Face à la crise, des producteurs de coton burkinabé se tournent vers le ciel

Les mains levées vers les cieux, Amadé Ouédraogo se recueille au milieu d’une quarantaine d’autres producteurs de coton burkinabè. « Nous prions Dieu pour qu’il fasse descendre la pluie et qu’il aide les dirigeants des pays forts à trouver des solutions à la crise » dit-il.

Publié le 15 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Il fait déjà au moins 38 degrés, ce matin-là, sur la place de la bourgade de Samandéni, à 50 km à l’ouest de la capitale économique du Burkina Faso, Bobo Dioulasso.

A l’ombre de manguiers, musulmans et chrétiens improvisent ensemble une prière pour marquer le lancement de la campagne agricole, en présence de responsables de la principale entreprise cotonnière du pays, la Société des fibres et textiles (Sofitex).

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Les « cotonculteurs » – comme on les appelle en Afrique de l’Ouest – ont un même besoin à exprimer: qu’il y ait des pluies abondantes pour de bonnes récoltes dans leur pays sahélien.

Mais ils souhaitent aussi que soit résolue la crise financière mondiale qui a encore fait baisser le prix de vente de leur coton.

En 2008-09, leur groupement en a produit 2. 400 tonnes, soit 1. 000 de plus que l’année précédente. Mais ils ont dû céder leur récolte à 165 FCFA le kilo (0,25 euro), un prix plus faible qu’en 2006-07 (175) et surtout qu’en 2004-05, quand le kilo atteignait les 210 FCFA (0,32 euro).

Signe des grandes difficultés, les quelques francs par kilo qui leur étaient promis par la Sofitex en ce début mai ne seront pas versés. Raison invoquée: les cours internationaux. Alors que la Sofitex prévoyait que le prix d’achat du kilo de coton fibre atteindrait 642 FCFA (0,97 euro) sur le marché mondial, il a oscille entre 550 (0,83) et 622 FCFA (0,94).

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« La Sofitex n’avait pas de prix d’achat complémentaire à reverser aux paysans, puisque le niveau de vente sur le marché mondial n’a pas permis à la filière de dégager un bénéfice. La Sofitex a plutôt subi un déficit », explique aux paysans de Samandéni le directeur financier de l’entreprise, Joël Tankoano.

Cette société cotonnière fait cependant valoir qu’elle distribue plus de revenus que n’importe quelle entreprise publique du Burkina. Selon elle, 620 milliards de francs CFA (945 millions d’euros) ont été versés aux paysans depuis 2001 et 111 milliards (169 millions) au Trésor public.

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« La crise financière mondiale ne nous a pas permis d’avoir nos +ristournes+ cette année » finit par dire Amadé Ouédraogo, producteur de 56 ans. « Alors nous prions les dirigeants des pays forts (riches) de trouver des solutions pour nous permettre, nous aussi, de profiter de notre travail », plaide-t-il.

Et quand on évoque devant lui la promesse du président américain Barack Obama de fortement baisser les subventions accordées par les Etats-Unis à leurs producteurs de coton, M. Ouédraogo se montre perplexe: « Si ce que M. Obama dit se fait, nous serons contents. Mais on dit que les producteurs de là-bas sont très forts. Je ne sais pas s’il pourra l’appliquer ».

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