Belgique: un ministre grimé en « Noiraud », le pays accusé de néocolonialisme

La Belgique a été accusée jeudi sur les réseaux sociaux et par Human Rights Watch (HRW) de ne pas avoir soldé son passé colonial, après que le chef de sa diplomatie, Didier Reynders, s’est grimé en « Noiraud », un personnage du folklore bruxellois censé représenter un roi africain, lors d’une manifestation caritative.

Belgique: un ministre grimé en « Noiraud », le pays accusé de néocolonialisme © AFP

Belgique: un ministre grimé en « Noiraud », le pays accusé de néocolonialisme © AFP

Publié le 19 mars 2015 Lecture : 2 minutes.

« Allez-vous vous présenter avec ce visage teint en noir lors de votre prochaine rencontre avec des responsables africains? Honte à vous! », a lancé sur Twitter Peter Bouckaert, directeur pour les situations d’urgence de HRW.

L’actrice et activiste américaine Mia Farrow a « retweeté » un message d’un autre responsable de l’organisation de défense des droits de l’homme, qui jugeait « choquant » et « embarrassant » que le ministre se soit accoutré de la sorte.

la suite après cette publicité

La polémique, qui a pris la Belgique par surprise, est née de la diffusion mercredi par la télévision française France 2 d’un reportage sur le « défilé des Noirauds », auquel ont participé samedi le libéral Didier Reynders, mais aussi le bourgmestre (maire) de Bruxelles, le socialiste Yvan Mayeur. L’actuel roi Philippe avait lui aussi pris part au cortège lorsqu’il était adolescent, selon la presse belge.

Les membres de ce groupe fondé en 1876 déambulaient, comme chaque année en période de carnaval, dans le centre de Bruxelles pour récolter dans les restaurants des fonds destinés à l’enfance défavorisée.

Afin de ne pas être reconnus, ils ont le visage teint au cirage et sont vêtus d’un haut-de-forme blanc, d’un habit noir et de pantalons bouffants de couleur vive. Pour l’occasion, la statue de Manneken Pis, symbole de la ville, porte elle aussi un costume de « Noiraud ».

« C’est avec bonheur et bonne humeur que j’y ai participé », a expliqué sur son blog www. didierreynders. be le ministre belge, dont le pays a été la puissance coloniale du Congo, du Rwanda et du Burundi jusqu’au début des années 1960.

la suite après cette publicité

Le correspondant à Bruxelles de France 2, François Beaudonnet, s’interrogeait: « Qu’une personnalité politique de premier plan puisse se promener grimé de la sorte et se mettre en scène à la manière d’un chef de tribu africaine a de quoi étonner, n’est-ce pas? ». « S’agit-il d’une belle tradition généreuse ou de folklore aux relents colonialistes? », ajoutait-il.

C’est plutôt « une sottise de journaliste français en mal d’informations », a réagi à la télévision belge un ancien bâtonnier du barreau de Bruxelles, Jean-Pierre Buyle, Noiraud lui aussi, relayant le sentiment de nombreux internautes belges.

la suite après cette publicité

La chaîne publique belge RTBF se demandait toutefois s’il ne s’agissait pas plutôt d’un « vrai pavé dans la mare de la part d’un observateur extérieur à l’?il plus aiguisé que les défenseurs à tout crin du folklore et de la tradition? ».

En 2012, la justice avait refusé d’interdire la bande dessinée « Tintin au Congo », elle aussi accusée de véhiculer des stéréotypes racistes.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires