L’apartheid: le régime ségrégationniste que Mandela a combattu

L’apartheid, dont Nelson Mandela a contribué à précipiter la chute, était une doctrine visant à imposer à tous les niveaux de la société une stricte ségrégation raciale, qui a durablement marqué l’Afrique du Sud.

L’apartheid: le régime ségrégationniste que Mandela a combattu © AFP

L’apartheid: le régime ségrégationniste que Mandela a combattu © AFP

Publié le 6 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

La politique d’apartheid –littéralement le fait de mettre les choses à part en afrikaans, terme généralement traduit par « développement séparé »– a été systématisée après la victoire du Parti national aux élections de 1948.

L’image qui restera est sans doute celle des panneaux réservant aux Blancs restaurants, guichets de poste, toilettes, bancs publics ou plages.

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Mais le pays s’était déjà employé à séparer les races depuis que les premiers colons hollandais ont planté une haie d’amandiers pour protéger l’établissement du Cap des indigènes au XVIIe siècle.

Les Hottentots ont été obligés de se munir d’un permis spécial pour se déplacer dès 1797, et une ville comme Johannesburg a relégué dès sa fondation en 1886 ses habitants de couleur dans des quartiers périphériques.

Gandhi, qui a passé plus de vingt ans en Afrique du Sud, en a fait l’expérience lorsqu’il a été expulsé d’un wagon de 1ère classe réservé aux Blancs à son arrivée en 1893.

Ignorant la majorité noire du pays, l’Afrique du Sud contemporaine est née « entre Blancs » en 1910, de l’union des maîtres du pays anglais et des Afrikaners (ou Boers), les descendants des colons hollandais.

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Des Noirs ont réagi en fondant le Congrès national africain (ANC), le parti dont Nelson Mandela prendra ultérieurement la tête. Mais ils n’ont pu éviter l’adoption de toute une série de lois renforçant la ségrégation dans les années 1910 et 1920: interdiction aux Noirs d’acheter la terre hors de réserves pauvres et étriquées, interdiction de pratiquer certaines professions qualifiées. . .

Le processus sera systématisé avec la victoire en 1948 du Parti national, un mouvement ouvertement raciste qui veut protéger les intérêts afrikaners face à un « péril noir » rapidement amalgamé au « péril rouge » (communiste) dans un contexte de guerre froide, ce qui lui vaudra la sympathie de l’Occident alors que le reste de l’Afrique prenait la voie d’une décolonisation souvent socialisante.

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L’arsenal mis en place par les nouveaux dirigeants du pays, influencés par l’idéologie nazie et convaincus d’être élus de Dieu, va rapidement affecter tous les Sud-Africains jusque dans leur chambre à coucher.

Un premier texte interdit les mariages interraciaux (1949), puis les relations sexuelles entre personnes de races différentes (1950).

Le système repose sur une loi dite d’enregistrement de la population (Population Registration Act, 1950), qui étiquette les habitants selon quatre couleurs de peau appelée « races » –Blancs, Indiens, métis et Noirs–, déterminant ainsi toute leur existence, de la maternité au cimetière.

Une loi sur l’habitat séparé (Group Areas Act, 1950) institutionnalise la ségrégation spatiale, chaque morceau de ville étant réservé à telle ou telle race.

Des quartiers entiers, comme Sophiatown à Johannesburg ou District Six au Cap, ont ainsi été rasés, tandis que les populations de couleur étaient reléguées le plus loin possible dans des « townships », cités dortoirs sans âme.

Quelque 3,5 millions de personnes ont été expulsées de force par l’apartheid, leur quartier ou leur ferme étant attribué aux Blancs.

Ces townships ne devaient offrir qu’un hébergement temporaires aux Noirs. Car non contents d’être citoyens de seconde zone, ceux-ci avaient vocation à devenir étrangers dans leur propre pays, pour prendre la nationalité d’un « homeland » –ou bantoustan–, territoire réservé à leur ethnie. Ces « Etats » au découpage territorial fantaisiste n’ont jamais été reconnus par la communauté internationale.

Les Noirs devaient en permanence porter sur eux un « pass » prouvant qu’ils avaient bien un emploi en zone blanche. Et ils n’avaient droit qu’à une « éducation bantoue » sommaire, jugée suffisante pour les emplois non qualifiés auxquels ils pouvaient prétendre.

Reste que les autorités blanches n’ont jamais réussi à concilier leur envie de se débarrasser des Noirs et leur dépendance envers la main d’oeuvre bon marché qu’ils représentaient.

Soulèvement des populations noires mené par l’ANC, pression de la communauté internationale –qui a peu à peu isolé l’Afrique du Sud– et difficultés économiques ont poussé Pretoria à abolir les lois racistes l’une après l’autre à partir des années 1980. L’apartheid a vraiment disparu avec les élections multiraciales de 1994, et l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela.

Mais les anciennes lignes de partage sont toujours bien visibles dans le quotidien des Sud-Africains, et la référence aux races reste constante.

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