Guinée-Bissau : le parti au pouvoir soutient la reconduction du Premier ministre limogé
Le parti au pouvoir en Guinée-Bissau a soutenu vendredi la reconduction à son poste du Premier ministre Domingos Simoes Pereira, limogé la veille par le président José Mario Vaz, a-t-on appris auprès de responsables du parti.
Jeudi soir, le Premier ministre tout juste évincé avait annoncé qu’il contestait cette décision : « Je vais reconduire ma candidature parce que les statuts du parti sont clairs. C’est le président du parti (au pouvoir) qui occupe le poste de Premier ministre ».
MM. Vaz et Pereira sont tous deux membres du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), formation qui a dirigé la lutte pour l’indépendance obtenue en 1974 par cette ex-colonie portugaise. Domingos Simoes Pereira est le président de la formation.
Vendredi, plusieurs responsables et militants du PAIGC ont affirmé à l’AFP « exiger » du chef de l’État la reconduction de l’ex-Premier ministre pour respecter la Constitution.
A l’issue d’une nouvelle réunion entre les deux têtes de l’exécutif vendredi, le Premier ministre a réitéré sa position : « le président du parti (vainqueur des législatives) devient Premier ministre ».
La veille, le président de ce petit pays lusophone ouest-africain avait dissous le gouvernement de Domingos Simoes Pereira, arguant d’une « crise de confiance au sommet de l’État » nuisant au « bon fonctionnement des institutions ».
José Mario Vaz avait cité plusieurs dossiers litigieux avec son Premier ministre, dont « la nomination d’un nouveau chef d’état-major des armées », « le manque de transparence dans l’attribution des marchés publics, la corruption, le népotisme, des obstructions à la justice ».
La crise n’a pu être évitée en dépit des efforts de conciliation régionaux, notamment du président sénégalais Macky Sall et de son homologue guinéen Alpha Condé.
A la tête du PAIGC, Domingos Simoes Pereira avait remporté les législatives de 2014, avec 57 députés sur 102. Son gouvernement avait été formé en juillet, après la victoire de José Mario Vaz au second tour de la présidentielle en mai.
Si le blocage à la tête de l’exécutif devait se poursuivre, le chef de l’État pourrait dissoudre le Parlement et organiser de nouvelles législatives dans 90 jours, selon un juriste bissau-guinéen.
La Guinée-Bissau, pays de 1,6 million d’habitants, a connu plusieurs coups d’État – réussis ou avortés – depuis son indépendance en 1974.
L’instabilité politique et la pauvreté y ont facilité depuis des années l’implantation de trafiquants de drogue, avec la complicité présumée de hauts responsables de l’armée.
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