Côte d’Ivoire: vétustes, les orphelinats d’Abidjan appellent l’Etat à l’aide
Locaux vétustes, éducation incomplète et textes caducs: les orphelinats publics d’Abidjan appellent l’Etat à l’aide pour se moderniser et faire face à l’afflux de pensionnaires, en hausse depuis le déclenchement de la crise militaire en 2002.
L’orphelinat des garçons de Bingerville (OGB), dans la banlieue d’Abidjan, et celui des jeunes filles de Bassam, près de la capitale économique ivoirienne, constituent les deux grandes institutions publiques du pays pour enfants isolés ou abandonnés.
En Côte d’Ivoire, un des pays les plus touchés par la pandémie de sida en Afrique de l’ouest (4% de personnes infectées), quelque 41. 000 orphelins et enfants vulnérables sont pris en charge par des organismes publics ou privés, selon les chiffres officiels.
Mais les orphelinats ont connu les effets de la crise qui a éclaté avec le coup d’Etat manqué de septembre 2002: familles brisées et économie sinistrée.
« L’effectif n’a cessé de croître, la crise militaro-politique a contribué à augmenter le nombre d’orphelins de guerre et d’enfants abandonnés », explique à l’AFP Philomène Koné, directrice du centre de Bingerville.
Héritier du « foyer des métis » créé en 1939 et transformé en orphelinat national en 1953 par l’administration coloniale, l’établissement a vu ses effectifs augmenter de plus de 30% ces cinq dernières années, pour accueillir aujourd’hui quelque 250 garçons.
Logé dans l’ancien palais du gouverneur, édifié sur un terrain de quatre hectares du temps où la ville était capitale coloniale, l’orphelinat ne s’est pas adapté à cette nouvelle donne.
Murs fissurés, plafond qui s’effrite, humidité, circuits d’électricité et d’eau vétustes: les locaux mériteraient d’être remis à neuf.
Mais un autre problème préoccupe davantage la directrice: accueillis dès l’âge de six ans, les enfants sont obligés, après 14 ans, de quitter l’institution et son école.
« A 15 ans, l’enfant n’est pas assez mature. C’est avec la peine au coeur qu’on assiste » à son départ, dit-elle, regrettant une « éducation inachevée ».
De création plus récente (1972), l’orphelinat de Bassam, modeste bâtiment défraîchi dont la cour sablonneuse rappelle que la mer est toute proche, fait face aux mêmes difficultés.
Sa directrice Ernestine Danho, qui veille sur quelque 150 filles, plaide pour une révision des textes régissant l’institution.
« La scolarité se limite à la classe de CM2. Après, nous n’avons plus de suivi », déplore-t-elle, prônant un « encadrement » plus durable.
Laisser partir ces filles trop tôt, c’est « mettre leur vie et leur avenir en danger, et laisser la porte ouverte à la prostitution et aux grossesses précoces », prévient-elle.
Les deux institutions publiques appellent de leurs voeux une augmentation de leur budget, situé depuis longtemps pour chacune autour de 100 millions de FCFA (152. 555 euros).
Cela « pourrait servir à construire un lycée et suivre les enfants jusqu’au baccalauréat », avance Mme Danho, reprenant à son compte la formule « éduquer une fille, c’est éduquer une nation ».
A l’heure de la récréation, Grace Kouakou Amenan, dans sa robe bleue d’écolière, rêve de longues études pour devenir médecin. En classe de CM2, la fillette n’a qu’une doléance: disposer de « beaucoup de livres pour étudier ».
Sa voisine d’internat, Charlotte Kouadio, en CM1, veut « être institutrice et enseigner à tous les enfants du monde ».
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