L’argent des immigrés se fait rare dans les campagnes du Sénégal

La crise économique mondiale tarit les transferts financiers venus d’Europe et dans le nord du Sénégal, où la plupart des habitants dépendent de l’argent des émigrés, on se serre la ceinture.

L’argent des immigrés se fait rare dans les campagnes du Sénégal © AFP

L’argent des immigrés se fait rare dans les campagnes du Sénégal © AFP

Publié le 24 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

« Mon mari Modou est sans-papier à Milan, il n’a pas envoyé d’argent depuis deux mois », explique Marième Fall, à Louga, ville natale de l’ex-président Abdou Diouf, à 200 km au nord de Dakar.

« C’est devenu très difficile la vie en Italie. Depuis septembre, « la famille n’a reçu que deux mandats de 100. 000 francs CFA chacun » (environ 150 euros), poursuit la jeune femme, âgée d’une trentaine d’années, drapée dans un pagne jaune et bleu, portant avec élégance un foulard sur la tête.

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Et cet argent n’a pas été envoyé par son mari mais par deux de ses frères: un travaille « dans une fabrique de vêtements à Venise et l’autre est vendeur à la sauvette dans des villes du sud » de l’Italie.

Pays pauvre de plus de 11 millions d’habitants, le Sénégal a une ancienne et forte tradition d’émigration, légale ou clandestine. L’argent envoyé par les migrants est supérieur à l’aide publique au développement (APD) reçu par le pays.

A Louga, qui compte environ 120. 000 habitants, Marième vit dans une grande et belle maison de deux étages avec le patriarche et beau-père, Mamadou Diop, 69 ans.

Dans l’habitation vivent une vingtaine de personnes, exclusivement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Les hommes jeunes sont partis travailler en Europe.

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Et chaque mois, Marième attend l’argent venu du Nord. « C’est pour aider mon beau-père à payer des denrées alimentaires et jusqu’à présent, les frais d’inscription et de scolarité de mes quatre enfants sont encore à honorer », souligne-t-elle.

Dans une maison voisine, la famille Lô éprouve elle-aussi de plus en plus de difficultés.

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« Les factures d’eau, d’ électricité, de téléphone, la scolarité des enfants comme les denrées alimentaires consommées dans la maison sont entièrement pris en charge par mes enfants qui sont en France, en Espagne, et en Italie », explique le vieux Massamba Lô, 75 ans.

« Je n’ai personne qui travaille ici, à Louga ». « Seul mon fils Ibou est revenu d’Italie depuis quatre ans, mais il est à Dakar où il fait venir des conteneurs de marchandises importées qu’il revend. Ses quatre autres frères vivent en Italie, en France et deux en Espagne ».

« La maison vit au rythme de l’état de santé économique de l’Europe » et « actuellement, nous sommes bien affectés par la crise en Europe car mon fils aîné, Oumar Lô, établi à Barcelone (Espagne), qui envoyait plus que ses frères pour les besoins de la famille n’en est plus capable », constate Massamba.

Selon lui, « Oumar parvenait à envoyer 250. 000 francs CFA (380 euros) à lui seul chaque mois et maintenant, il est en deçà de 100. 000 francs CFA (150 euros) alors qu’il a ici ses trois femmes et ses 13 enfants dont le dernier né a 4 mois ».

Au vu de la mauvaise conjoncture économique, les deux « vieux », Mamadou et Massamba, ont décidé de limiter les dépenses de la famille.

« Je vais surveiller l’utilisation de l’électricité et la consommation d’eau en fermant les robinets avec des cadenas, explique Mamadou. Et j’envisage aussi de réduire la consommation de riz ».

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