Mauritanie: le général putschiste Aziz élu président, l’opposition conteste

Le meneur du putsch du 6 août 2008 en Mauritanie, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a été élu président de la République dès le premier tour du scrutin présidentiel, mais l’opposition a dénoncé un « coup d’Etat électoral ».

Publié le 20 juillet 2009 Lecture : 2 minutes.

« Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a recueilli 52,58% des voix (samedi), est élu président de la République », a indiqué le ministre de l’Intérieur Mohamed Ould Rzeizim, après avoir donné les résultats provisoires totaux du premier tour. La participation s’est élevée à 64,58%.

Ce scrutin est censé mettre un terme à la grave crise née du coup d’Etat militaire ayant renversé le premier président démocratiquement élu du pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, qui ne se représentait pas. A la suite du putsch, l’Union européenne (UE) avait notamment suspendu son aide.

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« Les élections se sont déroulées dans de très bonnes conditions. Je félicite les électeurs mauritaniens pour leur esprit de responsabilité et leur civisme », a ajouté le ministre, lui-même issu des rangs de l’opposition.

« Et j’affirme ici que je n’ai reçu aucune réclamation ou recours mettant en cause la sincérité du vote en dépit d’informations qui nous sont parvenues sur la publication par quatre candidats (de l’opposition) d’un communiqué contestant les résultats du vote », a-t-il souligné.

Le ministre faisait référence aux déclarations des quatre principaux candidats de l’opposition, qui ont dénoncé dimanche matin devant la presse une « mascarade électorale qui cherche à légitimer le coup d’Etat » du 6 août 2008.

Messaoud Ould Boulkheir s’exprimait au nom de trois autres candidats: Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall et Hamadi Ould Meimou, ex-ambassadeur et candidat indépendant.

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Ils ont demandé aux « entités compétentes » comme le Conseil constitutionnel et le ministère de l’Intérieur de ne pas « accepter la validation » des résultats et au peuple mauritanien de « se mobiliser pour mettre en échec ce coup d’Etat électoral ».

Ils accusent le général Ould Abdel Aziz de fraude massive comprenant la « manipulation du fichier électoral », la « corruption généralisée » et l’utilisation de faux documents électoraux.

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Selon les résultats totaux provisoires, le président de l’Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch Ould Boulkheir arrive loin derrière avec 16,29% des voix.

Il est suivi par le chef du principal parti de l’opposition, le Rassemblement des forces démocratique (RFD), Ould Daddah, avec 13,66%.

Le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, décroche la quatrième place avec 4,76% des voix, juste devant Ibrahima Sarr (4,59%), issu de la minorité négro-mauritanienne et qui avait appuyé le putsch.

Le colonel Ould Mohamed Vall, l’ex-chef de la junte (2005-07) qui avait rendu le pouvoir aux civils au terme d’une transition souvent saluée comme exemplaire, et qui fut un temps présenté comme un challengeur sérieux du général putschiste, son cousin, ne recueille que 3,81% des suffrages.

« Ces résultats sont provisoires et seront transmis au Conseil constitutionnel pour les valider après d’éventuels recours », a précisé le ministre de l’Intérieur.

Le général Ould Abdel Aziz doit tenir une conférence de presse dans la soirée.

Plus de 300 observateurs internationaux étaient déployés dans le pays, notamment de l’Union africaine (UA), de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de la Ligue arabe.

Aucun observateur européen n’était présent, officiellement pour des « raisons de calendrier », selon une source diplomatique.

En avril, l’UE avait officiellement suspendu pour deux ans sa coopération en raison du coup d’Etat, assurant que cette coopération ne pourrait reprendre sans « retour à l’ordre constitutionnel ».

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