Le tourisme africain veut se débarrasser des stigmates d’Ebola

Trois pays touchés par l’épidémie d’Ebola sur plus de cinquante, mais c’est le tourisme du continent africain tout entier qui a pâti de la peur du virus, des craintes que les professionnels cherchent à lever au salon ITB de Berlin.

Le tourisme africain veut se débarrasser des stigmates d’Ebola © AFP

Le tourisme africain veut se débarrasser des stigmates d’Ebola © AFP

Publié le 7 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

« Ebola a été associé injustement avec l’ensemble de l’Afrique. La généralisation qui a eu lieu est vraiment très injuste », s’emporte Taleb Rifai, le secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO). « Il est absolument important de visiter l’Afrique maintenant ».

Selon les statistiques de l’organisation rattachée à l’Onu, en accueillant 56 millions de touristes en 2014, l’Afrique a enregistré une petite croissance de 2%, le plus faible taux par rapport aux autres continents. L’Europe a ainsi gagné 4% de touristes en plus, l’Asie 5% et l’Amérique 7%.

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En 2013, le tourisme en Afrique avait encore progressé de 4,8%.

« On a des opérateurs qui ont eu des réservations annulées à cause de la peur d’Ebola. Pourtant en Côte d’Ivoire, il n’y a pas eu un seul cas », explique à l’AFP Marie France Adieme-N’Dja de l’Office national du tourisme du pays, qui sur le stand de l’ITB fait miroiter neuf parcs nationaux et 550 kilomètres de plages ensoleillées.

Partie en décembre 2013, cette épidémie d’Ebola, la plus grave depuis l’identification du virus au milieu des années 1970, a démarré au sud de la Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone. Quelque 9. 800 morts ont été identifiés, un nombre nettement sous-estimé, de l’aveu même de l’OMS, avec près de 24. 000 cas recensés, presque tous dans ces trois pays.

Mais l’amalgame de l’Afrique avec Ebola s’est étendu bien plus loin que la partie occidentale du continent.

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« Il y a eu un impact d’Ebola, nous avons eu des annulations », raconte sur l’ITB le responsable d’un tour-opérateur kényan, ne souhaitant pas être identifié.

Il regrette les clients « qui ne vous demandent rien sur Ebola mais décident d’eux-mêmes: +Je n’irai pas en Afrique+ ».

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– Ignorance géographique –

Pourtant « la distance est plus grande entre le Kenya et l’Afrique de l’Ouest qu’entre l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique du Nord », insiste Taleb Rifai.

C’est aussi carte à l’appui que l’Office du tourisme de Namibie est rapidement allé voir les voyagistes. « Nous avons besoin de faire comprendre aux gens où la Namibie est localisée. (. . . ) En fait, les Européens sont plus prêts de l’épicentre d’Ebola que la Namibie », souligne Digu Naobeb, le directeur de l’office. Grâce à cette réaction rapide, il n’y a pas eu de recul significatif du tourisme, ajoute-t-il.

C’est contre cette « ignorance géographique » que le site unite4westafrica. org a été mis en place par différentes organisations touristiques afin de véhiculer une image positive de l’Afrique de l’Ouest et stimuler l’envie de visiter les pays de la région non touchés par Ebola, comme le Sénégal, le Bénin ou le Burkina Faso.

En Sierra Leone, le tourisme commençait tout juste à percer, après la guerre civile, qui a ravagé le pays jusqu’au début des années 2000. Partant certes d’un niveau très bas, le nombre de touristes progressait de plus de 10% chaque année. Avec l’épidémie d’Ebola, il s’est effondré de 46% en 2014, selon les données de l’Organisation mondiale du tourisme.

A l’ITB, les responsables du tourisme en Sierra Leone avaient fait le déplacement en nombre jusqu’à Berlin pour tenter d’inverser la tendance.

Se disant « confiante » pour 2015, la ministre du Tourisme Kadija O. Seisay a appelé les compagnies aériennes à reprendre leurs liaisons jusqu’à Freetown.

Au-delà du tourisme d’affaires et du tourisme balnéaire, le pays a décidé de miser sur l’éco-tourisme et le tourisme culturel.

Comme les réservations touristiques ont souvent lieu des mois en avance, « la peur d’Ebola est certes désormais partie mais la douleur financière, c’est maintenant que nous la ressentons », se désole le voyagiste kényan.

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