Les services secrets français nient être impliqués dans le meurtre de 2 Congolais
La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) n’a « rien à voir » avec le meurtre de deux opposants congolais fin 2000 en France, a assuré mercredi un ancien haut responsable du service de renseignement français au procès des commanditaires présumés.
« La DGSE n’a rien à voir ni de près ni de loin avec l’incident intervenu à Chasse-sur-Rhône », dans l’est de la France, a déclaré à la barre le général Gérard Martinez, ancien directeur adjoint du renseignement à la DGSE, devant la cour d’assises de Grenoble (est).
Deux hommes, jugés depuis lundi, sont accusés d’avoir fomenté l’assassinat de Philémon Naluhwindja, chef Maï Maï d’une tribu de la région du Kivu en République démocratique du Congo (RDC), et d’Aimé-Noël Atembina, conseiller militaire du gouvernement congolais à l’époque de Mobutu Sese Seko (au pouvoir de 1965 à 1997).
Selon l’instruction, les deux Congolais étaient en France pour chercher des financements afin de monter un coup d’Etat contre Laurent-Désiré Kabila, le président de la RDC à l’époque, assassiné 18 jours après eux.
L’un des deux accusés, Benoît Chatel, homme d’affaires belge aujourd’hui disparu, avait au cours de l’enquête révélé ses liens avec la DGSE et affirmé que les victimes étaient suivies et écoutées par le service français.
« Il a gonflé la relation (avec la DGSE), soit pour se faire mousser, soit pour faire un écran de fumée sur d’autres activités », a affirmé le général Martinez.
Selon lui, M. Chatel n’était pas une « source rémunérée » mais un simple « contact » qui fournissait des « informations à caractère politique » sur la RDC.
La DGSE cherchait alors des renseignements sur l’impact du pillage des ressources de la RDC sur la poursuite des combats dans le pays. C’est dans ce cadre qu’elle a travaillé avec M. Chatel, qui disposait d’un carnet d’adresses « intéressant » sur place, selon M. Martinez.
« Il n’a pas apporté d’information ou de renseignement critique » et « le contact n’a duré qu’un an », prenant fin une fois connue l’implication de M. Chatel dans les meurtres de Chasse-sur-Rhône, a-t-il indiqué.
Les deux victimes n’étaient pas suivies, a aussi précisé M. Martinez, même si l’une d’entre elles était connue de la DGSE pour son implication dans un trafic d’uranium.
Enfin, il a affirmé que la DGSE n’était pas informée d’une collaboration de M. Chatel avec les services de renseignement congolais. Mais « tout le monde ici peut s’en douter après coup (. . . ) A l’évolution de la situation, on peut faire des supputations », a-t-il ajouté.
Jugé par défaut, M. Chatel serait mort, selon ses avocats. La dernière trace de lui est une photo d’avril 2012 qui le montre en RDC aux côtés d’hommes d’affaires et d’un ancien ministre.
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