RDC: une ONG accuse l’armée et l’ONU de passivité lors d’un massacre

L’organisation de défense des droits de l’homme américaine Human Rights Watch a accusé jeudi l’armée congolaise et les Casques bleus de n’avoir rien fait pour empêcher un massacre ethnique début juin dans l’est de la République démocratique du Congo.

RDC: une ONG accuse l’armée et l’ONU de passivité lors d’un massacre © AFP

RDC: une ONG accuse l’armée et l’ONU de passivité lors d’un massacre © AFP

Publié le 4 juillet 2014 Lecture : 2 minutes.

« Les forces congolaises et les forces de maintien de la paix de l’ONU ne sont pas intervenues pour arrêter » cette tuerie qui a fait plus de 30 morts dans la nuit du 6 au 7 juin dans le village de Mutarule, dans la province du Sud-Kivu, écrit HRW dans un communiqué.

Elles « ont laissé les civils de Mutarule se faire massacrer » alors qu’elles avaient « reçu des appels à l’aide désespérés dès le début de l?attaque » et qu’elles se trouvaient dans un rayon leur permettant d’intervenir, ajoute le texte.

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Notant qu’ »aucun des assaillants n’a [encore] été arrêté », HRW exhorte l’armée et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) à « déterminer quels ont été les dysfonctionnements et [à] s’assurer que de telles atrocités ne se reproduisent pas ».

Mercredi, tout en rappelant que la responsabilité première de la protection des civils congolais revenait à l’armée nationale, le chef de la Monusco, Martin Kobler, avait exprimé publiquement des « regrets » pour l’inaction de la Monusco. En pareille circonstance, les Casques bleus ont dorénavant pour consigne « d’agir » sans attendre d’en avoir reçu l’ordre « pour sauver la vie des citoyens », avait-il ajouté.

Mutarule est situé dans la plaine de la Ruzizi, tout près de la frontière avec le Burundi, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu.

Selon des sources locales, au moins trente civils de l’ethnie Bafulero, majoritairement des femmes et des enfants, y ont été assassinés dans la nuit du 6 au 7 juin. La plupart des victimes dormaient dans une église protestante après avoir participé à une assemblée générale de fidèles.

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Pour l’ONU, HRW et des sources locales, les auteurs de la tuerie appartenaient aux communautés rwandophones des Barundi et des Banyamulenge.

Les Barundi et les Bafulero sont en conflit pour des raisons essentiellement foncières dans la Ruzizi depuis la période coloniale belge (1908-1960).

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Minoritaires, les premiers sont perçus par les seconds comme des étrangers, quand bien même nombre d’entre eux peuvent se prévaloir de descendre d’ancêtres installés sur les lieux depuis le XIXe siècle. Le conflit intercommunautaire avait dégéné de manière particulièrement violente et meurtrière en 2012.

En l’absence de représailles depuis le massacre de Mutarule, Kris Berwouts, expert de l’Afrique centrale, appellait dans une analyse récente à ne pas tirer de conclusions hâtives, estimant que la tuerie pourrait être déconnecté du conflit historique entre Barundi et Bafulero et lié à d’autres sujets de friction comme la violence récurrente entre pasteurs et agriculteurs au moment de la transhumance, ou à d’autres causes encore.

Les Banyamulenge sont desTutsis installés depuis le XVIIIe siècle sur les hauts plateaux dominant la plaine de la Ruzizi et qui vivent traditionnellement de l’élevage. Longtemps ostracisés par le pouvoir et les autres communautés qui se considèrent comme véritablement autochtones, ils ont participé à de nombreuses rébellions à dominante tutsi au cours des vingt dernières années, mais se sont tenus à distance de la dernière d’entre elles, celle du Mouvement du 23 Mars (M23), défaite en novembre 2013.

Pour M. Berwouts, leur implication dans le carnage de Mutarule reste encore à démontrer. Il émet cependant la crainte qu’un regain de tension entre eux et les autres communautés n’entame leur « loyauté » actuelle vis-à-vis de l’Etat congolais.

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