Rwanda: accusé de soutien au M23, Kigali dénonce un rapport « politique » de l’ONU
La ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mishikiwabo a vivement dénoncé jeudi le caractère « politique » d’un nouveau rapport d’experts de l’ONU accusant une nouvelle fois le Rwanda et l’Ouganda de coopérer avec les rebelles congolais du M23.
« Ce rapport des experts des Nations unies, c’est le même depuis deux-trois ans. C’est un rapport qui n’est pas professionnel, c’est un rapport à caractère politique qui manque d’évidences, qui manque de précision », a déclaré la chef de la diplomatie rwandaise, interrogée au sommet africain d’Addis Abeba par Radio France Internationale (RFI).
« Les Nations unies ne sont pas le réservoir de la vérité », a-t-elle asséné, jugeant que « ce n’est pas à coup de faux rapports qu’on atteindra cette stabilité dont le Rwanda et la région ont besoin ».
« Accusations, rapports, on n’a que ça depuis plusieurs années et finalement il n’y a pas la paix », a insisté la ministre rwandaise.
Kigali et Kampala ont été accusés à plusieurs reprises par les experts de l’ONU et par Kinshasa d’aider militairement le M23, ce que ces deux pays ont toujours nié.
Dans leur rapport annuel présenté au Conseil de sécurité, les experts affirment disposer « d’informations crédibles selon lesquelles des dirigeants du M23 sanctionnés (par l’ONU) se déplacent librement en Ouganda et le M23 continue de recruter au Rwanda ».
Le M23, mis en déroute début novembre par l’armée congolaise et la force de la Monusco (mission de l’ONU en RDC), a démenti vouloir reprendre les armes.
Interrogée par RFI sur les déclarations du président Paul Kagamé après l’assassinat de l’ancien chef des services secrets rwandais, Patrick Karegeya, Mme Mishikiwabo a répondu : « Ce qui est important pour le Rwanda c’est que cet homme, qui a été assassiné en Afrique du Sud, n’a pas été assassiné par le Rwanda ».
Après le meurtre de cet ancien proche devenu un de ses principaux opposants, Paul Kagamé avait mis en garde contre « les conséquences de la trahison », une déclaration qui avait suscité l’ »inquiétude » de Washington.
« Le président Kagamé a été très clair +vous attaquez mon pays, je n’ai pas de pitié, je n’ai pas à m’expliquer+ », a réaffirmé la ministre rwandaise.
Dans une interview réalisée au forum de Davos et publiée le 23 janvier par le Wall Street Journal, le dirigeant rwandais avait nié que le Rwanda ait tué l’ancien chef des services secrets mais il s’était ouvertement réjoui de sa mort.
« Le Rwanda n’a jamais tué cette personne – et c’est un non catégorique », a-t-il dit. « Mais j’ajoute que j’aurais en fait aimé que le Rwanda le fasse. Je l’aurais vraiment aimé », a-t-il ajouté.
Mme Mishikiwabo a souligné que « le président Kagamé n’a pas d’obligation à s’expliquer sur des incidents qui se passent en Afrique du Sud ».
« Il y a une enquête en Afrique du Sud. Cet homme n’est plus au Rwanda, il ne travaille pas pour le Rwanda. Pour le président Kagamé et pour les Rwandais en général ce n’est pas une priorité », a-t-elle dit.
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