« Destruction de l’identité africaine » par la mondialisation selon le Vatican
Le Vatican a dénoncé jeudi « un processus organisé de destruction de l’identité africaine » du fait de la mondialisation, dans le document préparatoire du prochain synode catholique sur l’Afrique remis par le pape aux évêques africains à l’issue d’une messe à Yaoundé.
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« Il semble qu’un processus organisé de destruction de l’identité africaine soit à l’oeuvre sous prétexte de modernité », affirme ce texte qui servira de base de travail au synode (assemblée consultative d’évêques) convoqué en octobre au Vatican.
Il détaille les effets dévastateurs de la mondialisation sur l’économie, les moeurs politiques et la société du continent le plus pauvre de la planète touché de plein fouet par la crise économique mondiale.
Les « puissances militaires et économiques » sont accusées d’imposer leur loi, fomentant les trafics d’arme générateurs de guerres et exploitant les richesses minières du continent.
Les institutions financières internationales sont mises en cause pour les effets « funestes » des programmes de restructuration imposés.
En outre, la « globalisation » menace « les valeurs africaines authentiques » comme le « respect des ancien », « le respect de la vie » ou la culture de l’entraide, accuse l’Eglise catholique.
Le document (« instrumentum laboris ») a été rendu public à l’issue de la messe célébrée par Benoît XVI au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé au troisième jour de son séjour au Cameroun.
Fruit du travail d’une commission restreinte d’évêques sous l’égide du Vatican, le texte « reflète le grand dynamisme de l’Eglise en Afrique, mais aussi les défis auxquels elle est confrontée », a souligné Benoît XVI.
Le document pointe du doigt les guerres, la corruption, la violation des droits de l’homme, le tribalisme exacerbé existant en Afrique et qui n’épargnent pas l’Eglise catholique malgré son rôle reconnu dans la résolution de certains conflits ou son action dans les domaines sanitaire et social.
Le texte d’une cinquantaine de pages intitulé « l’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix » souligne aussi de récentes évolutions positives telles que l’apparition « d’une société civile active » ou le souci de certains dirigeants « d’une résolution interafricaine des conflits ».
Le premier synode sur l’Afrique s’était tenu en avril 1994 sur le thème de « la mission évangélisatrice de l’Eglise », alors que débutait le génocide au Rwanda, pays le plus catholique du continent.
Le pape Jean Paul s’était rendu au Cameroun en avril 1995 pour signer « l’exhortation apostolique » issue de ce premier synode.
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