RDC: des hydroliennes envisagées sur le Congo pour développer l’agriculture

Sur les rives du Congo, des centaines de paysans produisent des fruits et légumes mais, trop souvent, une partie pourrit sur place, faute de stockage réfrigéré. Pour stopper ce gâchis et développer l’agriculture, des hydroliennes pourraient bientôt jalonner le fleuve.

RDC: des hydroliennes envisagées sur le Congo pour développer l’agriculture © AFP

RDC: des hydroliennes envisagées sur le Congo pour développer l’agriculture © AFP

Publié le 20 février 2015 Lecture : 3 minutes.

« C’est pas compliqué, c’est un frigo qu’il faut installer » dans les villages qui s’échelonnent au bord de l’eau, en République du Congo, lance Maguelonne Loubelo, jeune ingénieure, ancienne travailleuse humanitaire dans des zones rurales en Afrique centrale, actuellement fermière sur une île au milieu du fleuve Congo.

Elle est à l’origine d’un projet d’installation d’hydroliennes sur le fleuve destiné à fournir l’électricité nécessaire à des centres de stockage et de transformation des produits agricoles et de la pêche.

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« Il n’y a pas d’hydroliennes dans cette zone », alors que le Congo est « le deuxième fleuve le plus puissant du monde », relève cette ancienne de Polytechnique. « On peut penser que c’est un bon endroit pour mettre des hydroliennes ».

Son projet est l’un des douze lauréats du « Challenge Climat Agriculture et Forêts », organisé par l’Agence française pour le développement (AFD) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement » (Cirad). Ce concours veut « encourager l’innovation, accélérer le transfert et la diffusion de technologies et de savoir-faire ».

Le projet prévoit de créer un centre de stockage et de transformation à Loubassa, un village situé sur l’île de M’Bamou, sur le Congo, où Mme Loubelo exploite une ferme, à un quart d’heure de pirogue de Brazzaville. Pour alimenter ces bâtiments en électricité, une hydrolienne flottante doit être installée sur le Congo, si possible d’ici à la fin de l’année.

Dans un deuxième temps, des hydroliennes et des unités de stockage et de transformation devraient être installées ailleurs sur le fleuve Congo et sur des rivières navigables. Même dans les villages éloignés, les agriculteurs et pêcheurs, ayant pu conserver leurs produits dans de bonnes conditions, auront ainsi un meilleur accès au marché et devraient voir leurs revenus augmenter.

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– Energie propre et renouvelable –

Dans certains cas, les hydroliennes, qui produisent une énergie propre et renouvelable, prendront le relais des groupes électrogènes alimentant les chambres froides communes des villageois, fréquemment victimes de ruptures de la chaîne du froid, faute de carburant.

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Le fait de pouvoir stocker leurs produits permettra aux agriculteurs de développer et de diversifier leur production, souligne Mme Loubelo. Un élément essentiel dans un pays qui, selon l’AFD, est « en situation d’insécurité alimentaire » et « dépend à près de 75% des importations (céréales, légumes, produits de l’élevage) ».

Le défi de ce projet « n’est pas technologique », précise Mme Loubelo, parce qu’une hydrolienne, « c’est pas compliqué ». Le défi, « c’est de trouver des financements », ajoute-t-elle, estimant à 100. 000-150. 000 euros le coût global du « projet-pilote » de Loubassa.

L’entretien des hydroliennes devrait être assuré par les villageois et elles devraient à terme être fabriquées au Congo.

Le Challenge Climat n’est pas doté de financements. A quelques mois de la conférence de Paris sur le climat en décembre, il vise surtout à donner de la visibilité à des projets innovants qui proposent des solutions concrètes conciliant production efficace, respect de l’environnement et lutte contre le changement climatique.

Outre d’éventuels financements par des entreprises ou des ONG, le projet de Mme Loubelo est susceptible de bénéficier d’une aide financière de l’AFD et du Cirad, hors du cadre de ce concours.

D’autres projets ont été distingués parmi 550 propositions présentées par des particuliers, des organisations, des institutions ou des collectivités de 60 pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie.

Parmi eux, au Cameroun, un projet préconise l’utilisation domestique du biogaz (gaz produit par la fermentation de matières organiques animales ou végétales) par des éleveurs de bovins, comme source d’énergie alternative, pour limiter la déforestation.

En Inde, a été distingué un système d’irrigation permettant d’atteindre directement les racines des plantes et d’éviter les pertes dues à l’évaporation.

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