Béchir se rend au Darfour et appelle les rebelles à déposer les armes

Le président soudanais Omar al-Béchir a appelé les rebelles du Darfour à déposer les armes, lors d’une visite mercredi dans cette région de l’ouest du Soudan ravagée par un conflit sanglant et où il est accusé de crimes de guerre.

Publié le 18 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

S’engageant à développer cette région meurtrie par six ans de guerre et des décennies d’abandon, il s’est adressé à des milliers de miliciens en liesse deux semaines après le mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale (CPI) à son encontre pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour.

« Nous voulons réunifier le peuple du Darfour et nous appelons tous nos fils et frères à déposer les armes », a dit M. Béchir devant la foule rassemblée dans le village de Sabdo près de la localité d’Al-Daïn dans le Darfour-Sud.

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« Nous leurs disons: vous avez pris les armes pour réclamer le développement (du Darfour) et le développement a maintenant commencé et se poursuivra », a-t-il ajouté, énumérant différents projets d’infrastructure qui sont en cours selon lui.

M. Béchir, qui effectue sa deuxième visite au Darfour depuis le mandat d’arrêt lancé le 4 mars, a lancé: « Notre réponse (à la CPI) est de fournir l’électricité au Darfour, plus de bâtiments, des écoles, de l’eau et davantage d’hôpitaux ».

« Ce ne sont ni les Etats-Unis ni la Grande-Bretagne qui choisissent le président du Soudan mais le peuple soudanais », a encore souligné le chef de l’Etat pour qui ces deux pays ont joué un rôle dans la délivrance du mandat d’arrêt.

« Nous nous sacrifierons pour toi Béchir », a répliqué la foule.

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Le président soudanais avait déjà appelé la rébellion à déposer les armes et des pourparlers avaient eu lieu en février sous l’égide du Qatar avec le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), un des plus importants groupes rebelles du Darfour, qui se sont soldées par un pré-accord en vue de négociations de paix.

Mais celles-ci n’ont pas eu de suite après le mandat d’arrêt.

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M. Béchir est arrivé par hélicoptère à Sabdo, au milieu d’un important déploiement de l’armée.

Selon l’un des miliciens présents, les quelque 10. 000 personnes rassemblées font partie des Forces de défense populaires (pro-gouvernementales). Plusieurs de ces miliciens à cheval arboraient des lances.

« Béchir est le héros du Soudan, nous le défendrons jusqu’à la mort », a lancé un vieil homme édenté s’appelant Mohammed, alors que la foule mettait le feu à une effigie du procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, qui a réclamé le mandat d’arrêt.

Lors de sa visite le 8 mars à El-Facher, la capitale historique du Darfour, M. Béchir avait averti la force de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad) et les ONG de respecter les lois locales ou de se voir expulsées.

Dans un geste de défi après le mandat d’arrêt, les autorités de Khartoum avait décidé d’expulser 13 des plus importantes ONG internationales actives au Darfour les accusant de collaboration avec la CPI et d’espionnage.

M. Béchir a affirmé que ces ONG seraient remplacées par des organisations soudanaises.

Les ONG distribuent l’aide alimentaire, offrent des soins de santé et facilitent l’accès à l’eau aux quelque 2,7 millions déplacés. Leur expulsion menacent la vie d’un million de personnes, a prévenu l’ONU.

Depuis le début de la guerre en 2003, 300. 000 personnes ont péri selon l’ONU, 10. 000 seulement selon Khartoum.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a affirmé mardi que M. Béchir serait tenu responsable de « chaque mort qui se produira dans les camps » après l’expulsion des ONG, alors que le président Barack Obama doit nommer un émissaire spécial au Soudan.

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