Ebola: entre peur et épuisement, les soignants en première ligne

Soignants et médecins sont en première ligne dans la bataille contre l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest et qui a déjà contaminé plusieurs d’entre eux. Tour d’horizon de leurs conditions de travail entre épuisement, peur de l’infection et difficultés pour assurer la relève.

Ebola: entre peur et épuisement, les soignants en première ligne © AFP

Ebola: entre peur et épuisement, les soignants en première ligne © AFP

Publié le 30 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

– QUELLE EST LA SITUATION DES SOIGNANTS SUR LE TERRAIN?

« Les personnels soignants doivent surmonter leur propre peur de cette épidémie. Ils sont la ligne de front » face au virus, souligne Peter Piot, codécouvreur du virus Ebola en 1976 et directeur de l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale à Londres.

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En outre, « ils n’ont souvent pas les ressources nécessaires et voient des collègues mourir. . . Je ne suis pas surpris que certains hôpitaux aient été abandonnés. Dans d’autres hôpitaux, des infirmières se sont mises en grève face au manque d’équipement de protection de base, à la fois pour le personnel soignant et pour les patients et leur famille », explique-t-il à l’AFP.

« J’ai vu des médecins qui étaient épuisés par le travail, par la tension, par l’émotion parfois, due à la mort de patients », souligne le professeur Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur, Paris), qui s’est rendu une quinzaine de jours en avril à l’hôpital Donka à Conakry, capitale de la Guinée, d’où est partie l’épidémie actuelle. Or, « bien sûr, avec la fatigue, on est plus à risque de commettre des erreurs et de se contaminer ».

Autre obstacle, outre la peur et l’épuisement, il leur faut parvenir à approcher les malades de ce virus, qui demeure inconnu dans cette partie de l’Afrique: « Nous avons reçu des menaces, si jamais nous allions dans certains villages, où l’on refuse l’accès à toute aide humanitaire », a récemment déclaré Mariano Lugli, vice-directeur des opérations de Médecins sans frontières (MSF). L’ONG prône l’embauche d’anthropologues spécialisés pour aider ces communautés à comprendre la nécessité de se faire surveiller et traiter si besoin.

– LA RELÈVE DES PERSONNELS SOIGNANTS EST-ELLE ASSURÉE?

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« MSF a beaucoup de mal à trouver des ressources humaines, à trouver des volontaires. les gens ont peur, ou sont fatigués, ou ne peuvent pas se libérer. On manque de ressources humaines dans plein d’endroits », note le Pr Manuguerra.

Or, les équipes envoyées sur place doivent être renouvelées toutes les trois semaines avant qu’elles ne soient trop épuisées, selon MSF.

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« On n’arrive plus à intervenir sur tous les foyers qui se déclarent actuellement. On n’a plus le personnel pour former les personnels correctement et éviter de les exposer au risque », confirme le Dr Brigitte Vasset, directrice adjointe du département médical de MSF. D’autant que tous ne sont pas médecins ou infirmiers, mais sont au contact de la population à travers d’autres fonctions comme la logistique, le nettoyage ou la recherche de cas.

– QUELLES MESURES DE PROTECTION?

« Il y a une discussion sur les équipements. Les équipements de Médecins sans frontières et ceux de l’Organisation mondiale de la Santé ne sont pas les mêmes. Il faudrait voir quel type de protection portaient les médecins qui ont été contaminés, pour ceux qui en portaient, afin de voir s’il y en a de plus efficaces que d’autres », relève le Pr Manuguerra.

Combinaison intégrale, masque, casque, doubles paires de gants, bottes, et même tablier par dessus. . . Pas toujours évident à porter pendant des heures, surtout avec la chaleur.

« Quand on s’occupe des patients en portant une combinaison, on ne tient pas plus de 40 minutes, les rotations sont très fréquentes », renchérit le Dr Vasset, rappelant qu’il n’y a pas d’air conditionné dans les centres de soins sur le terrain.

Le virus Ebola se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d’animaux infectés.

Parmi les mesures d’hygiène et de désinfection (mains, surfaces contaminées. . . ), « les gels hydroalcooliques marchent très bien sur le virus Ebola » pour les mains, note le Pr Manuguerra.

Sinon, « l’eau de javel doit être employée à la bonne concentration: trop concentrée elle détériore la peau facilitant l’infection, pas assez elle ne sert à rien ».

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