Afrique du Sud: décès de l’ancienne députée anti-apartheid Helen Suzman
L’ancienne députée anti-apartheid Helen Suzman, devenue observatrice avisée de la vie politique sud-africaine après l’avènement de la démocratie multiraciale, est décédée jeudi à l’âge de 91 ans à son domicile de Johannesburg.
Helen Suzman, qui fut longtemps la seule élue progressiste au Parlement du régime ségrégationniste, s’est éteinte paisiblement dans la matinée et devrait être enterrée dans l’intimité ce week-end, a indiqué sa fille, Frances Jowell.
« Nous attendons que la famille et tous ses petits-enfants arrivent », a-t-elle précisé à l’agence Sapa. Une cérémonie publique devrait avoir lieu en février mais les détails n’ont pas encore été arrêtés.
Helen Suzman avait été pressentie à deux reprises pour le prix Nobel de la paix en raison de son combat infatigable contre l’apartheid et pour les droits de l’Homme.
Entre 1961 et 1974, Mme Suzman incarna à elle seule l’opposition blanche libérale, tous les autres élus soutenant le régime raciste.
Connue pour sa verve et sa pugnacité, elle avait été le premier parlementaire à rendre visite au héros de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela dans sa cellule de l’île-bagne de Robben Island.
« Notre pays a perdu une grande patriote et une combattante courageuse contre l’apartheid », a réagi la Fondation Nelson Mandela dans un communiqué, en rappelant que « Mme Suzman fut l’un des rares députés à protester contre la législation d’apartheid ».
« Elle fut un géant dans la marche historique de l’Afrique du Sud vers la démocratie », a ajouté Helen Zille, chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), saluant « sa clarté de vue, son courage et la fermeté de ses principes ».
Helen Suzman était « une femme remarquable » pleine « d’esprit » et avec « un sens vigoureux et sans ambiguïté du bien et du mal », a pour sa part loué sa propre Fondation.
Née le 7 Novembre 1917 à Germiston (sud-est de Johannesburg) de deux immigrés juifs venus de Lituanie, Helen Gavronsky était devenue Mme Suzman en épousant un médecin en 1937, avec lequel elle a eu deux filles.
Cette spécialiste d’histoire économique avait entamé son combat politique parallèlement à l’instauration du système raciste d’apartheid par le Parti National (NP) après son accession au pouvoir en 1948.
De 1953 jusqu’à sa retraite en 1989, elle a été élue sans discontinuer dans la circonscription huppée de Houghton, un quartier blanc quasi exclusivement anglophone de Johannesburg.
A cette époque, cette femme petite, d’allure frêle et à la voix douce avait démontré une force de caractère peu commune qui lui avaient valu d’être surnommée « le petit chat vicieux » par l’ancien Premier ministre PW Botha.
Après l’avènement de la démocratie multiraciale en 1994, elle avait reçu l’ordre du mérite des mains du président Mandela, qui saluait encore récemment « son courage, sa probité et son engagement pour les principes de justice ».
Mais loin de se contenter des progrès réalisés, elle était restée une épine dans le pied du parti au pouvoir depuis 1994, le Congrès national africain (ANC), ne se privant pas de critiquer ses errements notamment au sujet de la lutte insuffisante contre le sida, la criminalité et le chômage.
Elle avait également créé la controverse en accusant l’ANC de minimiser le rôle des libéraux blancs dans la chute du régime raciste.
Ses positions ne lui ont pas valu que que des amis. En 2006, elle avait ainsi été prise à partie par Ronald Suresh Roberts, auteur d’une hagiographie du président d’alors Thabo Mbeki. M. Mbeki a été forcé à quitter le pouvoir par la direction de l’ANC en septembre dernier.
« Je m’en fiche. Ce que je dis est la vérité », avait déclaré à l’AFP la « vieille dame indigne » à l’occasion de ses 90 ans. Et d’ajouter: « je ne m’intéresse pas à ceux qui me critiquent, mais à ce qui se passe » dans le pays.
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