L’enfer des embouteillages de Lagos: 35 heures par semaine sur la route

Des centaines de milliers de personnes passent jusqu’à 35 heures par semaine dans les transports de Lagos, la capitale nigériane des affaires, pour rejoindre leur bureau et en revenir, soit l’équivalent d’une semaine de travail française.

L’enfer des embouteillages de Lagos: 35 heures par semaine sur la route © AFP

L’enfer des embouteillages de Lagos: 35 heures par semaine sur la route © AFP

Publié le 22 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Ochuko Oghuvwu affiche un air étonnamment jovial pour un homme qui passe jusqu’à 30 heures par semaine dans sa voiture pour se rendre sur son lieu de travail, dans une société de courtage à Ikoyi, une des îles où se concentre l’activité économique.

Il vit à 32 kilomètres de là, en direction du Bénin voisin.

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Il pourrait parcourir cette distance en moins d’une heure, si ce n’étaient les nids de poule géants sur les routes en mauvais état, les travaux, les chauffards, les contrôles de police, et surtout les embouteillages tentaculaires chaque matin et chaque soir.

M. Oghuvwu met donc environ trois heures pour se rendre au travail –parfois plus, pendant la saison des pluies, entre juin et septembre– même s’il quitte son domicile dès 05H30.

Le cas de ce cadre en marketing âgé d’une quarantaine d’années est loin d’être isolé dans la deuxième plus grande ville d’Afrique. Certains quittent même leur domicile vers 04H30 pour tenter de contourner les fameux « go-slows », nom local donné aux embouteillages.

« On est tout le temps fatigué », reconnaît M. Oghuvwu, qui dit s’octroyer une sieste de 20 ou 30 minutes dans son bureau pour tenir le coup.

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Les heures passées pare-choc contre pare-choc avec les autres voitures, les motos, les vieux taxis jaunes et les bus et camions surchargés qui encombrent les routes ont usé avant l’heure sa Volvo S90, dont les plaquettes de frein doivent être révisées tous les mois.

Et il passe plus de temps derrière son volant qu’avec ses enfants.

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Le weekend, pas question de sortir retrouver des amis. « Je n’ai aucune envie d’affronter à nouveau les bouchons », confie-t-il.

Officiellement, Lagos abrite 12 millions d’habitants. Mais la dernière estimation fait état de 21 millions d’habitants, dans une ville qui s’étend sur près de 1. 000 kilomètres carrés.

Et les nouveaux arrivants qui débarquent chaque jour ne font qu’accroître la pression sur des infrastructures routières déjà décrépites.

Eviter « la paralysie » d’ici cinq ans

Aussi, le manque de terrains et de logements disponibles a fait grimper les prix, repoussant toujours plus loin les moins fortunés.

M. Oghuvwu, qui gagne correctement sa vie, devrait payer trois fois plus que son loyer actuel s’il souhaitait vivre plus près de son bureau.

Les subventions sur le prix de l’essence et l’arrivée sur le marché de voitures d’occasion venues d’Europe ont contribué à mettre de plus en plus de véhicules en circulation, congestionnant toujours plus les rues de la ville.

« Cela fait presque 40 ans qu’on est confronté à ce problème », reconnaît Dayo Mobereola, le directeur de Lamata, l’autorité en charge des transports à Lagos.

« Nous avons maintenant un plan de route (. . . ) pour anticiper l’avenir » et éviter « la paralysie » d’ici cinq ans, assure-t-il.

Le plan d’aménagement de Lamata, qui s’étend sur 30 ans pour un coût de 20 milliards de dollars, s’appuie sur un système de transports publics intégrés.

L’idée est de proposer neuf lignes de bus et sept trains de banlieue, construits grâce à des emprunts chinois, pour que les Nigérians renoncent à leur voiture.

Mais la construction de ces nouvelles infrastructures passe par la destruction de bidonvilles entiers, sans compensations pour leurs habitants, ce qui crée de nouveaux problèmes: ceux-ci risquent de devoir aller vivre encore plus loin de leur travail. . .

L’Etat de Lagos tente aussi de développer le réseau de bateaux-taxis, sur la lagune de Lagos, comme une alternative à la route.

En 2013, on estimait que 1,3 million de personnes en moyenne prenait le bateau chaque mois, un chiffre encore faible par rapport aux 9 millions d’usagers qui encombrent les routes chaque jour.

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