Nigeria: des rescapées de Chibok à l’aide des otages de Boko Haram libérés

Deborah sait ce qu’elle veut dire aux 275 femmes et enfants récemment libérés par l’armée après avoir été prisonniers des islamistes de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria.

Nigeria: des rescapées de Chibok à l’aide des otages de Boko Haram libérés © AFP

Nigeria: des rescapées de Chibok à l’aide des otages de Boko Haram libérés © AFP

Publié le 10 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

« Nous allons prier ensemble, ensuite je leur conseillerai de pardonner à ceux qui les ont maltraités parce que, si vous pardonnez aux autres, Dieu vous pardonnera aussi », explique-t-elle à l’AFP.

La jeune fille de 19 ans parle d’expérience: elle faisait partie des 276 adolescentes enlevées par Boko Haram dans leur lycée de Chibok le 14 avril 2014.

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Deborah et 56 autres lycéennes ont réussi à échapper à leurs ravisseurs dans les heures qui ont suivi, mais 219 autres n’ont pas eu cette chance et on est toujours sans nouvelles d’elles.

« Nous allons leur dire que la vie est un voyage. Vous rencontrez de nombreux obstacles dans la vie et la vie est pleine de surprises dont vous pensez que cela n’arrive qu’aux autres », ajoute-t-elle à l’AFP.

« Maintenant qu’elles sont libres, elles doivent décider de commencer une nouvelle vie et de vivre une vie joyeuse ».

« Nous avons déjà pardonné (à Boko Haram). Ce n’était pas difficile car c’est ce qu’on nous a appris depuis le catéchisme, de pardonner à ceux qui vous ont fait du mal ».

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Deborah est assise dans une petite salle de classe de l’Université américaine du Nigeria (AUN), située à Yola, la capitale de l’Etat d’Adamawa, avec Blessing et Mary, deux filles de 18 ans qui ont échappé à Boko Haram avec elle.

– « Source d’inspiration » –

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Sur les 57 lycéennes de Chibok qui se sont sauvées, 21 étudient aujourd’hui à l’AUN.

Elles parlent tour à tour de leur adaptation à la vie du campus, de leurs études, de films, des séances de chants religieux et même de leur leçons de natation et de basketball.

Une vie bien différente de celle qu’elles menaient dans leur région d’origine où les équipements étaient rudimentaires, l’électricité sporadique et le réseau téléphonique coupé depuis six mois.

En même temps, elles se disent bien conscientes de la situation des 275 captifs de Boko Haram libérés la semaine dernière de la forêt de Sambisa, un fief des islamistes dans l’Etat de Borno, pas très loin de Chibok.

Les trois jeunes filles souhaitent participer à des tâches du camp de la périphérie de Yola où les anciens otages ont été transférés avant leur réinsertion sociale.

« Nous voulons partager la nourriture, être une source d’inspiration pour eux parce que maintenant nous avons l’habitude d’encourager les autres, quelles que soient les épreuves qu’ils ont traversées », dit-elle.

« Je pense que nous sommes à même de les aider avec nos mots », ajoute-t-elle.

Les rescapées de Chibok aujourd’hui étudiantes à l’AUN se sont vu offrir la chance d’un meilleur avenir, une opportunité dont les ex-otages risquent bien d’être privés.

Pour les centaines de milliers de déplacés qui ont fui à Yola, la vie reste dure. Certains sont rentrés chez eux à la faveur de l’offensive militaire lancée en février et qui a fait reculer Boko Haram.

Mais les villes et villages ont été détruits et les terres saccagées, faisant craindre un manque de nourriture à l’avenir pour des populations qui vivent essentiellement de culture de subsistance.

Deborah veut travailler dans l’environnement, Blessing et Mary devenir médecins et rentrer travailler à Chibok.

L’émotion provoquée par l’enlèvement des lycéennes a amené des bienfaiteurs à financer certains frais d’enseignement à l’AUN. La directrice de l’université, Margee Ensign, dit avoir été contactée récemment pour se voir proposer la couverture des dépenses des 57 lycéennes de Chibok qui se sont échappées.

Deborah, Blessing et Mary tentent de convaincre leurs anciennes camarades. Six ont jusqu’à présent accepté et devraient les rejoindre pour le trimestre commençant en août, si leurs parents veulent bien.

« Je suis ravie car je pense que cela ouvre la voie à un meilleur Chibok, parce que plus nous sommes nombreuses, plus nous serons fortes et nos ambitions plus grandes », dit Deborah.

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