Centrafrique: une rivière charrie des corps suppliciés
Au moins 10 corps portant des marques de sévices ont été repêchés depuis lundi dans la rivière Ouaka dans la région de Bambari (Centre), où l’ex-Séléka, la rébellion centrafricaine à dominante musulmane, a établi son nouvel état-major, a-t-on appris jeudi auprès de la gendarmerie.
« Au moins 10 corps portant des traces de sévices flottant sur la rivière Ouaka à Bambari ont été repêchés depuis le début de la semaine, provoquant la consternation et suscitant des inquiétudes parmi les habitants qui continuent de fuir vers l’évêché », a indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat une source de la gendarmerie centrafricaine.
« Les corps jetés dans la rivière sont tous des hommes. Ils portent des traces de tortures, de coups et blessures à l’arme blanche ou par balle et ont les mains et les pieds ligotés dans le dos et reliés par des cordes. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de ces tueries », a ajouté cette source.
De son côté, un journaliste local s’exprimant lui aussi sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité a précisé: « les corps retrouvés sont affreusement mutilés. L’horreur et la panique se sont emparées de Bambari. Les conditions de vie sont rendues exécrables par les ex-Séléka qui infiltrent facilement les quartiers pour s’attaquer aux civils. Certes les soldats français (de l’opération Sangaris) sont là, ils les traquent, mais ils sont présents dans les quartiers en tenue civile ».
Il y a deux semaines des affrontements entre groupes armés ont eu lieu au village Liwa dans la région de Bambari faisant au moins 22 morts.
Interrogé par l’AFP au sujet des corps repêchés, Amadi Nedjad, porte-parole de l’ex-Séléka a démenti que son mouvement ait commis des exactions à Bambari.
« Les éléments de l’ex Séléka sont tous cantonnés à présent à Bambari. On ne peut pas dire que ce sont eux qui quittent leurs lieux de cantonnement, pourtant surveillés par les forces françaises de Sangaris et africaines de la Misca, pour aller commettre des exactions », a-t-il affirmé.
A la suite de la prise du pouvoir en mars 2013 par la coalition rebelle Séléka – renversée en janvier – des exactions similaires avaient été commises à Bangui contre les éléments des forces armées centrafricaines (FACA) et des civils par les combattants Séléka.
De nombreux corps présentant des traces de sévices, voire mutilés, avaient été repêchés dans l’Oubangui, entraînant l’ouverture d’une enquête par le parquet de Bangui.
Lundi, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) avait dénoncé « l’utilisation systématique » de la violence par les groupes armés contre les populations dans la région de Bambari.
Depuis plus d’un an, la Centrafrique vit une crise sans précédent. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, dont de nombreux civils musulmans contraints à fuir des régions entières face aux violences des milices chrétiennes anti-balaka.
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