Garoua-Boulaï, première halte sur la route de l’exil de Centrafrique

« Les anti-balaka ont tué mon frère aîné. Ils ont détruit tous les biens de mon père », raconte Moussa Hayatou, Nigérian. Comme des dizaines de milliers d’autres Africains, de toutes nationalités, il a fui la Centrafrique et ses tueries pour le Cameroun.

Garoua-Boulaï, première halte sur la route de l’exil de Centrafrique © AFP

Garoua-Boulaï, première halte sur la route de l’exil de Centrafrique © AFP

Publié le 14 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

A la ville frontière de Garoua-Boulaï (350 km au nord-est de Yaoundé), ils sont ainsi 11. 000 – hommes, femmes, enfants – de 12 nationalités différentes, chrétiens et musulmans, venus de la capitale centrafricaine ou de localités de province, effrayés par les miliciens majoritairement chrétiens anti-balaka ou les combattants essentiellement musulmans Séléka.

Chaque jour, il y a de nouvelles arrivées à Garoua-Boulaï et dans les 12 autres points d’entrée au Cameroun dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua (nord), soit entre 4 et 5. 000 personnes par semaine, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Au total, le Cameroun abrite désormais plus de 130. 000 personnes ayant fui les violences en Centrafrique.

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A Garoua-Boulaï, des milliers d’entre eux dorment à la belle étoile à l’intérieur d’un site créé dans l’urgence par les autorités locales et le HCR.

« On souffre beaucoup ici. Il n’y a pas assez à manger. Il n’y a ni lits, ni matelas, ni couvertures pour nous », raconte Moussa, la trentaine, qui exclut un retour en Centrafrique: « Ce papa se partage une natte avec ses enfants » (cinq personnes), explique-t-il montrant du doigt un de ses compatriotes.

Lorsque ces migrants et réfugiés sont arrivés au poste-frontière, ils « étaient tous en plein air, sous la pluie », explique Ndour Ndeye, représentante du HCR au Cameroun. « Cela m’a fait prendre une décision rapide pour mettre des tentes », mais pas en nombre suffisant pour garantir un abri à tous. Un enfant de 12 ans est décédé récemment sur le site après avoir été mordu par un serpent, dit-elle.

Face à l’afflux, le HCR viabilise actuellement six sites au Cameroun, où sont transférés progressivement les réfugiés, dont ceux de Garoua-Boulaï.

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Jeudi, environ 200 d’entre eux sont ainsi arrivés à bord de cars sur le site du village de Gabo-Badzere, à une vingtaine de km de Garoua-Boulaï, portant à 2. 020 le nombre de personnes déjà transférées ici.

Seuls les Centrafricains sont concernés par cette opération, le HCR encourageant les chancelleries des autres pays à prendre des dispositions pour le retour de leurs ressortissants.

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– Ville saturée –

Sur le site, toute l’infrastructure n’est pas encore prête. Même si plus de 160 tentes ont déjà été construites, il n’existe qu’un point d’eau, insuffisant pour alimenter toute cette population. Les latrines manquent.

« Le transfert a été précipité. Il y a un risque évident d’épidémie parce qu’il n’y a pas (suffisamment) d’eau et de latrines. Il y a un manque de coordination » entre les agences humanitaires, critique un membre de Médecins Sans Frontières (MSF).

Le HCR et les autorités administratives rétorquent que l’urgence et le retour imminent des pluies justifient amplement la décision de transférer les réfugiés sans que toutes les conditions soient réunies.

Car la ville de Garoua-Boulaï est saturée: il n’y a plus de places dans les hôtels et les malades venus de Centrafrique remplissent les hôpitaux. Des enfants souffrent de malnutrition.

Sur le côté de la rue principale, bagages, marmites, matelas, jerricans, sont posés çà et là. Ils appartiennent soit à ceux qui viennent d’arriver soit à ceux qui attendent d’être transférés vers l’intérieur du Cameroun.

Non loin de l’arbre qui sert d’abri à Moussa, des gens patientent devant une table qui fait office de bureau d’enregistrement des nouvelles personnes arrivées de Centrafrique, et qui pour la plupart, disent ne plus vouloir y retourner.

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