Sénégal: une exciseuse condamnée à six mois de prison ferme

Un tribunal sénégalais a condamné jeudi à six mois de prison ferme une exciseuse traditionnelle, jugée pour avoir mutilé une enfant de 16 mois, dans le nord du Sénégal, a-t-on appris auprès d’une organisation de défense des droits de l’Homme.

Publié le 28 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

La grand-mère de la fillette, qui l’avait conduite chez l’exciseuse, a été condamnée à la même peine, selon un représentant de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho).

Le tribunal de Matam (680 km au nord-est de Dakar, près du fleuve Sénégal) a condamné moins sévèrement les parents de l’enfant, puisque leur peine de six mois d’emprisonnement a été assortie du sursis.

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Après l’énoncé du jugement, des « talibés » (disciples des marabouts) ont violemment affronté les forces de l’ordre à Matam, selon la radio privée RFM. Les manifestants jetaient des pierres sur les policiers qui faisaient usage de grenades lacrymogènes.

L’excision – terme le plus utilisé pour parler des « mutilations génitales féminines » – est interdite par la loi depuis dix ans au Sénégal.

Mais cette action en justice a été vivement contestée par des chefs religieux de la région de Matam, défendant cette pratique au nom de la tradition.

Le 14 mai, une foule de manifestants avait déjà fait le siège du tribunal pour exiger la relaxe des accusés, selon la presse locale.

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L’excision de la fillette, dans la localité d’Ourossogui (à quelques kilomètres de Matam) avait été dénoncée à la gendarmerie par la Raddho. L’exciseuse et les trois membres de la famille de l’enfant avaient été écroués.

« C’est la première condamnation pour excision dans la région. La Raddho voulait donner un signe fort d’avertissement, pour signifier que l’excision est bannie, interdite », a expliqué son représentant régional, David Diagne. « Nous allons poursuivre la sensibilisation dans toute la région de Matam pour faire valoir que l’excision fait beaucoup de mal, notamment du point de vue de la santé, avec tous les risques d’infection pour les fillettes ».

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Une autre ONG, Tostan, dont les programmes sont soutenus par le gouvernement sénégalais, estime que le Sénégal connaît depuis une dizaine d’années un « abandon massif de l’excision ». Selon un responsable de cette ONG interrogé jeudi par l’AFP, « 3. 548 villages ont collectivement abandonné l’excision depuis 1997 » dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

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