba à Djibouti ou des quatre futures succursales de la Banque nationale d’Ethiopie, la conception des grandes infrastructures assurées par la Chine sont fortement localisées et permettent l’émergence des talents locaux.
Nous sommes à Bahir Dar, la capitale de l’État d’Amhara, en Éthiopie, au bord du lac Tana et du Nil Bleu. En face de l’université, dans une zone très urbaine, des ingénieurs et des ouvriers venus de Chine et d’Éthiopie s’affairent à nettoyer le site et à construire le camp du chantier. Dans deux ans et demi, une succursale de la Banque nationale d’Éthiopie sera implantée ici.
Il y a quatre succursales de la Banque nationale d’Éthiopie à construire, réparties dans des villes importantes de quatre régions du pays, avec une superficie totale de construction de 86 000 mètres carrés. Les travaux sont tous menés par la China Civil Engineering Construction Corporation. Une fois achevé, l’ensemble favorisera le développement des diverses activités de la Banque nationale d’Éthiopie et jouera un rôle positif dans la promotion de l’économie éthiopienne.
Il convient de noter que ce projet des succursales de la Banque nationale d’Éthiopie, comme celui du chemin de fer d’Addis-Abeba à Djibouti, n’est pas seulement « construit par la Chine », mais aussi « conçu conjointement par l’Éthiopie et la Chine ».
Construction par la Chine et conception en commun
Le mot « salaire » (« salary » en anglais) vient du latin salarium, qui signifie « ration de sel ». Dans l’Antiquité, le sel était très précieux et servait de monnaie de règlement. Dès 525 av. JC., l’Éthiopie avait utilisé les lingots de sel (amolés) comme monnaie. Les briques de la porte du bâtiment de la future succursale de la Banque nationale d’Éthiopie utiliseront l’image de ces « lingots de sel », en les combinant avec des éléments dorés, pour symboliser conjointement la longue histoire et la splendide culture de l’Éthiopie. Un symbole aussi de l’attente de la prospérité par le pays.
L’appel d’offres public pour le projet avait été lancé en juillet 2021, et la China Civil Engineering Construction Corporation – Ethiopia l’a remporté avec un avantage supérieur de 15 points dans la norme technique par rapport au deuxième candidat. La compagnie chinoise bénéficie de la solide alliance avec le Fuzhou Architecture Design Institute. En réponse à la demande du propriétaire d’« incorporer davantage d’éléments éthiopiens », le Fuzhou Architecture Design Institute a intégré le concept de design de l’architecte éthiopienne Medhanit Berhanu. C’est donc un projet reposant sur une conception largement commune qui a pu être présenté et ainsi donner satisfaction au propriétaire.
Le chemin de fer d’Addis-Abeba à Djibouti, reliant les ports d’Éthiopie et de Djibouti, est également conçu et construit par la Chine. C’est le premier chemin de fer électrifié transnational – avec toute la chaîne industrielle – fabriqué et construit par des entreprises chinoises à l’étranger. Le Fuzhou Architecture Design Institute a là aussi participé à la conception et à l’optimisation de la section éthiopienne de 203 kilomètres et de la section djiboutienne de 39 kilomètres.
« La technologie et la construction chinoises sont très bonnes. J’espère que les normes chinoises pourront être mises en œuvre dans davantage de pays africains », a indiqué un directeur éthiopien de gare du chemin de fer d’Addis-Abeba à Djibouti. Il est diplômé de l’Université de Djibouti et s’est rendu au Tianjin Railway Technical College en Chine en juillet 2016 pour étudier le génie civil. Six mois après, il a commencé à travailler pour le chemin de fer d’Addis-Abeba à Djibouti. « Je n’aurais jamais pensé que je pourrais être chef de gare dans ma ville natale. Ma famille est très satisfaite de cette situation », a-t-il confié.
Depuis sa mise en service commercial en 2018, le chemin de fer d’Addis-Abeba à Djibouti a non seulement favorisé le développement de l’économie régionale grâce au transport de passagers et de marchandises, mais a également cultivé les talents locaux grâce au renforcement des formations. Pendant la construction et l’exploitation du chemin de fer, le projet a fourni 55 000 emplois à l’Éthiopie et à Djibouti, et a formé plus de 3 000 personnels professionnels et techniques dans le domaine ferroviaire.
Opérations localisées et responsabilité sociale
« Le projet de la China Civil Engineering Construction Corporation a une certaine envergure. En tant qu’architecte et paysagiste, je peux suivre la conception, la construction, la supervision jusqu’à la fin du projet. Avant de rejoindre cette institution, j’étais principalement engagée dans la partie conception, pas beaucoup dans la phase de construction, donc sans avoir eu beaucoup de droit d’intervention », a indiqué Medhani Berhanu, ingénieure en chef de la conception architecturale de la branche éthiopienne du Fuzhou Architecture Design Institute. Elle est plutôt satisfaite de l’environnement de travail et s’entend bien avec ses collègues chinois. Diplômée de l’Université d’Addis-Abeba, Medhani Berhanu est non seulement architecte, mais également professeure invitée dans des universités.
À l’heure actuelle, la plupart des grands projets de construction d’infrastructures sur le marché éthiopien sont menés par des entreprises à capitaux étrangers, tandis que les sociétés locales de conseil en conception architecturale manquent relativement d’opportunités pour participer à ces projets.
« Grâce aux projets de conception à grande échelle mis en œuvre par la China Civil Engineering Construction Corporation, nous pouvons offrir davantage d’opportunités professionnelles aux talents locaux en Éthiopie », déclare Jiao Guomu, directeur général adjoint de la branche éthiopienne du Fuzhou Architecture Design Institute. Aujourd’hui, l’Institut s’est installé dans le marché éthiopien et pratique vigoureusement sa stratégie de localisation. Il se concentre sur la construction à long terme d’un système de formation localisée et d’un modèle de gestion du personnel prenant en compte toutes les catégories : « personnel chinois + employés locaux complémentaires + travailleurs indépendants assistants + consultants techniques de support ». Un tel système de formation et de gestion permettra de mieux valoriser les avantages locaux.
Grâce au projet du chemin d’Addis-Abeba à Djibouti en 2016 mené par la China Civil Engineering Construction Corporation – Ethiopia, le Fuzhou Architecture Design Institute a petit à petit saisi l’opportunité d’établir sa branche dans le pays. En 2019, avec l’expansion du domaine d’activités du groupe chinois, la branche éthiopienne de l’Institut a renforcé sa force technique et son personnel pour accélérer son processus de localisation.
À l’heure actuelle, la société dispose d’une équipe de conception de 74 personnes, dont 41 designers éthiopiens locaux. Parmi eux, 73% sont des étudiants diplômés et des étudiants de premier cycle, couvrant tous les secteurs de l’arpentage, de la prospection, des travaux publics et du bâtiment. En outre, six travailleurs indépendants locaux ont été employés, tous titulaires d’un diplôme de premier cycle ou de troisième cycle et ayant 15 à 20 ans d’expérience professionnelle.
« Les architectes locaux ont non seulement de solides compétences, mais également une meilleure compréhension de la culture et des normes locales, et peuvent nous aider à résoudre beaucoup de problèmes », souligne Liu Junjie, directeur du développement de la branche éthiopienne de Fuzhou Architecture Design Institute. Selon lui, une gestion localisée est efficace et nécessaire. Avec plus de cinq ans d’expérience dans des projets africains, l’Institut a établi une entente tacite avec des architectes locaux en Algérie, en Éthiopie et d’autres pays africains.