Gambie: « climat très menaçant » pour les journalistes depuis l’assassinat de l’un d’eux en 2004, selon RSF

Les médias privés travaillent dans un « climat très menaçant » en Gambie, depuis l’assassinat d’un journaliste en 2004 et la disparition d’un autre en 2006, a dénoncé dimanche Reporters sans frontières à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse.

Publié le 3 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

« Les médias privés travaillent avec les mains liées par un climat très menaçant (. . . ) », assure RSF dans un communiqué.

« Le pays dirigé par le jeune président Yahya Jammeh (depuis 1994, ndlr) est le domaine réservé d’une petite clique de militaires souvent irrationnels, emprisonnant, torturant et terrorisant parfois au hasard ceux qui osent, un jour, s’opposer au chef de l’Etat ou à ses amis », ajoute RSF.

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Pour l’organisation, l’assassinat en 2004 « du rédacteur en chef de l’hebdomadaire The Point Deyda Hydara a sonné la fin d’une époque où la presse privée, bien organisée et exigeante, pouvait encore faire front face à un gouvernement qui ne cachait pas son hostilité à son égard ».

« Depuis sa mort, quasiment tous ceux qui pouvaient gêner le président sont rentrés dans le rang ou ont quitté le pays. Hormis The Point, plus ou moins protégé par l’aura de son défunt directeur, la plupart des journaux qui ont tenté de faire entendre une voix différente du quotidien progouvernemental The Daily Observer ont été fermés illégalement », poursuit RSF.

Reporters sans frontières rappelle qu’un journaliste du Daily Observer est porté disparu depuis son interpellation, en 2006, dans les locaux du journal.

Ce « journaliste emprisonné, +Chief+ Ebrima Manneh, a disparu corps et biens dans la sinistre prison de Mile Two (. . . ) et les autorités ont toujours nié le détenir, malgré de nombreux témoignages de prisonniers et témoins oculaires affirmant le contraire », conclut RSF.

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Un policier au sein de cette prison a récemment affirmé à l’AFP que Chief Ebrima Manneh n’est « plus en vie ». Il a déclaré l’avoir vu pour la dernière fois l’an dernier, quand il avait été emmené par un policier en civil dans la nuit.

Ces dernières années, RSF a régulièrement dénoncé « l’acharnement » des autorités contre les médias indépendants dans ce petit pays anglophone, semi-enclavé dans le Sénégal.

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Au cours d’un forum à Banjul dimanche, marquant la Journée internationale de la liberté de la presse, un membre du journal d’opposition Foroyaa, a évoqué des « obstacles » bureaucratiques et légaux qui rendent très difficiles la publication. « Les organes de presse, censés être libres et exercer leur mission d’information, d’éducation et de divertissement, le font à leur propre péril ou dans un climat de peur totale », a ajouté ce journaliste, Sam Sarr.

Un analyste politique, Badara Ceesay, interrogé par l’AFP a également jugé que « malgré l’établissement d’un ordre constitutionnel, la Gambie fait toujours face à des défis de gouvernance majeurs. Les gens en sont réduits à disparaître ou s’exiler par peur pour leur vie ».

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