Soudan du Sud: reprise des combats à Juba
Des combats ont repris depuis le milieu de la nuit à Juba, où la situation restait très tendue mardi, au lendemain d’intenses combats attribués par le président sud-soudanais Salva Kiir à une tentative déjouée de coup d’Etat.
Des tirs et des détonations continuaient d’être audibles vers 11H00 (08H00 GMT) mardi dans divers quartiers de la capitale sud-soudanaise.
Selon un journaliste de l’AFP, ils provenaient d’au moins trois parties distinctes de la ville: à proximité du quartier-général de l’armée dans le centre de Juba, dans une zone du sud-ouest abritant le ministère de la Sécurité nationale et à Gudele II, quartier de l’ouest de Juba où se trouve notamment une caserne militaire.
« Nous pouvons entendre des tirs sporadiques de divers endroits (de la ville). La situation est très tendue », a déclaré Emma Jane Drew, directrice d’Oxfam au Soudan du Sud. « Les tirs sont continuels. Des tirs étaient audibles tout au long de la nuit », a-t-elle rapporté, « nous ne savons pas qui affronte qui ».
Au moins 26 personnes ont été tuées depuis dimanche dans les combats à Juba et environ 140 blessées, a annoncé mardi le sécrétaire d’Etat sud-soudanais à la Santé Makur Korion, sur une radio locale.
Les forces de sécurité quadrillaient mardi l’ensemble des zones-clés de la ville et étaient notamment déployées en nombre autour des ministères et sur les axes menant à la présidence. Tous les magasins étaient fermés.
Patrouilles militaires dans les rues
Seuls des véhicules militaires patrouillaient dans les rues désertes de la capitale dont les habitants étaient barricadés dans leurs foyers.
« Nous avons peur de sortir. Ce que nous voudrions maintenant c’est aller au marché acheter à manger, mais comment voulez-vous sortir avec ces tirs? », a expliqué à l’AFP Jane Kiden, une habitante du quartier de Mauna.
Des véhicules ministériels ont été vus se dirigeant vers le quartier des ministères.
De nombreux habitants vivant à proximité de casernes militaires ont été vus quittant en masse leurs habitations à pied pour aller se réfugier chez des proches ou des amis dans d’autres parties de la ville.
Les combats, opposant apparemment des éléments rivaux de l’armée sud-soudanaise (SPLA), avaient éclaté dimanche soir à proximité d’enceintes militaires de Juba, avant de cesser au milieu de la nuit et de reprendre lundi vers 06H00.
Ils avaient à nouveau cessé trois heures plus tard et aucun tir – à l’exception de quelques coups de feu épars – n’avaient plus été entendus jusqu’à tard dans la nuit de lundi à mardi.
Le président du Soudan du Sud Salva Kiir a annoncé lundi avoir déjoué une tentative de coup d’Etat initié selon lui par son ancien vice-président Riek Machar, qu’il avait limogé en juillet avec l’ensemble du gouvernement sur fond de rivalité politique entre les deux hommes et de dissensions au sein du régime.
« Il y a une tentative coup d’Etat, mais ils (les auteurs) ont échoué et nous avons le contrôle » de la situation, avait assuré le président Kiir, apparaissant devant la presse en treillis militaire, tenue inhabituelle chez le chef de l’Etat sud-soudanais, habituellement en costume, un inamovible chapeau de cow-boy sur la tête.
M. Kiir avait accusé « un groupe de soldats fidèles à l’ancien vice-président Riek Machar » d’avoir déclenché les combats.
L’envoyé spécial des Etats-Unis au Soudan et au Soudan du Sud, Donald Booth, a déclaré mardi à la BBC que « la situation à Juba reste clairement tendue et incertaine ».
« Nous continuons d’assembler les différents éléments et morceaux d’information, il est donc un peu prématuré de dire exactement ce qui a déclenché les violences (. . . ) nous savons qu’il y avait des tensions croissantes en raison de la division au sein du SPLM », le parti au pouvoir issu de l’ex-rébellion sudiste, dont M. Kiir est le président et M. Machar le vice-président.
Selon des sources concordantes, Riek Machar et ses partisans ont violemment quitté samedi une réunion du Conseil de libération nationale (NLC), l’organe exécutif du SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan), au sein duquel les dissensions étaient profondes depuis plusieurs mois.
Le sort de M. Machar restait inconnu mardi.
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