Au Maroc, l’intégration à petits pas de Samuel et des écoliers subsahariens

« Ba-tta-ri-yat »: le nez collé au tableau, Samuel, un petit Ivoirien, est appliqué mais encore un peu hésitant dans sa diction, à l’image de la « nouvelle politique migratoire » du Maroc, confrontée à de multiples défis dont la scolarisation de « milliers » d’enfants subsahariens.

Au Maroc, l’intégration à petits pas de Samuel et des écoliers subsahariens © AFP

Au Maroc, l’intégration à petits pas de Samuel et des écoliers subsahariens © AFP

Publié le 27 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

Pour répondre aux critiques en même temps qu’à l’afflux de migrants aux portes de l’Europe, le royaume s’est lancé ces derniers mois dans un vaste processus de régularisations parmi les 30. 000 clandestins, pour la plupart originaires d’Afrique noire, qui se trouveraient sur son sol.

Parmi eux, Samuel, 8 ans, scolarisé en classe de CE1 à l’école Imam Malik, à Rabat, la capitale.

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« Ba-tta-ri-yat » (« batteries »), lit-il, règle à la main, de manière encore saccadée. Au milieu des 500 élèves de cet établissement du quartier populaire de Mabella, le petit garçon dit toutefois se sentir comme un poisson dans l’eau.

« Tout le monde est gentil. Les cours sont en arabe, c’est parfois un peu dur. Mais on prend le temps de m’expliquer », assure-t-il d’une voix fluette.

Pour le Maroc, de plus en plus considéré comme pays d’accueil et non de simple transit, la régularisation des clandestins constitue un challenge éducatif, au-delà des seuls défis sécuritaire et administratif, ont récemment relevé des ONG spécialisées.

Dans ce contexte, le ministère de l’Education a émis en octobre 2013 une circulaire sur « l’intégration des élèves étrangers issus des pays du Sahel et subsahariens », et ce sont des « milliers d’enfants » qui sont concernés, fait valoir Vincent Tournecuillert, responsable de l’ONG « Terre des hommes ».

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Les pratiques restent « embryonnaires », mais elles représentent « un grand pas vers l’expression d’une volonté politique d’intégration », ajoute-t-il, en marge de la présentation d’un rapport intitulé « Enfants migrants et école marocaine ».

D’après Halima Qassemy, membre de l’ONG « Oum El Banine » et principale auteure de l’étude, ces enfants sont actuellement plus d’une centaine à être scolarisés dans le royaume, la plupart dans la région de Rabat, à l’image de Samuel.

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– ‘Echange culturel’ –

« Bien sûr, leur présence ici les poussent à affronter plusieurs défis. Ils doivent apprendre la darija (l’arabe dialectal) pour communiquer et l’arabe classique pour comprendre les manuels », commente son institutrice, Bouchra Mansouri.

Au fond de la classe un dessin du garçonnet représente une carte du Maroc et de la Côte d’Ivoire, surmontée d’un c?ur.

Les enfants subsahariens « sont accueillis de manière très naturelle et considérés comme n’importe quel écolier marocain », affirme à l’AFP le directeur d’école, Mohamed Ahjam, la cinquantaine.

« Ils ont des amis et je remarque parfois pendant la récréation qu’ils montrent leurs danses: c’est une preuve d’échange culturel », dit-il.

M. Ahjanm assure que son établissement serait en mesure d’en accueillir « plus ».

Mais, dans la pratique, la tâche ne paraît pas si simple. D’après les ONG, certains enfants sont victimes « d’actes d’exclusion » de la part de petits camarades, au point d’amener des parents « à les retirer de l’école », avance Mme Qassemy.

Parmi les recommandations du rapport figure ainsi un travail de « sensibilisation » auprès de tous les acteurs, dont les parents d’élèves marocains. « C’est l’éducation qui influence beaucoup l’attitude » des enfants, juge-t-elle.

Autres écueils, le manque de documents administratifs pour l’inscription, d’autant que le processus de régularisation avance doucement –moins de 1. 200 sur 15. 000 demandes déposées–.

Mais aussi le contenu des enseignements: à ce titre, l’ONG Oum El Banine préconise une « dispense des matières islamiques » pour les enfants « d’autres confessions ».

Quant aux lacunes en arabe, « l’académie a lancé des partenariats avec des associations » afin de développer son enseignement dans « des classes préparatoires », signale à l’AFP Laila El Marjani, chef du service de la carte scolaire et de l’orientation.

Le 14 mai, alerté sur leur « isolement », le ministère de l’Education a par ailleurs annoncé la mise en place d’un examen de fin de primaire en anglais, en lieu et place du français, pour les enfants d’Afrique anglophone.

La semaine passée, le ministre Rachid Belmokhtar s’est rendu, en personne, dans une école primaire de Rabat pour témoigner de l’engagement du gouvernement.

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