Rugby: le dopage, part d’ombre du titre mondial des Springboks en 1995 ?

Le titre de champion du monde de l’Afrique du Sud en 1995 a été un des mythes fondateurs de la nation « arc-en-ciel » tout juste sortie de l’apartheid, mais sur cette historique épopée plane aujourd’hui l’ombre du dopage.

Rugby: le dopage, part d’ombre du titre mondial des Springboks en 1995 ? © AFP

Rugby: le dopage, part d’ombre du titre mondial des Springboks en 1995 ? © AFP

Publié le 23 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

Un reportage diffusé le 23 mars dans l’émission Stade 2 met en lumière la sur-représentation de maladies neurologiques rares dans la génération de joueurs sud-africains de la première moitié des années 1990.

Aucune preuve scientifique n’a à ce jour mis en lumière un lien de cause à effet entre le dopage et ces maladies. « On n’a pas de réponse, on veut ouvrir le débat qui est tabou », explique à l’AFP l’auteur du reportage, Nicolas Geay.

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Une équipe de France 2 est allée en janvier à la rencontre de plusieurs anciens Springboks, dont Joost van der Westhuizen, figure du titre de 1995, ainsi que André Venter, international à partir de 1996, et Tinus Linee, international jusqu’en 1994.

Venter souffre de myélite transverse, une maladie « qui touche une personne sur un million », précise le reportage. Van der Westhuizen et Linee souffrent de sclérose latérale amyotrophique, plus connue sous le nom de maladie de Charcot, « qui touche 4 à 8 personnes sur 100. 000 ».

Trois hypothèses sont évoquées pour expliquer cette récurrence: la répétition des chocs, les pesticides dispersés sur les pelouses et le dopage.

Van der Westhuizen, provocateur demi de mêlée aux 89 sélections (43 ans), est cloué depuis avril 2011 dans un fauteuil roulant. Son élocution est difficile. « Je ne connais pas la cause (de la maladie, ndlr), personne ne la connaît », affirme-t-il.

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– Pour cacher l’EPO ? –

Linee (44 ans), lui, ne peut plus parler mais il dément vigoureusement de la tête des pratiques dopantes. « Je pense que ça a un rapport avec le rugby », glisse toutefois sa femme.

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« Ce qui m’a marqué, c’est que beaucoup des gens qu’on a interviewés disent +Il n’y a aucune culture de dopage dans le rugby sud-africain+. Mais quand on éteignait la caméra, c’était +Chez nous, ça commence dès les jeunes+, +Quand on était chez les Springboks ou dans les provinces, on prenait tel produit+. . . Les langues se déliaient, à part pour Pienaar et Wiese qui ont un discours formaté », raconte Nicolas Geay.

Au début des années 1990, de fait, les circonstances sont favorables à de telles pratiques: le rugby n’est pas encore professionnel, la lutte antidopage est embryonnaire et les enjeux politiques dans l’Afrique du Sud post-apartheid sont colossaux.

Le capitaine emblématique des Springboks François Pienaar a ainsi raconté dans son autobiographie la prise systématique de pilules. « On était des amateurs, on s’entraînait dur. Il n’y avait rien d’illégal. C’étaient des vitamines mais plus tard, elles ont été interdites, alors on a tout arrêté », confirme-t-il à France 2.

« Quand François parle de pilules, ce n’est rien de plus que des vitamines B12. On restait dans les limites, on prenait des piqûres de B12, des trucs pour les blessures (. . . ) Ça ne pouvait pas être autre chose, je n’ai jamais été contrôlé positif », ajoute de son côté le toujours robuste deuxième ligne Kobus Wiese.

Or les cures de B12 ont souvent accompagné la prise d’EPO pour en accentuer les effets. Et l’érythropoïétine était indétectable en 1995.

« On ne pourra sûrement jamais le prouver et je n’affirme pas qu’ils ont pris de l’EPO, mais la question se pose quand on voit l’importance de la B12 », explique Nicolas Geay. Contacté par ses soins, le médecin des Springboks en 1995 n’a pas donné suite.

L’Afrique du Sud réunifiée s’est en partie bâtie sur l’icône de Nelson Mandela vêtu du maillot vert, remettant la Coupe du monde à François Pienaar. Les héros de cette page d’Histoire en ont-ils payé un prix, même à leur insu ? Certains semblent prêts à le faire, à l’image de van der Westhuizen qui affirme: « Je n’ai pas peur de mourir, je suis heureux ».

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