Génocide rwandais: perpétuité requise contre les anciens chefs de l’armée
L’accusation au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a requis mercredi la prison à vie pour les anciens chefs d’état-major de l’armée et de la gendarmerie rwandaises pour leur participation au génocide de 1994, a constaté l’AFP.
« Pour leur faillite historique et indélébile, justice sera rendue si vous condamnez à l’emprisonnement à vie » les généraux Augustin Ndindiliyimana et Augustin Bizimungu, a demandé aux juges l’Ivoirien Alphonse Van, au terme d’une journée de réquisitoire.
Les deux officiers généraux sont jugés avec l’ancien commandant du bataillon de reconnaissance, le major François-Xavier Nzuwonemeye, et le capitaine Innocent Sagahutu qui commandait un escadron de cette unité d’élite. L’accusation a également requis la perpétuité contre ces deux officiers.
« En 1994, les Forces armées rwandaises ont failli à leur devoir. Elles se sont retournées contre le peuple, en tournant le dos à l’adversaire, c’est pourquoi elles ont été vaincues », a assené M. Van.
« On ne saura jamais combien il y a eu de victimes (. . ) ce qui est sûr c’est qu’un génocide a eu lieu tout simplement parce que les forces armées rwandaises le voulaient ainsi », a déclaré le représentant du procureur.
« Tout était préparé », a-t-il insisté à plusieurs reprises.
Après avoir été plusieurs fois ministre, le général Ndindiliyimana avait été nommé chef de l’état-major de la gendarmerie en 1992. Le général Bizimungu avait été porté à la tête de l’armée le 16 avril 1994, en plein génocide.
Le procureur a reproché à Ndindiliyimana d’avoir laissé la gendarmerie, « symbole de la sécurité », participer au génocide.
Quant à Bizimungu, l’accusation a affirmé qu’il tuait les Tutsis « même avant sa nomination » à la tête de l’armée. Raison pour laquelle, a allégué Van, les massacres ont doublé d’intensité dans certaines préfectures après la promotion de l’officier.
Jeudi et vendredi, ce sont les équipes de défense qui se succéderont pour leurs plaidoiries finales.
Ce procès qui compte parmi les plus importants de l’histoire du TPIR s’est ouvert en septembre 2004. En décembre dernier, le TPIR a condamné à la prison à vie l’ancien directeur de cabinet au ministère de la Défense, le colonel Théoneste Bagosora, qui avait été présenté comme le cerveau du génocide.
Créé par une résolution du Conseil de sécurité en novembre 1994, le TPIR a pour mandat de rechercher et juger les principaux responsables présumés du génocide au Rwanda qui a fait, selon l’ONU, environ 800. 000 morts, parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés.
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