Avec « Half of a yellow sun », l’acteur Chiwetel Ejiofor renoue avec son histoire
L’acteur britannique Chiwetel Ejiofor, nommé aux Oscars cette année pour sa performance dans « 12 years a slave », explore ses origines et son histoire familiale dans « Half of a yellow sun », qui revient sur une page douloureuse de l’histoire nigériane : la guerre du Biafra.
Le film qui sort le 25 avril au Nigeria, adapté du best-seller éponyme de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, raconte le destin de soeurs jumelles au Nigeria entre 1960, année de l’indépendance, et 1970, à la fin de la guerre du Biafra, qui a fait plus d’un million de morts en trois ans, lors de la sécession de cette province du Sud-Est.
Vendu à 800. 000 d’exemplaires rien qu’en anglais et traduit en 35 langues, le roman « L’Autre moitié du soleil », dont le titre fait référence à l’éphémère drapeau biafrais, a été adapté au cinéma par l’écrivain nigérian Biyi Bandele, dont c’est le premier long métrage.
Produit par la Britannique Andrea Calderwood –la productrice du « dernier roi d’Ecosse », sur le dictateur ougandais Idi Amin Dada– le film a été entièrement tourné dans le sud-est du Nigeria, dans les studios de Tinapa, à Calabar, et dans la ville de Creektown.
Chiwetel Ejiofor, qui a été le premier britannique Noir à concourir pour l’Oscar du meilleur acteur, y endosse le rôle principal d’Odenigbo, un professeur de mathématiques à l’université qui prend part avec ses collègues à des débats enflammés, pendant de longues soirées alcoolisées, sur l’avenir de leur pays.
– La mémoire de son grand-père –
En visite à Lagos la semaine dernière pour présenter le film à la presse, l’acteur né il y a 36 ans de parents nigérians, a revendiqué ses origines Igbo, l’ethnie au centre de la guerre du Biafra.
« La guerre du Biafra a été un élément central dans mon éducation et dans mon histoire familiale. Je dirais même que la guerre du Biafra est la raison pour laquelle je suis né à Londres et non au Nigeria, mes parents ayant fui après la guerre. C’est quelque chose dont on parlait beaucoup, à la maison, dans ma famille », a-t-il déclaré aux journalistes.
Revenu au Nigeria il y a six ans pour faire des recherches sur son père, mort dans un accident de voiture quand il avait 11 ans, Chiwetel Ejiofor a noué une relation très forte avec son grand-père maternel, décédé depuis, qui lui a longuement parlé de la guerre.
« Il m’a parlé de sa propre expérience entre 1960 et 1970, et s’en est suivi un entretien qui a duré environ dix heures (. . . ) J’ai fait écouter cet enregistrement à Biyi (Bandele) et une partie des acteurs du film » a-t-il raconté.
« Donc le fait de faire ce film était quelque chose de très personnel pour moi », a-t-il estimé, notamment à cause de tous les points communs entre son personnage, Odenigbo, et son grand-père maternel. « J’avais Chiwetel en tête pour le rôle d’Odenigbo. Je n’ai pas eu besoin de faire d’audition, je savais qu’il serait parfait, et c’est le cas », a confié Biyi Bandele à l’AFP.
– Budget réduit et typhoïde –
Le tournage, qui a duré cinq semaines au lieu de huit pour des raisons de budget — le film a coûté huit millions de dollars au total selon plusieurs médias dont CNN– dans le sud-est du Nigeria a été épique, raconte M. Bandele, mais ça a finalement rajouté une dimension tragique au film, pense-t-il.
« Certains d’entre nous on attrapé la typhoïde (. . . ) à Creek Town. L’eau ou la nourriture qu’on a consommé le premier jour de tournage devaient être contaminés » a-t-il relaté à l’AFP.
L’actrice britannique Thandie Newton, qui joue le rôle principal d’Olanna, fait partie de ceux qui sont tombés malades, explique-t-il.
« Nous avons commencé par tourner la seconde moitié du film », qui se déroule pendant la guerre, raconte M. Bandele. « Et dans cette partie on voit Thandie dans un piteux état. En fait elle avait la typhoïde! Et son personnage est censé traverser des choses très difficiles donc ça collait vraiment bien (. . . ) Je ne le recommande pas comme une technique de tournage, mais vraiment ça a bien fonctionné pour nous », lance-t-il, esquissant un sourire.
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