Attentat déjoué du Thalys : l’enquête se concentre sur Ayoub El Khazzani, son parcours, son entourage

Que prévoyait Ayoub El Khazzani avant d’être maîtrisé par des passagers du Thalys salués en héros? Avait-il des complices? Les enquêteurs antiterroristes tentaient dimanche de le faire parler et fouillaient le passé de ce jeune islamiste qui semble avoir beaucoup voyagé.

Grâce à l’intervention de deux militaires américains, un attentat a été déjoué dans un Thalys reliant Amsterdam à Paris. Les deux soldats sont blessés, l’agresseur interpellé. © AFP

Grâce à l’intervention de deux militaires américains, un attentat a été déjoué dans un Thalys reliant Amsterdam à Paris. Les deux soldats sont blessés, l’agresseur interpellé. © AFP

Publié le 23 août 2015 Lecture : 3 minutes.

Deux enquêtes sont menées : l’une par le parquet antiterroriste de Paris, dont la compétence est nationale, et l’autre par le parquet fédéral belge. La garde à vue d’Ayoub El Khazzani, dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, en banlieue parisienne, a été prolongée samedi et peut durer jusqu’à mardi soir.

Le Marocain, qui aura 26 ans le 3 septembre, a commencé par nier tout projet terroriste, expliquant avoir trouvé par hasard des armes dont il a décidé de se servir pour détrousser les voyageurs du Thalys. Depuis, il est peu disert.

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Mais son profil d’islamiste radical, repéré par les services de renseignements de plusieurs pays européens, oriente bien les enquêteurs vers la piste d’une attaque terroriste qui aurait pu conduire à un bain de sang, si trois jeunes Américains en vacances en Europe et un père de famille britannique n’étaient pas intervenus pour le désarmer.

Le jeune homme était en effet lourdement armé: un fusil d?assaut kalachnikov, 9 chargeurs garnis, un pistolet automatique Luger et un cutter.

Dans la bagarre, l’un des Américains, Spencer Stone, première classe dans l’armée de l’air américaine, grand gaillard de 23 ans au crâne rasé, a été blessé au cutter à la main, et un autre passager, un Franco-américain vivant à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), a reçu une balle.

Spencer Stone et ses amis Alek Skarlatos et Anthony Sadler (respectivement 22 et 23 ans) ont réussi à neutraliser le Marocain à peine plus âgé qu’eux, aidés d’un sexagénaire britannique, Chris Norman. Tous ont été salués en héros et seront reçus lundi à l’Elysée, ainsi qu’un passager français de 28 ans qui a le premier tenté de désarmer Ayoub El Khazzani et préfère rester anonyme.

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Discours légitimant le jihad

D’après les premiers éléments de l’enquête, Ayoub El Khazzani, dont l’identité a été confirmée grâce à ses empreintes digitales, « vivait en Belgique, est monté dans un train en Belgique avec des armes sans doute acquises en Belgique. Et il avait des papiers délivrés en Espagne », a résumé une source proche du dossier.

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El Khazzani a vécu sept ans en Espagne, de 2007 à mars 2014. Il y était arrivé à 18 ans, s’installant d’abord à Madrid puis à Algésiras, en Andalousie, où il s’est fait remarquer par des discours durs légitimant le jihad. Le jeune homme fluet et de taille moyenne y a vécu de petits emplois, et a été détenu une fois pour « trafic de drogues » selon une source des services antiterroristes espagnols.

Il avait été repéré par les services de renseignement espagnols qui l’avaient signalé à leurs confrères français. Son signalement a conduit la DGSI à émettre une fiche « S » à son sujet, ce qui a permis de localiser El Khazzani en Allemagne, le 10 mai, lorsqu’il prend un vol pour la Turquie.

Selon les renseignements espagnols, l’homme serait parti de France en Syrie, ce que l’intéressé a nié lors de sa garde à vue, et serait ensuite revenu dans l’Hexagone.

Huit mois après les attentats contre Charlie hebdo et un supermarché cacher à Paris, l’attaque déjouée vendredi a conduit la Belgique à renforcer les mesures de sécurité dans les trains et les gares. En France,la SNCF a instauré un numéro de signalement des « situations anormales », mais exclut de mettre en place des contrôles sur les quais comme dans les aéroports.

Le président de la SNCF Guillaume Pepy a par ailleurs annoncé qu’il recevrait l’acteur Jean-Hugues Anglade, qui se trouvait dans le train et accuse les agents de la rame d’avoir abandonné les passagers à leur sort.

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