Nigeria: la loi homophobe viole les droits de l’Homme et sa constitution
La Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a estimé jeudi que l’interdiction du mariage homosexuel par le Nigeria violait les droits de l’Homme et la constitution du pays.
« Je suis inquiète des implications de la loi récemment votée qui interdit le mariage entre personnes du même sexe », a déclaré Mme Pillay lors d’une rencontre avec le ministre nigérian de la Justice.
« En plus de violer les droits fondamentaux énoncés par le PIDCP (Pacte international relatif aux droits civils et politiques), elle viole également la Charte africaine (des droits de l’Homme) et la Constitution nigériane elle-même », a-t-elle ajouté.
Le président nigérian Goodluck Jonathan avait promulgué début janvier une loi interdisant les unions entre personnes de même sexe et restreignant les droits des homosexuels, très critiquée sur la scène internationale.
La loi, adoptée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en mai dernier, prévoit une peine de 14 ans de prison en cas de mariage homosexuel et 10 ans d’emprisonnement contre les personnes de même sexe affichant publiquement leur relation.
Les défenseurs des droits des homosexuels ont prévenu que cette loi, largement soutenue dans ce pays religieux et conservateur, légitimisait la violence homophobe et augmentait les risques de persécutions.
La loi « pourrait avoir des conséquences négatives en terme de santé publique au Nigeria » en empêchant les personnes LGBT d’avoir accès aux informations et aux soins concernant le sida, a prévenu Mme Pillay, qui a appelé les autorités à instaurer un « moratoire sur les poursuites judiciaires ».
La loi homophobe nigériane a été instaurée peu après une législation similaire en Ouganda, que le président américain Barak Obama avait qualifiée d’ »odieuse » et que le religieux sud-africain Desmond Tutu avait comparée à l’apartheid.
Mme Pillay, qui achève vendredi une visite de trois jours au Nigeria, a également exprimé ses inquiétudes concernant « l’impunité dont jouissent les auteurs de violations des droits de l’Homme » dans le pays, poussant les autorités à « enquêter et poursuivre » sur le sujet.
Des ONG ont souvent accusé les forces de sécurité d’exactions contre les civils lors de leurs opérations contre les islamistes du groupe armé Boko Haram, dont l’insurrection dans le Nord a fait des milliers de morts depuis son début en 2009.
Selon Mme Pillay, qui a encouragé le Nigeria à emprunter la voie de l’abolition de la peine de mort, les exactions, tant des islamistes que des forces de sécurité, ont des « conséquences épouvantables » pour les civils.
Le ministre de la Justice nigérian, Mohammed Bello Adoke, a rétorqué que la constitution n’approuvait pas les exécutions extra-judiciaires, promettant que les militaires coupables de tueries sentiraient « tout le poids de la loi ».
Quant à la loi contre l’homosexualité, le ministre l’a décrite comme « un reflet (. . . ) des valeurs culturelles du peuple nigérian », affirmant qu’un sondage de 2013 montrait que 92% des habitants du pays rejetaient le mariage entre personnes du même sexe.
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