La dépréciation du rand sud-africain, une aubaine pour les touristes

Le rand sud-africain est au plus bas depuis cinq ans et si cette faiblesse fait déraper les prix à la pompe et prive beaucoup de Sud-Africains de vacances à l’étranger, c’est en revanche une aubaine pour les touristes.

La dépréciation du rand sud-africain, une aubaine pour les touristes © AFP

La dépréciation du rand sud-africain, une aubaine pour les touristes © AFP

Publié le 16 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Qu’ils fassent une orgie de shopping, bronzent à la plage ou dégustent du vin dans les environs du Cap, on ne trouve pas un seul étranger pour se plaindre.

« Évidemment on va dépenser autant, mais on en aura plus pour notre argent », s’exclame un Norvégien surpris dans les allées d’un marché africain. Vidar Woldengen, 47 ans, est charmé par la beauté de l’artisanat local mais non moins heureusement émerveillé par l’avantageux taux de change.

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« Quand les gens en Europe vont s’en apercevoir, je suis sûr qu’ils vont ramener leur argent ici car j’ai été vraiment surpris », ajoute-t-il.

A l’arrivée en Afrique du Sud, un dollar vaut ces jours-ci près de 11 rands et un euro près de 15 rands, soit 60 à 70% de plus qu’à la fin 2010-début 2011, quelques mois après le Mondial de football.

Récemment classée par la presse américaine et britannique au palmarès des destinations à ne pas rater, la ville du Cap, capitale mondiale du design 2014, se frotte les mains.

Elle a enregistré un bond de 14,5% des arrivées de voyageurs étrangers en novembre et sur l’ensemble de 2013, ces derniers y ont dépensé environ 1,2 milliard de dollars (12,7 milliards de rands). La nouvelle année s’annonce plus prospère encore.

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« Si on regarde les marchés clés, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Allemagne, Pays-Bas, le taux de change est favorable, c’est une excellente nouvelle pour nous car cela signifie que nous devenons beaucoup plus abordable pour beaucoup plus de gens désireux de s’évader hors d’Europe ou d’Amérique », commente le directeur général de l’office du tourisme du Cap, Enver Duminy.

« C’est un coup de pouce », tempère Rey Franco, directeur d’un grand hôtel du front de mer du Cap, le Victoria&Alfred. « Ce que j’entends chez la plupart des clients, c’est +Waouh, c’est pas cher ici!+ (. . . ) Mais ce n’est pas ce qui emporte la décision quand il s’agit de choisir une destination de voyage ».

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Un problème à long terme

Au domaine viticole de Groot Constantia, le plus ancien d’Afrique du Sud, la bouteille de vin vendue 201 rands ne coûte guère plus de 18 dollars, quand elle en valait près de 31 en 2011.

La propriété, très courue des touristes, exporte 60% de son vin et vend 20% sur place dans ses salons de dégustation et ses restaurants.

« A court terme, la faiblesse du rand est bénéfique pour nous en terme de recettes mais à long terme, cela va être un problème en terme de coûts », commente Jean Naude, le directeur général.

De fait, l’effondrement du rand, victime de la volatilité des marchés émergents, pousse l’économie nationale dans une spirale inflationniste.

La facture pétrolière augmente, les transports aussi, la vie chère alimente la frustration sociale et pousse ceux qui ont un travail à faire grève pour gagner plus.

Ces violentes tensions sociales ternissent l’image du pays, accentuant la dépréciation de la monnaie. Depuis la tuerie de Marikana en août 2012, quand la police avait abattu 34 mineurs en grève, le rand a perdu 45% de sa valeur face à l’euro et environ 30% face au dollar.

Comme d’autres pays émergents, l’Afrique du Sud est aussi une victime collatérale du changement de politique monétaire aux Etats-Unis. Les obligations américaines devenant plus rentables, les capitaux ont tendance à fuir.

L’Afrique du Sud paye également le prix d’un déficit public qui se creuse et de l’immobilisme du gouvernement, pris en tenaille entre des mesures populistes avant les élections de 2014 et des options économiques par ailleurs plutôt néo-libérales.

Pour Peter Kent, gestionnaire chez Investec Asset Management, la forte dépréciation du rand est « largement un phénomène mondial mais les facteurs locaux jouent aussi » et à court terme, cela devrait s’accentuer.

« Parfait », se réjouit German Daniel Fleig, un touriste allemand de 31 ans. « Maintenant on peut dépenser beaucoup plus en vacances ici ».

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