Ayrault en Algérie pour cultiver une relation économique soumise à la concurrence

Un an après François Hollande, Jean-Marc Ayrault effectue à son tour lundi et mardi une visite officielle en Algérie destinée à cultiver une relation « apaisée » dont le volet économique est toutefois soumis à une concurrence grandissante.

Ayrault en Algérie pour cultiver une relation économique soumise à la concurrence © AFP

Ayrault en Algérie pour cultiver une relation économique soumise à la concurrence © AFP

Publié le 16 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Après la Chine la semaine dernière, le Premier ministre effectue un nouveau déplacement à haute teneur économique. Il sera à Alger lundi, avant de se rendre à Oran le lendemain. Pas moins de neuf ministres, dont Manuel Valls (Intérieur), Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Vincent Peillon (Education), l’accompagneront.

« Le président de la République a effectué une visite en décembre 2012 qui a permis de relancer les relations, il avait prononcé des discours importants sur la volonté de la France d’avoir une relation apaisée avec Alger », rappelle un conseiller de M. Ayrault.

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La visite de M. Hollande avait notamment débouché sur l’installation d’un « mécanisme de suivi, l’instance gouvernementale de haut-niveau qui est présidée par les deux Premiers ministres » algérien et français. Le déplacement de M. Ayrault va ainsi permettre de réunir pour la première fois cette « instance », explique-t-on à Matignon.

« Cela peut paraître un peu formel, mais c’est très utile, ça donne une impulsion à des dossiers qui trainent parfois depuis des mois », explique-t-on dans l’entourage de M. Ayrault. « Il y a eu un effort considérable pour structurer dans tous les domaines cette relation franco-algérienne ».

Le chef du gouvernement débutera son déplacement par une halte au Monument du Martyr, érigé en mémoire des combattants algériens tombés pour l’indépendance du pays. Mais le reste de la visite sera clairement axé sur les échanges économiques entre les deux pays.

Quatrième client de l’Algérie, essentiellement en hydrocarbures, la France reste son premier fournisseur (12,8% de part de marché en 2012). Mais « il y a un effritement constant depuis dix ans », admet Matignon, du fait de la « concurrence d’autres pays comme l’Espagne et la Chine ». Ce dernier pays pourrait même ravir dans les prochains mois à la France cette place de premier fournisseur.

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Au premier semestre 2013, l’excédent commercial français s’est ainsi élevé à 670 millions d’euros, contre 2,5 milliards d’euros en 2012. La part de marché cette année s’est « un peu tassé », à 11,7%, relève Matignon.

« Violations des libertés syndicales »

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M. Ayrault clôturera notamment lundi un Forum économique à Alger qui réunira 400 chefs d’entreprises des deux pays. Martin Bouygues, Pierre Mongin (RATP), ainsi que des dirigeants d?Alstom ou de Renault feront ainsi partie de la délégation, où figureront aussi plusieurs parlementaires comme Samia Ghali (PS) ou Jean-Christophe Lagarde (UDI).

Le Premier ministre visitera également une usine Renault, censée illustrer cette philosophie du « co-développement industriel » entre Paris et Alger, un partenariat présenté comme « gagnant-gagnant ». Il prendra aussi le tramway d’Oran, conçu par Alstom et la RATP et inauguré il y a quelques mois.

La venue de M. Ayrault doit par ailleurs faire avancer d’autres volets, selon Matignon, comme la « mobilité » d’un pays à l’autre. Des « efforts » ont par exemple été faits, souligne Matignon, dans la délivrance de visas. 250. 000 ont été accordés en 2013, contre 210. 000 l’an dernier, pour un « taux d’acceptation » d’environ 75%.

M. Ayrault devrait être reçu par le président Abdelaziz Bouteflika mais la rencontre reste à confirmer. Il est aussi attendu par des ONG qui lui demandent d’aborder la question des droits de l’Homme avec les autorités algériennes.

Elles fustigent « les violations récurrentes des libertés syndicales, de réunion et d’association en Algérie » qui « remettent en cause la possibilité même pour la population de jouir des bienfaits d’une coopération économique renforcée avec la France ».

Parmi les signataires figurent la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), le Comité international de soutien au syndicalisme autonome algérien (CISA) et le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA).

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