Dans le nord du Cameroun, les lycéennes redoutent d’être enlevées

« J’ai trop peur que les Boko Haram arrivent dans notre établissement pour nous kidnapper »: comme Sidonie Dimissigue, des dizaines d’élèves du lycée de Fotokol, dans l’extrême nord du Cameroun, vivent dans la terreur d’un scénario à la nigériane.

Dans le nord du Cameroun, les lycéennes redoutent d’être enlevées © AFP

Dans le nord du Cameroun, les lycéennes redoutent d’être enlevées © AFP

Publié le 4 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Au total, 276 filles ont été enlevées le 14 avril dans leur lycée du nord-est du Nigeria par le groupe islamiste Boko Haram (« L’éducation occidentale est un péché »), provoquant une immense émotion dans le monde entier. Aujourd’hui, 219 adolescentes restent captives.

La psychose gagne désormais le Nord-Cameroun frontalier, et en particulier les jeunes filles du lycée de Fotokol, situé à quelques centaines de mètres seulement de la ville nigériane de Gamboru, où les islamistes ont massacré 300 personnes début mai, selon des sources locales.

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« Au premier trimestre, je suivais bien les cours, mais depuis qu’ils ont enlevé les filles au Nigeria, je suis perturbée », raconte à l’AFP Sidonie, 15 ans, une jeune fille de confession chrétienne.

« Les idées se bousculent dans ma tête. J’en parle avec papa dans l’espoir d’être apaisée », explique-t-elle.

Aïssatou Iyabete, 19 ans, élève en classe de seconde, dit aussi avoir « peur, parce qu’ils ont dit qu’ils allaient venir à Fotokol ».

A l’approche de la fête nationale de la jeunesse, le 20 mai, des rumeurs selon lesquelles les islamistes planifiaient une attaque avaient circulé dans la ville, provoquant une panique générale. Mais il ne s’est finalement rien passé.

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– « détruire l’avenir des filles » –

L’enlèvement des lycéennes au Nigeria a cependant bouleversé les comportements des collégiennes et lycéennes de Fotokol, notamment pour les cours de soutien, suspendus un temps.

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« Nous avons attendu deux à trois semaines avant de reprendre les cours dans les groupes d’étude », souligne Alice Kouvou, lycéenne de 20 ans.

« Nous avions peur d’être kidnappées. Cette peur est toujours là », confie-t-elle.

« Mes parents qui vivent dans une autre ville m’ont demandé de quitter Fotokol, disant que ça ne servait à rien de perdre sa vie à l’école », affirme la jeune fille. Mais elle a choisi de rester malgré tout.

Alice Kouvou craint aussi que le rapt des lycéennes nigérianes puisse « radicaliser les parents musulmans », qui déjà « n’aiment pas envoyer leurs enfants à l’école », surtout les filles.

La région de Fotokol, où vit une grande majorité de musulmans, fait partie des zones sous-scolarisées de l’Extrême-Nord camerounais.

Toutes ces lycéennes condamnent les agissements des islamistes armés nigérians. Pour Joceline Ada, 15 ans, élève en classe de 3e, ce que fait Boko Haram « n’est pas bien parce qu’ils veulent détruire l’avenir de ces filles ».

« L’éducation de la jeune fille est une priorité. L’acte des islamistes n’est pas tolérable », condamne aussi Sidonie Dimissigue. « Ils ont tort de marier les filles et de les islamiser par force ». « Personne n’a le droit d’imposer une religion à une autre personne », juge-t-elle.

Dans une vidéo, le groupe islamiste, qui a revendiqué ce rapt sans précédent, avait affirmé avoir converti à l’islam les lycéennes et vouloir les marier de force.

Quelque 300 soldats et gendarmes camerounais ont été déployés dans la ville ces derniers jours pour lutter contre la menace Boko Haram.

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