L’Est du Soudan se bat contre la pauvreté, des années après la fin des combats

Plus de sept ans après un accord de paix avec la rébellion dans l’est du Soudan, la situation y reste précaire et la pauvreté généralisée, malgré les promesses d’aides de Khartoum et de l’étranger.

L’Est du Soudan se bat contre la pauvreté, des années après la fin des combats © AFP

L’Est du Soudan se bat contre la pauvreté, des années après la fin des combats © AFP

Publié le 15 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Selon des observateurs, la solution ne pourra cependant venir que d’un règlement à l’échelle nationale, car le sentiment de marginalisation face au pouvoir central de Khartoum dominé par les Arabes est le même que dans les autres régions soudanaises encore en proie aux violences.

Dans l’Est, c’est dans les années 1990 que les béjas, des éleveurs de chameaux musulmans mais pas arabes, ont pris les armes contre le régime, jusqu’à un accord de paix conclu en 2006.

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L’accord prévoyait une représentation des anciens rebelles au Parlement et 600 millions de dollars d’aide sur cinq ans pour cette région de 5 millions d’habitants où la pauvreté reste endémique malgré des ressources potentielles en or, en pétrole et en gaz.

D’après les derniers chiffres officiels, le taux de pauvreté dans cette région bordée par la Mer rouge est de 75%, et la zone reste sous-développée en matière de santé, d’éducation, d’agriculture ou d’accès à l’eau potable.

« Il y a encore beaucoup de problèmes pour la population Béja », explique Abdallah Ismaïl Osmane, un ancien rebelle qui pense que les combats « vont reprendre ». Sans combat, « on n’a pas de droits » et les Béjas n’ont pas de travail.

Pour lui, les problèmes auxquels sa région est confrontée sont les mêmes que ceux du Darfour, plongé depuis 10 ans dans les violences, et du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, deux régions frontalières du Soudan du Sud théâtres de combats entre armée et rebelles depuis la partition en 2011.

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« Les relations inégales entre le centre et les périphéries » sont la racine des conflits au Soudan, confirme le groupe de réflexion International Crisis Group.

L’accord de paix de 2006 entre le pouvoir et les rebelles de l’Est « est similaire aux autres accords et fait face aux mêmes défis », indique Moussa Mohammed Ahmed, un ancien rebelle aujourd’hui conseiller du président soudanais Omar el-Béchir.

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Pauvreté chronique

Même si l’accord de 2006 a mis fin aux combats, de nombreux points n’ont pas été appliqués, explique à l’AFP M. Ahmed, 43 ans, qui dirige le Congrès Béja, un ancien groupe rebelle, dans la ville de Kassala.

Il prévoyait ainsi la participation d’anciens rebelles à la présidence, au gouvernement et au Parlement, ainsi que dans les instances locales de l’Est. Mais M. Ahmed estime que les quotas au Parlement n’ont pas été respectés.

Les anciens rebelles devaient aussi pouvoir êtreintégrés aux forces de sécurité soudanaises, ou recevoir une aide pour retourner à la vie civile.

Beaucoup l’ont été, mais un responsable local a récemment déclaré à des ambassadeurs européens que 1. 500 anciens combattants devaient encore être intégrés.

Face à la pauvreté endémique, la plupart des recettes de l’Etat de la Mer Rouge, l’un des trois Etats de la région, provient de ses ports.

Le gouverneur de l’Etat de la Mer Rouge, Mohammed Tahir Aila, a ainsi récemment présenté à des ambassadeurs européens une vidéo faisant la promotion des efforts pour moderniser la ville portuaire de Port-Soudan et son potentiel touristique.

Mais la richesse générée par les activités du port est inégalement distribuée et « une pauvreté chronique affecte la majorité de la population », selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Soudan, d’autant que les mines posées pendant le conflit rendent inutilisables de nombreux terrains fertiles.

L’accord de 2006 a reconnu que la « marginalisation politique, sociale et économique » constituait le principal problème de la région, et a mis en place un fonds pour la reconstruction et le développement.

Sur les 600 millions de dollars d’aide que Khartoum devait fournir pour y remédier selon l’accord de paix, seulement 100 millions ont été versés, selon M. Ahmed.

Et le gouvernement soudanais n’est pas le seul à oublier ses promesses: d’autres donateurs et investisseurs ont promis 3,55 milliards mais, là encore, un peu plus de 500 millions ont été reçus, selon des chiffres fournis par les autorités locales.

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