Une explosion, des coups de feu: le réveil dans l’horreur des étudiants kényans de Garissa
Une explosion puis des tirs: les étudiants de l’Université de Garissa, dans l’est kényan, se sont réveillés au milieu d’une scène d’horreur jeudi, attaqués par les islamistes somaliens shebab.
Il est environ 05H30 (02H30 GMT) quand un commando shebab pénètre à l’intérieur de l’Université de Garissa, une ville kényane située à quelque 150 km de la frontière somalienne. L’université accueille quelque 800 étudiants de tout le pays, dont beaucoup dorment sur le campus, à un km à peine du centre-ville.
« Nous dormions quand nous avons entendu une forte explosion, suivie par de tirs; tout le monde a commencé à fuir pour se mettre à l’abri », raconte un étudiant, Japhet Mwala.
Cependant, « certains n’ont pas pu quitter les bâtiments vers lesquels les assaillants se dirigeaient en tirant », ajoute-t-il. « J’ai de la chance d’être en vie, parce que j’ai sauté par dessus la clôture avec d’autres ».
Une autre étudiante, Katherine, qui n’a souhaité donner que son prénom, dit avoir d’abord cru que les explosions étaient dû « à un problème électrique ». Mais très vite, elle a réalisé qu’elle et ses camarades étaient pris dans une attaque des insurgés islamistes somaliens.
Garissa, comme d’autres villes kényanes frontalières de la Somalie, a été le théâtre de plusieurs attentats de moindre ampleur ces dernières années, toujours attribués aux shebab mais, à l’inverse de celui de jeudi, jamais clairement revendiqués par les islamistes somaliens.
Toujours meurtrières, ces précédentes attaques avaient visé des bars, des hôtels ou encore des églises.
– « les balles nous suivaient » –
Après avoir réalisé qu’une attaque était en cours jeudi, « nous nous sommes enfuis en courant », poursuit Katherine. Avec d’autres étudiants, elle a rejoint des champs qui entourent le campus, où elle est restée cachée, à l’abri des coups de feu.
Rosalind Mugambi dit aussi s’être enfuie en direction des champs alentour, avec d’autres étudiants, blessés en chemin. « Nous avons vu des traces de sang, ils s’étaient fait tirer dessus », dit-elle. « Les balles nous suivaient ».
Jeudi, le porte-parole des shebab, Cheikh Ali Mohamud Rage, a déclaré que le commando avait pour mission de « tuer ceux qui sont contre » le groupe affilié à Al-Qaïda.
Depuis fin 2011, le Kenya a envoyé des troupes combattre les shebab dans le sud somalien. Les insurgés somaliens n’ont depuis cessé de le menacer de représailles et sont déjà passé à l’action à plusieurs reprises.
Ils ont notamment mené une spectaculaire attaque contre le centre commercial Westgate de la capitale Nairobi (67 morts en septembre 2013) et une série de raids tout aussi sanglants (96 morts au moins) en juin et juillet 2014 près du très touristique archipel de Lamu (est).
Jeudi, le commando a séparé les étudiants en fonction de leur religion: ils ont laissé partir sains et saufs les musulmans, gardant en otage les autres, a ajouté leur porte-parole. Le nombre d’étudiants encore retenus étaient inconnu à ce stade.
Certains étudiants racontent encore que des avertissements avaient été placardés à travers le campus, mettant en garde contre le risque d’une attaque imminente.
« Il y a eu des rumeurs d’attaque toute la semaine, les services administratifs de l’école avaient même été informés », dit l’un d’eux, Nicholas Mutuku.
« Mais personne n’a pris ça au sérieux car ce n’était pas la première fois que de telles informations circulaient », explique-t-il. Quant à Katherine, elle a bien vu des avertissements affichés mercredi sur le campus, « mais comme c’était le 1er avril, nous avons juste pensé qu’il s’agissait d’un poisson d’avril ».
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