Ethiopie: les églises de Lalibela dévoilent une partie de leurs mystères

Haut lieu du christianisme orthodoxe éthiopien, les dix églises creusées dans le roc à Lalibela dévoilent une partie de leurs mystères grâce à des fouilles archéologiques inédites autour de ce site classé patrimoine mondial de l’Humanité.

Publié le 23 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois depuis 50 ans, des scientifiques français ont obtenu l’autorisation de mener des recherches d’envergure à Lalibela et depuis plusieurs semaines une équipe d’historiens, d’archéologues, de topographes, et d’un spécialiste en liturgie confrontent la légende à la réalité scientifique pour établir l’Histoire de ces monuments.

La légende veut que les dix églises fussent construites en moins de 25 ans par le roi Lalibela, aidé par des anges, pour se conformer à un ordre de Dieu qui voulait édifier une nouvelle Jérusalem.

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En fait, « il y a plusieurs théories sur la construction de ce site: un patriarche égyptien serait à l’origine de ces constructions, ou bien c’est le roi Lalibela au XIIIème qui a bâti ce site à partir de rien », rappelle Marie Laure Derat, historienne du Centre français des études éthiopiennes (CFEE).

« La journée, le roi travaillait avec des artisans éthiopiens et la nuit, il recevait l’aide des anges; certains ont même évoqué une influence déterminante des Templiers », raconte-t-elle devant l’une des églises les plus célèbres, Beta Mariam, dédiée à la Vierge.

Le but des scientifiques est d’étudier « l’ensemble du site et pas seulement des églises et de comprendre comment les époques s’imbriquent, comment l’Histoire peut se lire dans ce livre ouvert qu’est encore Lalibela », souligne-t-elle.

Beaucoup de chercheurs et d’historiens sont passés par Lalibela mais se sont concentrés sur l’intérieur des églises. C’est la première fois que le site est étudié dans son ensemble.

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Au pied d’un monticule encadré de profondes tranchées, le chef de l’équipe, François-Xavier Fauvelle, directeur du CFEE, explique que la séquence historique complète du site se divise en trois périodes visibles sur le terrain.

« Il y avait au départ un dôme de basalte dans lequel on a trouvé des preuves d’habitat troglodytique. Ensuite intervient la construction d’une forteresse avec des tranchées, un mur d’enceinte et la récupération de tunnels troglodytes », explique-t-il en désignant des blocs de pierre rose jonchant le sol.

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« Enfin la troisième phase est matérialisée par un énorme tas de déblais d’une vingtaine de mètres de haut qui vient de l’excavation de l’Eglise Gabriel Ruphaël et qui a recouvert la forteresse », note-t-il.

Dans le dédale de tunnels et d’églises, on note effectivement que les passages profondément creusés sont troués de portes qui donnent aujourd’hui sur le vide.

Les chercheurs, soutenus par le ministère français des Affaires étrangères, le CNRS et Ethiopian Airlines, envisagent de fouiller les déblais mais sont déjà sûr que les églises de Lalibela n’ont pas été construites à partir de rien.

« L’église Gabriel Ruphaël faisait sans doute partie du complexe forteresse, et a été transformée pour devenir une église: on a repoussé la façade, ouvert des fenêtres et édifié une chapelle en creusant », souligne M. Fauvelle.

Les travaux des scientifiques n’ébranlent en rien la foi de l’Eglise orthodoxe d’Ethiopie, qui a ouvert ses portes à l’équipe du CFEE.

« C’est Dieu grâce à ses anges qui a construit ces églises », assène Alebachew Reta, porte-parole du clergé de Lalibela, en argumentant: « elles ont été édifiées en 24 ans. En construire ne serait-ce qu’une seule en si peu de temps, même avec les moyens modernes, serait difficile ».

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