Futur procès en France de deux Rwandais pour génocide: satisfaction de Kigali
Les autorités rwandaises ont salué samedi le renvoi devant la justice française de deux Rwandais pour leur participation au génocide de 1994, en regrettant qu’ils n’aient pas été extradés vers le Rwanda et en fustigeant la lenteur des procédures en France.
C’est une « satisfaction (. . . ) même si ça a pris du temps », a déclaré samedi à l’AFP Alain Mukuralinda, porte-parole du procureur général du Rwanda. « On aurait souhaité qu’ils soient jugés au Rwanda (. . . ) là où les crimes ont été commis, mais l’essentiel est que la justice se fasse », a-t-il poursuivi.
Des juges d’instruction français ont ordonné mercredi le renvoi devant une Cour d’assises de deux anciens bourgmestres rwandais, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, pour leur participation présumée au génocide qui a fait entre avril et juillet 1994 environ 800. 000 morts, principalement au sein de la minorité tutsi.
Cette décision ouvre la voie à un deuxième procès en France de Rwandais pour les massacres de 1994, deux mois après la condamnation à Paris de Pascal Simbikangwa, ex-officier rwandais, à 25 ans de prison pour génocide.
Contrairement à d’autres pays comme le Canada ou la Norvège, la justice française a jusqu’ici toujours refusé d’extrader des suspects de génocide réclamés par Kigali, suscitant les critiques des autorités rwandaises, issues de l?ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) qui a mis fin au génocide en prenant le pouvoir en juillet 1994.
Cette décision « montre une prise de conscience (de la justice française) du fait que ceux qui ont commis des crimes doivent être traduits en justice » même si ce procès « aurait dû avoir lieu beaucoup plus tôt », a réagi samedi le ministre rwandais de la Justice, Johnston Busingye.
« Nous voulons que justice soit rendue », a-t-il ajouté.
Plus d’une vingtaine d’enquêtes sont en cours en France sur des Rwandais soupçonnés d’avoir participé au génocide de 1994.
Les relations diplomatiques entre Paris et Kigali se sont à nouveau tendues début avril,à la veille des commémorations du 20e anniversaire du génocide, le président rwandais Paul Kagame ayant accusé la France, alliée en 1994 du régime hutu responsable du génocide, d’avoir joué un « rôle direct » dans les massacres.
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