Bousculade mortelle à Kinshasa: les supporteurs pointés du doigt

Le gouvernement de la République démocratique du Congo a accusé lundi des supporteurs agissant en « milices » d’être partiellement responsables de la bousculade qui a fait 15 morts à Kinshasa dimanche pendant un match de football.

Bousculade mortelle à Kinshasa: les supporteurs pointés du doigt © AFP

Bousculade mortelle à Kinshasa: les supporteurs pointés du doigt © AFP

Publié le 12 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

Il est « tout à fait inacceptable » que certains groupes de supporteurs se comportent comme de « véritables milices », « comme si le sport était devenu une sorte de jeu de combat », a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende.

« Bien sûr, les responsabilités sont partagées. (. . . ) Nous allons examiner maintenant la responsabilité réelle des clubs sportifs engagés, la responsabilité des groupes de supporteurs, qui ne doivent pas se transformer en groupes de milices », a ajouté M. Mende au sortir d’un « comité de crise » présidé par le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej.

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La rencontre de dimanche, jouée au stade Tata Raphaël, opposait l’AS V. Club, équipe très populaire de Kinshasa, au Tout Puissant Mazembe, club plusieurs fois champion d’Afrique, basé à Lubumbashi (sud-est), pour la dernière journée du championnat de football national de première division (Linafoot). Le TP Mazembe l’a emporté par un but à zéro et a conservé son titre de champion de la RDC pour la quatrième année consécutive.

Le stade mythique, qui a accueilli il y a près de 40 ans le combat de boxe entre Mohammed Ali et George Foreman, a une capacité de 54. 000 places. Bien avant le début du match, le stade était plein, et des supporteurs étaient montés sur des projecteurs pour voir la rencontre.

– Victimes piétinées –

Il y avait en tout dimanche entre 60. 000 et 65. 000 personnes, a expliqué à l’AFP un responsable du stade. Aux alentours, plusieurs dizaines de policiers étaient déployés.

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« Les désordres ont commencé après les jets de pierres sur les joueurs d’une des deux équipes engagées, après des jets de pierres sur les éléments de la Croix-Rouge qui voulaient secourir ces joueurs, et après les jets de pierres sur les arbitres », a résumé M. Mende.

Le responsable du stade, sous couvert d’anonymat, livre une toute autre version : « Il n’y a pas eu de jet de pierres. Pour la première fois, j’ai vu l’AS V. Club accepter une défaite. Ils ne voulaient pas créer de remous de peur que leur match de dimanche contre (l’équipe égyptienne) Zamalek soit délocalisé » hors de Kinshasa.

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« A 20 minutes de la fin, certains ont commencé à sortir à cause de la surpopulation. Il y a eu de petits remous et la police a tiré du gaz lacrymogène (. . . ) Les gens se sont précipités pour sortir du stade. Ceux qui sont morts sont ceux qui sont tombés et qui ont été piétinés », a-t-il commenté.

« Les corps que j’ai vus, les corps inertes, morts, j’en ai vu 15. (. . . ) Il doit y avoir une vingtaine de blessés », a-t-il ajouté, précisant que, d’ordinaire, les débordements font « juste des blessés » et des dégâts matériels.

– Porte fermée

« C’est possible que les grenades lacrymogènes aient provoqué un mouvement de panique qui a été aggravé par le fait que l’une des deux portes (de sortie) était fermée et que tout le monde s’est précipité vers la seule porte qui était ouverte. (. . . ) C’était là qu’on a enregistré le plus de pertes en vies humaines », a reconnu le porte-parole du gouvernement.

Une commission d’enquête a été mise en place. Le bilan officiel définitif de la bousculade fait état de « 15 morts » et d’une vingtaine de blessés. Selon M. Mende, lundi, seuls trois blessés restaient hospitalisés.

Lundi après-midi, la situation était normale au stade Tata Raphaël, où s’affrontaient deux équipes de première division provinciale, selon un journaliste de l’AFP.

TP Mazembe appartient au puissant homme d’affaires Moïse Katumbi, gouverneur de la riche province minière du Katanga, dont Lubumbashi est la capitale.

L’AS V. Club est la propriété du général Gabriel « Tango Four » Amisi, chef de l’armée de terre suspendu depuis novembre 2012 à la suite de soupçons de trafic d’armes au bénéfice de rebelles. Dimanche, protégé par sa garde, il était présent au match, en civil, selon le responsable du stade.

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