Au sommet de Doha, Béchir défie la CPI et Assad avertit Netanyahu

Le président soudanais Omar el-Béchir a bravé la Cour pénale internationale (CPI) lundi en assistant à Doha au sommet arabe, malgré un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui pèse sur lui.

Publié le 30 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Prenant la parole à l’ouverture de ce 21e sommet, il a, d’emblée, demandé à ses pairs « des résolutions claires et fortes rejetant la décision (de la CPI) et réclamant de celui qui l’a ourdie de l’annuler », tout en appelant à une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, « un organisme non-démocratique » selon lui.

Par ailleurs, à la veille de l’investiture prévue par le Parlement israélien du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu, le chef de file de la droite, le président syrien Bachar al-Assad a affirmé dans son discours que les Arabes n’avaient « pas de vrai partenaire dans le processus de paix » avec Israël.

la suite après cette publicité

Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé « le nouveau gouvernement israélien » à « geler la colonisation, mettre fin aux mesures unilatérales à Jérusalem (NDLR: Jérusalem-est occupée) et poursuivre les négociations » avec les Palestiniens.

En outre, M. Ban, qui a décidé d’assister au sommet malgré la présence de M. Béchir, a lancé un appel au Soudan, et donc à son président qui se trouvait dans la salle, pour qu’il annule l’expulsion du Darfour de 13 grandes ONG internationales.

« J’exhorte une fois de plus les autorités soudanaises à revenir sur cette décision », a-t-il dit.

Cette expulsion, ainsi que la fermeture de trois ONG locales, avait été décidée par Khartoum en réaction à l’émission le 4 mars par la CPI d’un mandat d’arrêt contre M. Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie à la guerre civile depuis 2003.

la suite après cette publicité

Jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU avait déjà appelé le Soudan à revenir sur sa décision.

M. Ban a estimé qu’il fallait « transcender les tensions liées » à la CPI, mais n’a pas commenté la participation de M. Béchir à la rencontre arabe annuelle.

la suite après cette publicité

M. Assad a d’ailleurs donné le ton dès son discours, en appelant ses pairs à « rejeter catégoriquement » le mandat d’arrêt et à « exprimer un soutien absolu au Soudan ».

Mais il a surtout privilégié la situation au Proche-Orient à la veille de l’investiture du gouvernement Netanyahu.

« L’arrivée d’un gouvernement de droite et extrémiste ne change rien (en Israël), parce que leur droite comme leur gauche et le centre (. . . ) reflètent tous une réalité, qui est que la société israélienne n’est pas prête pour la paix », a-t-il dit.

« Cela signifie clairement et incontestablement qu’en tant que partie arabe, et depuis que nous avons lancé notre initiative de paix, nous n’avons pas de vrai partenaire dans le processus de paix », a-t-il ajouté.

Il se référait au plan, d’inspiration saoudienne, adopté au sommet arabe de 2002, qui offre à Israël une normalisation des relations en échange notamment de son retrait des territoires arabes occupés en 1967.

L’avenir de ce plan, qu’Israël n’a jamais accepté, figure au programme du sommet de Doha, tout comme la « réconciliation interarabe ».

Le boycottage de ce sommet par le président égyptien Hosni Moubarak augure toutefois mal de cette « réconciliation », les 22 membres de la Ligue arabe peinant à surmonter leurs divisions, exacerbées par la récente offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza.

Outre M. Moubarak, les chefs d’Etat de quatre autres pays –Algérie, Irak, Maroc et Oman– ne sont pas à Doha.

Enfin, fidèle à ses sorties théâtrales, le leader libyen Mouammar Kadhafi a quitté la séance après avoir accusé le roi Abdallah d’Arabie saoudite d’être « le produit de la Grande-Bretagne et le protégé des Etats-Unis ». Il s’est toutefois dit prêt, après plusieurs années de brouille, à se réconcilier avec le souverain saoudien.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires