Sénégal: la quiétude d’un havre pour bébés en plein centre de Dakar

Orphelins de mère, deux nouveaux-nés sénégalais attendent qu’une place se libère à la Pouponnière, en plein centre de Dakar. Un havre de douceur dont la mission prioritaire se résume en six mots: « donner de l’affection aux bébés » jusqu’à ce qu’ils aient 1 an et rejoignent leur famille.

Publié le 2 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Modou a 10 mois, Tenend en a 11. Debout dans leurs lits blancs placés côte à côte, ces deux bébés se caressent mutuellement le visage. Instantané de la quiétude qui semble baigner tout l’établissement.

Fondée il y a plus de 50 ans par des soeurs catholiques franciscaines, dans le quartier de la Médina, la Pouponnière est conçue pour accueillir -temporairement- des nouveaux-nés de familles pauvres « dont la mère vient de mourir et dont la survie pose problème » et, plus rarement, des bébés abandonnés.

la suite après cette publicité

Nourrissant à la cuillère l’un des 88 pensionnaires, la directrice, soeur Justina, explique qu’ »à leur arrivée, les poupons pèsent rarement plus de 2,5 kg, parfois même 1,6 ou 2 kg. « 

« A l’âge d’un an, ils repartent. Et nous pouvons en accueillir de plus petits. Deux bébés attendent de la place parce que leur maman est décédée », ajoute cette infirmière espagnole de 72 ans.

Soeur Justina reste l’une des quatre religieuses actives dans l’établissement, au milieu d’un essaim de jeunes femmes venues du Foyer Maria Goretti voisin pour se former aux « techniques de soins » des bébés.

Ici, tout est fait pour que l’enfant puisse rapidement revivre au sein de sa famille.

la suite après cette publicité

Dans la réserve alimentaire, une religieuse japonaise vérifie ainsi que le mil – céréale à petits grains cultivé surtout en Afrique – a bien été tamisé. « On prépare de la bouillie avec. Nos grands bébés mangent sénégalais » assure soeur Elvira, 70 ans. Au mur, est annoncé un menu « riz, poisson, épinards ».

De l’avis de la directrice, le Sénégal vit « un moment très difficile » depuis le début de la crise alimentaire mondiale en 2008. « J’ai toujours vu beaucoup de pauvreté ici. Mais maintenant, nous voyons beaucoup de gens qui n’ont rien, rien à manger ».

la suite après cette publicité

Mais elle répugne à évoquer les diverses situations – « confidentielles » – qui conduisent des familles à confier un enfant à la Pouponnière.

La plaquette de présentation place en tête des « activités principales »: « donner de l’affection aux bébés ».

Mais elle insiste aussi sur un principe fondamental: « le bébé tout petit gardera contact avec la famille, c’est le but de la visite des parents chaque dimanche ».

Une fois l’enfant parti de la Pouponnière, sa famille pourra y revenir pendant deux ans et s’y approvisionner notamment en lait pour bébé, vendu 3. 000 francs CFA (4,5 euros) les 450 grammes dans la capitale sénégalaise où le salaire minimum garanti n’est que de 35. 000 francs CFA (53 euros).

Dans un pays essentiellement musulman mais réputé pour sa tolérance religieuse, l’établissement des Franciscaines perçoit « une petite subvention du gouvernement sénégalais » et vit de dons.

« Il y a eu un programme télévisé, l’an dernier, annonçant qu’on pouvait apporter les bébés ici », dit soeur Justina. « Maintenant, c’est rare de trouver un nouveau-né sur la voie publique ».

Depuis 1955, la Pouponnière a accueilli 4. 151 bébés: 102 sont décédés, quelques uns ont été confiés à l’association SOS village d’enfants à Dakar, plus de 500 ont été adoptés par des Sénégalais ou des étrangers. Mais 3. 500 ont retrouvé leur famille.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires