Dette et développement: la RD Congo et le casse-tête du « contrat chinois »

Entre objectif du désendettement et impératif du développement, la République démocratique du Congo (RDC) se trouve confrontée au casse-tête du « contrat chinois », un accord de partenariat hors norme et aux conséquences incertaines.

Publié le 17 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Annoncé en septembre 2007, ce contrat prévoit un prêt chinois de quelque 9 milliards de dollars, dont six destinés au développement des infrastructures et trois à la relance du secteur minier. Ce prêt est partiellement remboursable en titres miniers.

Il prévoit la réhabilitation ou la construction de plus de 6. 000 km de routes, de plus de 3. 000 km de voies de chemin de fer, de deux barrages, d’hôpitaux, de logements et d’écoles à travers le pays, ravagé par des années de guerre.

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Mais l’accord fait depuis des mois l’objet d’une sourde polémique à Kinshasa. Contrat « léonin », a tonné l’opposition, tandis que les députés ont réclamé des « ajustements ».

Au coeur des discussions, la « garantie » par l’Etat congolais de l’emprunt de la société de joint-venture minière (détenue à 68% par des entreprises chinoises et à 32% par la société publique congolaise Gécamines) créée pour l’occasion.

Ces dispositions préoccupent également les bailleurs de fonds, soucieux que la RDC ne contracte pas de nouvelles dettes auprès de la Chine alors que les Occidentaux envisagent d’effacer son ardoise.

Kinshasa vise en effet, via l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), l’élimination d’une large part de sa dette.

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En septembre 2008, une mission du Fonds monétaire international (FMI) avait de nouveau tiré la sonnette d’alarme, demandant à la RDC de faire en sorte que « l’accord soit compatible avec la viabilité » de sa colossale dette extérieure, d’environ 11 milliards USD.

Les plus critiques font valoir que la dette risque de se creuser encore avec le contrat, le remboursement en titres miniers pouvant s’avérer difficile dans un contexte de chute du cours des matières premières.

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Prise entre deux feux, la RDC veut continuer à travailler avec la Chine, sans s’aliéner les bailleurs.

« Le principe est acquis » d’apporter des changements à l’accord, indique à l’AFP une source gouvernementale congolaise, sous couvert d’anonymat.

« Il y a beaucoup de choses qui doivent être renégociées. L’accord prévoit des pénalités à l’endroit de la RDC en cas de manquement dans l’exécution du contrat, mais rien n’est prévu du côté de la Chine! », s’offusque cet officiel.

Côté chinois, on affirme pourtant que le contrat instaure une « coopération gagnant-gagnant », laissant entendre qu’aucun amendement substantiel n’est à l’ordre du jour.

S’agissant de la « garantie d’Etat » controversée, l’ambassadeur de Chine en RDC, Zexian Wu, assure à l’AFP que « l’Etat congolais n’est nullement tenu de rembourser le moindre sou en cas de difficulté » mais simplement de proposer des alternatives aux industriels.

Pour plusieurs diplomates, le gouvernement du président Joseph Kabila s’est en réalité aperçu tardivement qu’il ne pouvait se permettre de mécontenter les bailleurs de fonds.

A deux ans de l’élection présidentielle, la RDC « joue une partie difficile », relève un diplomate occidental. Qui souligne qu’au cours de sa dernière tournée africaine, achevée mardi à Maurice, le président chinois Hu Jintao n’a pas fait étape au bord du fleuve Congo.

Pour lui, « ça ressemble à un geste d’énervement vis-à-vis des Congolais ».

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