Chirac lance « l’appel de Cotonou » contre les faux médicaments

L’ancien président français Jacques Chirac lance lundi au Bénin « l’appel de Cotonou », prélude à une campagne de mobilisation de sa Fondation contre les médicaments falsifiés qui font chaque année des dizaines de milliers de morts.

Publié le 12 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

L’appel vise à inciter des responsables politiques du monde entier à se mobiliser contre ce trafic, qui, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), correspondrait à 10% du marché pharmaceutique mondial, soit quelque 45 milliards d’euros.

« Il est de notoriété publique que le trafic de faux médicaments est florissant et extrêmement rentable », a déclaré à l’AFP le Pr Marc Gentilini, délégué général pour l’accès aux médicaments de qualité de la Fondation Chirac. Selon lui, « il est en train de passer devant le trafic de drogue ».

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Amor Toumi, de l’OMS, note qu’un comprimé de faux Viagra coûte 0,05 dollar à fabriquer et que le bénéfice est de 6. 000 à 20. 000%, selon qu’on le vende sur l’internet (3 dollars) ou sur le marché officiel (10 dollars).

Quelque 200. 000 vies, selon l’OMS, davantage encore, selon d’autres estimations, pourraient être sauvées chaque année s’il n’y avait pas de faux médicaments.

Il y a eu 300 morts au Panama en 2006 à la suite de l’utilisation d’un excipient contrefait. Près de 100 bébés sont morts au Nigeria en 2008, après avoir absorbé du faux sirop de Paracétamol.

Sans compter les maladies mal soignées, dont la persistance suscite une méfiance des malades à l’égard de la médecine moderne.

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« Quand il s’agit de faux Viagra ce n’est pas trop grave, mais quand il s’agit d’un médicament touchant une affection potentiellement mortelle comme des anti-paludiques ou des antibiotiques, c’est particulièrement redoutable », relève le Pr Gentilini.

Selon lui, 30 à 70% des anti-paludiques en circulation en Afrique sont de faux médicaments, totalement ou partiellement. « Le sous-dosage est catastrophique », dit-il.

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Ces faux médicaments recèlent le plus souvent peu de principe actif voire, selon le Dr Robert Sebbag, vice-président de Sanofi-Aventis, « des substances hautement toxiques ».

Les faux anti-paludiques ou antibiotiques se trouvent dans les pharmacies de rue ou de marché en Afrique ou en Asie.

Selon Faustin Kabeya, président du Conseil provincial de l’Ordre des pharmaciens de Kinshasa, il y a dans la capitale de la RDCongo « 4. 000 officines portant le nom de pharmacie », pour seulement 70 autorisées. « En se réveillant un matin, quelqu’un peut écrire +pharmacie+ sur sa boutique et personne ne dira rien contre ça ».

« Le circuit de distribution officiel n’est pas respecté, l’importateur-distributeur n’est pas contrôlé, on ne sait pas à qui il vend et un médicament périmé ou faux peut rentrer dans le circuit et se retrouver partout », dit-il encore.

Il déplore l’absence de « réelle volonté politique » pour lutter contre ce problème « très grave ».

L’Afrique semble le continent le plus touché par ce trafic, que « l’on favorisera au détriment de la santé des malades, tant qu’on ne saura pas proposer de médicaments à bas prix dans des pays pauvres », souligne le Pr Gentilini.

L’OMS a essayé de renforcer la coopération mondiale avec la mise en place du réseau Impact, et les arrestations se sont multipliées.

Ainsi, l’an dernier, l’opération Storm a abouti en Asie à la saisie de 6,6 millions de dollars de faux antibiotiques et de faux traitements contre le sida.

L’opération Pagéa, menée par Interpol contre le trafic de médicaments sur l’internet, a permis des saisies de médicaments contre le diabète, l’impuissance et l’obésité. Un réseau a été démantelé au Mexique.

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