Mondial: la Côte d’Ivoire a aussi son Maracana

Si la finale du Mondial-2014 se tiendra bien le 13 juillet au stade Maracana, temple païen du football, la ville de Bouaké (centre) a déjà accueilli dimanche celle de la coupe nationale de maracana, un dérivé de cette discipline made in Côte d’Ivoire.

Mondial: la Côte d’Ivoire a aussi son Maracana © AFP

Mondial: la Côte d’Ivoire a aussi son Maracana © AFP

Publié le 10 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

La discipline emprunte évidemment son nom à l’enceinte mythique de Rio de Janeiro, qui abrita la finale de la Coupe du monde 1950, perdue par le Brésil devant l’Uruguay et . . . 199. 854 spectateurs en larmes.

Le foot à l’ivoirienne, qui se pratique sur petit terrain entre deux équipes de six joueurs de champ, sans gardiens, et dont les buts ne sont validés que s’ils sont marqués dans les surfaces de réparation, fait la part belle au jeu technique et audacieux. A l’instar de son modèle, le « futebol » brésilien.

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C’est d’ailleurs au Brésil que des étudiants ivoiriens sont allés chercher leur inspiration. En 1973, une vingtaine d’entre eux se voient offrir un voyage d’un mois dans ce pays par le président Félix Houphouët-Boigny.

Le « père de la nation ivoirienne » souhaitait ouvrir les yeux de ses cadets. Il attisera surtout leur passion footballistique.

– ‘Caste’ –

La seleçao brésilienne vient de remporter trois des quatre dernières Coupes du monde (1958, 1962 et 1970). Ses joueurs emblématiques, Pelé, Jairzinho ou Gerson, deviennent des icônes planétaires. Le Maracana une cathédrale à visiter impérativement.

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« Quand mes aînés sont revenus, tout de suite ils ont eu à l’idée » d’ »imprimer » le nom « Maracana » au « petit sport » qu’ils jouaient sur « un terrain de handball » de l’université de Cocody, raconte Jean-Baptiste Kipré, qui fit partie de la deuxième promotion d’étudiants Ivoiriens à se rendre au Brésil, en 1977.

Le football se jouait déjà sur de petites surfaces en Côte d’Ivoire. Mais le maracana sera façonné avec « des règles » et des « structures » particulières, « à la sauce ivoirienne », souligne l’athlétique M. Kipré, âgé de 57 ans.

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De son périple brésilien, lui se souvient aussi des enfants taquinant le ballon dans les favelas, avec « deux briques » en guise de buts. « Ca m’a fasciné, car c’est comme cela que j’avais appris à jouer au football dans mon pays, avec une balle en chiffon ou en latex », se souvient-il.

Mais le maracana ivoirien sera à ses débuts un « sport d’élite », « un genre de caste où ne venaient que des dinosaures », remarque Charlemagne Bleu, le président de la Fimada (Fédération ivoirienne de maracana et disciplines associées).

Les étudiants du campus de Cocody, un quartier bourgeois d’Abidjan, sont alors souvent issus de familles aisées. Nombre de joueurs de maracana occupent de hautes positions gouvernementales ou civiles aujourd’hui.

A l’instar de l’actuel ministre de l’Energie et du Pétrole Adama Toungara, surnommé « l’ambassadeur » car il étudiait à l’étranger, explique M. Bleu. Ou du ministre des Eaux et Forêts, Mathieu Babaud Darret, dit « Cerezo », en hommage au légendaire milieu de terrain brésilien.

– Charlemagne Bleu –

« J’étais un très bon joueur de maracana, reconnu sur le territoire national, se flatte ce dernier. J’ai joué partout dans le pays. Quand je suis en mission, je vais dans des lycées et je joue. « 

Les cadres de l?administration, appelés à se déplacer énormément en Côte d’Ivoire, participent de fait à la diffusion de la discipline sur le territoire.

Ce qui permet au maracana et autre football de rue de compter aujourd’hui 4,3 millions de pratiquants, dont 12. 000 licenciés, se félicite Charlemagne Bleu, commissaire de police de son état, fier de la « démocratisation » de la discipline.

Cerise sur le gâteau, le maracana s’est aujourd’hui exporté dans les Etats limitrophes, du fait des jeunes originaires des pays voisins venus étudier en Côte d’Ivoire, pays qualifié de « locomotive » de l’Afrique de l’ouest.

Un troisième Coupe d’Afrique des nations de maracana se tiendra du 17 au 22 septembre au Niger. Douze pays y participeront.

Le maracana dispose également de « représentations » en Amérique du nord et en Europe, déclare le président de la Fimada, sûr du fait que son sport gagnera « d’ici cinq à dix ans » « les cinq continents » et aura un futur « olympique ».

A Bouaké, dimanche, c’est Khorogo (nord) qui s’est imposée 4 à 0 face au MC 180, un club d’Abidjan. Tous les participants peuvent à présent s’assoir dans leur fauteuil et regarder le Mondial, qui débute dans deux jours à Sao Paulo.

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