Procès Al-Jazeera en Egypte: « peine maximale » de prison requise

Un procureur égyptien a requis jeudi la « peine maximale » contre 20 journalistes et employés d’Al-Jazeera, dont quatre étrangers, accusés de soutenir les Frères musulmans du président Morsi destitué par l’armée, ces peines pouvant aller de 15 à 25 ans de prison selon leur avocat.

Procès Al-Jazeera en Egypte: « peine maximale » de prison requise © AFP

Procès Al-Jazeera en Egypte: « peine maximale » de prison requise © AFP

Publié le 5 juin 2014 Lecture : 3 minutes.

Dans ce procès contre les reporters de la chaîne qatarie, qui a déclenché un tollé international, neuf détenus sont jugés au Caire et 11 personnes par contumace.

Seize Egyptiens sont accusés d’appartenir à une « organisation terroriste » –les Frères musulmans du président Mohamed Morsi– et quatre étrangers d’avoir diffusé « de fausses nouvelles » en vue de soutenir la confrérie islamiste, dont l’Australien Peter Greste. Ce dernier est, avec l’Egypto-Canadien Mohamed Fadel Fahmy, détenu depuis 5 mois.

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M. Fahmy, le chef du bureau d’Al-Jazeera avant que la chaîne ne soit interdite d’exercer, est jugé en tant qu’Egyptien, la justice refusant systématiquement de reconnaître la double nationalité de toute personne mise en cause sur son territoire.

Trois autres journalistes étrangers –deux Britanniques et une Néerlandaise– travaillant partiellement pour la chaîne d’information qatarie avaient fui l’Egypte peu après les premières arrestations.

– ‘Crimes abominables’ –

« Nous réclamons que le tribunal leur inflige la peine maximale pour punir les crimes abominables qu’ils ont commis, sans pitié ni compassion », s’est exclamé le procureur, Mohamed Barakat, en requérant contre les 20 accusés. « Un jugement clément, pour de tels individus, plongerait la société entière dans l’obscurité », a-t-il ajouté en concluant: « Al-Jazeera est maîtresse dans l’art de la fraude ».

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Un avocat de la défense a expliqué à l’AFP que la peine maximale était de 25 ans pour les Egyptiens, et 15 ans pour les quatre étrangers qui ne sont pas accusés d’appartenir aux Frères musulmans.

Les accusés travaillaient sans l’accréditation obligatoire pour tous les médias.

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Ces lourdes réquisitions surviennent en pleine vague d’une implacable et sanglante répression visant les pro-Morsi et deux jours après que l’ex-chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle, avec 96,9% des suffrages exprimés.

M. Sissi a été élu triomphalement lors du scrutin des 26, 27 et 28 mai après avoir éliminé toute opposition de la scène politique –essentiellement les Frères musulmans de M. Morsi–, et confronté à un unique et pâle rival.

Ce maréchal à la retraite dirigeait déjà de facto le pays depuis qu’il a destitué et fait arrêter le 3 juillet 2013 M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte.

Depuis, plus de 1. 400 manifestants pro-Morsi ont péri sous les balles des policiers et soldats, plus de 15. 000 de ses partisans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort ou à la prison à vie dans des procès expéditifs.

Alors qu’ils couvraient ces événements, MM. Greste et Fahmy avaient été arrêtés le 29 décembre dans une chambre d’hôtel du Caire qu’ils avaient transformée en bureau après que les locaux d’Al-Jazeera eurent été assaillis et perquisitionnés par la police.

Depuis le début de leur procès, ces journalistes apparaissent à chaque audience derrière le grillage d’une cage aux côtés de leurs sept co-accusés détenus, dont certains jeunes étudiants assurant n’avoir collaboré que très ponctuellement avec Al-Jazeera.

Les accusés dénoncent régulièrement un procès « inique » et « politique » et des preuves « totalement fabriquées ». Ils sont soutenus dans le monde entier, une campagne proclamant que « le journalisme n’est pas un crime » ayant été lancée par des membres de médias.

L’Egypte considère Al-Jazeera comme le porte-voix du Qatar, or le Caire et Doha sont à couteaux tirés depuis la destitution de M. Morsi par l’armée. Le nouveau pouvoir égyptien reproche au Qatar de soutenir les Frères musulmans, tandis que Doha dénonce ouvertement la répression contre les partisans de M. Morsi.

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