Un hub énergétique vert pour l’Afrique de l’Ouest

La Côte d’Ivoire fait face aux défis engendrés parles changements climatiques et les exigences de la transition énergétique. Les menaces sont réelles :dérèglement de la pluviométrie, affaiblissement du littoral, hausse des températures, inondations…cela pourrait compromettre le développement économique et menacer les villes et les terres. C’est pourquoi «le développement régional équilibré, la préservation de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique » constitue l’un des six piliers du Plan national de développement ivoirien (2021-2025). C’est un véritable challenge et les enjeux sont énormes.

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La Côte d’Ivoire s’est engagée en octobre 2022, juste avant la COP 27 de Sharm El-Sheik, à réduire ses émissions de 30,41% d’ici à 2030. Cela correspond à une réduction de production de carbone de 37 millions de tonnes !

Rôle crucial de la forêt

De seize millions d’hectares de forêts dans les années 1960, la Côte d’Ivoire est passée à environ deux millions d’hectares aujourd’hui. C’est pourquoi le gouvernement a lancé en novembre dernier le Projet d’investissement forestier (PIF), un programme majeur visant à tripler sa superficie forestière d’ici à 2030.

Selon la Banque mondiale, qui le finance pour un coût de 143 millions d’euros, 6,5 millions d’hectares de forêts seront reboisés, soit environ 20% du pays. Le PIF, qui s’étale sur sept ans, permettra également de préserver 300 000 hectares de terres forestières dégradées dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire et des forêts dans la zone Nord des Savanes. Il bénéficiera aux quatre parcs nationaux du pays.

Pour un cacao responsable

La baisse de la superficie forestière en Côte d’Ivoire est essentiellement imputable à l’accroissement de la culture du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial. Plusieurs projets mettent actuellement en avant une culture du cacao responsable. C’est le cas de « Promouvoir une production de cacao sans déforestation pour réduire les émissions en Côte d’Ivoire » (PROMIRE), exécuté sur la période 2021-2026. Financé par le Fonds Vert pour le climat et mis en œuvre par la FAO, avec le ministère de l’Environnement et du Développement durable ivoirien il doit contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre par la mise en œuvre du mécanisme REDD (Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts). Celui-ci permet d’accéder à de potentiels paiements basés sur les résultats.

En 2022, PROMIRE a permis la conversion de 834 hectares de parcelles cacaoyères en systèmes d’agroforesterie, alors que 163 hectares ont été reboisés sur les 150 hectares prévus. Au total : le projet vise la réhabilitation de 3650 hectares de systèmes agroforestiers, la restauration de 1500 hectares de forêts, l’amélioration de 4 000 hectares de paysages et l’élaboration de 23 plans de développement locaux.

 © Grand Lahou, langue de terre entre océan et lagune, doit faire face à l’érosion et la montée des eaux.

© Grand Lahou, langue de terre entre océan et lagune, doit faire face à l’érosion et la montée des eaux.

Protection des zones côtières : un combat commun

Selon une étude de la Banque mondiale publiée en 2019, la dégradation des zones côtières coûte environ 3,8 milliards de dollars par an à la Côte d’Ivoire, au Bénin, au Sénégal et au Togo (dont 2 milliards de dollars en 2017 pour la seule Côte d’Ivoire), détruisant les moyens de substances de millions de personnes. C’est ensemble que ces quatre pays, associés à la Mauritanie et à Sao Tome et Principe, ont décidé de lutter dans le cadre du Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA, pour West Africa Coastal Areas Program). En Côte d’Ivoire, dans la région de Grand Lahou, l’activité principale de WACA englobe 90% de son budget pour stabiliser l’embouchure du fleuve Bandama, afin que celle-ci reprenne sa situation d’avant la période coloniale. Le WACA appuie aussi le parcs Azagny et les parcs des îles Ehotilés dans la préservation de la mangrove, les patrouilles des agents et la vulgarisation de la loi du littoral, adoptée en 2017.

Gestion des déchets plastiques : les PME en mission

Près de 400 000 tonnes de déchets plastique sont générées en Côte d’Ivoire chaque année, dont environ 10% sont recyclés par des entreprises de taille modeste. À Abidjan, l’usine de Recyplast, une start-up créée en 2019, en collecte 2 000 tonnes. L’entreprise rémunère les citoyens qui les leur apportent avant de les trier, de les broyer, puis de les vendre localement ou à l’export. Elle contribue ainsi à inculquer une culture de la préservation de l’environnement. Depuis mai dernier, la ville de Bouaké, deuxième du pays par la taille, s’est également dotée d’une unité de transformation des déchets. Elle permettra à terme la collecte et la transformation de 500 tonnes de bouteilles plastiques (300 en 2023) en liaison avec quatre centres de tri installés dans des conteneurs.

Un hub énergétique vert pour l’Afrique de l’Ouest

La Côte d’Ivoire a presque doublé sa puissance installée d’énergie électrique entre 2010 et 2021 (2 269 MW), exportant même chez ses voisins maliens et burkinabè. Son objectif est d’augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix pour atteindre 42% à l’horizon 2030. Après la centrale hydroélectrique de Soubré (275 MW) en 2017, ce sera bientôt aux barrages de Gribo popoli et de Singrobo-Ahouaty d’entrer en activité. De nombreux autres projets hydroélectriques sont en cours, dont Boutoubré et Louga. En plus des projets de production d’énergie solaire en cours de réalisation et d’étude, le pays compte aussi sur sa biomasse, estimé à 16,7 millions de tonnes par an, essentiellement grâce aux déchets du cacao (13 millions), mais aussi de l’huile de palme et du caoutchouc.

Green Campus, pour sensibiliser les jeunes à l’environnement

Basée à Abidjan, Green Campus vise à sensibiliser la jeunesse, à partir de la population étudiante, aux enjeux de la protection de l’environnement. Cela passe par une amélioration du cadre écologique au sein même des universités ivoiriennes. Ces dernières regorgent d’espaces verts non valorisés, l’objectif étant de motiver les étudiants à participer à leur amélioration. Pour élargir son programme, Green Campus a créé Green Pupil (élève en anglais), axé sur l’information et la formation des élèves des collèges et lycées, afin de leur inculquer les notions d’environnement, d’écocitoyenneté et de développement durable.

Tourisme vert

La Côte d’Ivoire veut s’imposer comme destination touristique de premier plan et réfléchit à un tourisme qualitatif écologique, intégrant des voyages verts à la découverte de la culture et du patrimoine du pays. De la richesse culturelle d’Abidjan aux plages et mangroves de Sassandra, d’Adiaké et de ses îles Ehotilé jusqu’à Man et Yamoussoukro, de Grand Lahouet des tortues de Grand-Bereby à Soubré et la région de la Nawa, le potentiel est conséquent.

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