Boko Haram: après un mois d’offensive, la route de N’Djamena toujours pas sécurisée
Un mois après l’engagement des soldats tchadiens dans la guerre contre les islamistes nigérians de Boko Haram, la principale route menant à N’Djamena via le Cameroun – vitale pour l’économie du Tchad enclavé – n’est toujours pas sécurisée, reconnaissent des responsables camerounais.
Le 17 janvier, les troupes tchadiennes sont entrées au Cameroun pour se battre aux côtés des Camerounais puis ont lancé le 3 février une offensive terrestre au Nigeria, dans le but notamment de sécuriser les routes conduisant à N’Djamena, dont le principal accès à la mer est la ville portuaire camerounaise de Douala.
« Ce n’est pas sécurisé. Cet objectif est loin d’être atteint. Il faudra encore du temps pour que ce soit le cas », concède sous couvert d’anonymat un militaire camerounais proche de soldats tchadiens déployés au Cameroun.
La route N’Djamena-Douala traverse la région de l’Extrême-Nord du Cameroun – frôlant la frontière nigériane – cible d’attaques répétées des islamistes, notamment contre les camions chargés de marchandises.
– ‘le danger est là’ –
« L’axe Maroua (chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord)-Kousseri est dangereux » du fait des assauts de Boko Haram, qui perturbent considérablement les échanges commerciaux des pays de la région, selon le militaire camerounais.
« Le danger est là » sur ce trajet, confirme un responsable sécuritaire établi à Kousseri, le poste-frontière avec N’Djamena: « le trafic sur cet axe n’a toujours pas repris » à son rythme habituel.
Plusieurs attaques de Boko Haram ciblant des véhicules transportant des personnes et des marchandises ont encore été enregistrées ces dernières semaines. Désormais, il est déconseillé de prendre cette route, sauf sous escorte de l’armée camerounaise. Mais « ces escortes ne sont pas organisées tous les jours », explique le responsable.
D’après lui, les combattants de Boko Haram attaquent sur cet axe parce qu’ils sont à la recherche de nourriture et de carburant, mais ils voudraient aussi établir des couloirs leur permettant de circuler librement entre leurs fiefs au Nigeria et l’extrême-nord du Cameroun. Par le passé, les islamistes nigérians faisaient transiter une partie de leur armement par cette région camerounaise.
L’autre axe commercial majeur pour le Tchad, via le Nigeria, est également toujours paralysé par les violences.
Le trafic des camions en provenance du Nigeria et du Bénin n’a toujours pas repris entre Fotokol (à la frontière camerouno-nigériane) et Kousseri, même si les engins explosifs que Boko Haram avait pris l’habitude de poser sur le trajet disparaissent peu à peu.
– Rouvrir la route de Maiduguri –
Le long de la route, de petites bases militaires camerounaises ont été implantées pour sécuriser la voie. Mais la frontière au niveau de Fotokol – par laquelle transitaient biens et personnes en provenance et à destination du Nigeria – reste fermée.
« On ne peut pas rouvrir la frontière tant que le calme n’est pas revenu au Nigeria », souligne sous couvert d’anonymat une source proche des services de sécurité basée à Fotokol. Là encore, le retour à la normale risque prendre du temps, selon cette source.
Avec le déclenchement de son offensive terrestre, le Tchad a néanmoins dégagé une partie de la zone frontalière, prenant notamment le contrôle de la ville nigériane de Gamboru, qui était entre les mains de Boko Haram depuis des mois.
Depuis, les Tchadiens ont progressé un peu plus vers l’intérieur du Nigeria et lancent régulièrement des assauts terrestres et aériens pour chasser Boko Haram de ses positions, avec pour objectif de rouvrir la route menant à Maiduguri. La capitale de l’Etat nigérian de Borno, quasiment assiégée par Boko Haram depuis des mois, est traditionnellement un haut-lieu du commerce régional.
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